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Immobilier : Luxembourg préempte à tout va


La ville gagne sans cesse de nouveaux habitants, plus de 3 000 l'an dernier. Les élus cherchent des solutions pour le logement (Photo d'illustration : Didier Sylvestre).

L’échevin Serge Wilmes en charge du plan logement défend le droit de préemption pour constituer une réserve foncière. En deux ans, 80 millions d’euros ont été utilisés à travers ce mécanisme.

La première priorité du collège échevinal, c’est le logement.» Serge Wilmes (CSV), qui en a la charge à Luxembourg, n’a de cesse de le répéter. Il ne veut plus entendre les partis s’affronter sur le sujet qui doit rester la priorité de l’ensemble des politiques et à tous les niveaux de décision.

La Ville de Luxembourg, dans le cadre de son plan logement, a procédé à un relevé des terrains non lotis dont elle dispose et qui ne font pas encore partie d’un PAP (projet d’aménagement particulier). C’est-à-dire tout ce qui n’entre pas dans ses grands projets comme le site de Villeroy&Boch, le centre de Merl ou encore la rue Jos-Hansen au Limpertsberg. Et qui ne sera pas compris dans les très grands projets comme la route d’Arlon ou la porte de Hollerich.

Serge Wilmes pilote les opérations à la Ville (Photo : Editpress).

Serge Wilmes pilote les opérations à la Ville (Photo : Editpress).

«Nous avons encore un potentiel de 600 logements pour 400 nouvelles unités hors PAP et grands projets. On y retrouve quelques « Baulücke » pour 200 unités et nous avons pu en rajouter 400 à l’horizon 2025 ou 2026», compte l’échevin.
Les services de la Ville de Luxembourg sont débordés et recrutent actuellement quatre architectes supplémentaires tout en revoyant leurs procédures en interne pour simplifier les recrutements. «Mais tout ne dépend pas de la Ville et nous sommes confrontés à des délais très longs», poursuit Serge Wilmes. Trop longs à son goût. Le PAP du Vieux Merl a été voté en 2014 pour la réalisation de 188 logements mais la procédure a duré cinq ans. Le projet d’exécution était ficelé mais les autorisations étatiques des différents ministères se sont fait attendre.
Presque tous ces logements sont accessibles à des prix abordables. Il s’agit de logements sociaux, à coût modéré et même de maisons unifamiliales. Ce qui fait cruellement défaut quand on sait que le Fonds du Logement compte quelque 3 000 candidats en attente sur sa liste.

Il faut reconnaître aussi que la Ville de Luxembourg n’est pas non plus réputée pour sa rapidité d’exécution. Elle ne peut pas rivaliser avec les promoteurs privés sur ce terrain, question de ressources. «Nos architectes ne font pas uniquement les logements mais toutes les infrastructures, les écoles, les terrains de sport, les crèches, le Centre d’incendie et de secours, les centres culturels…», précise Serge Wilmes. Les logements ne sont qu’une partie de tout ce que la Ville construit.

Réserve foncière

La Ville de Luxembourg se constitue une réserve foncière pour les années à venir en usant de son droit de préemption. L’année dernière, le collège échevinal a eu une entrevue avec la ministre Sam Tanson, encore aux commandes du ministère du Logement, pour lui livrer son expérience en matière de droit de préemption. «De plus en plus, les propriétaires essaient de contourner le droit de préemption», regrette cependant l’échevin.

Comment ? En introduisant des clauses dans les compromis de vente, comme par exemple la garantie d’obtenir un appartement ou deux dans le futur immeuble ou encore en usant du mécanisme de l’indivision. «Cela devient de plus en plus difficile d’exercer un droit de préemption», reconnaît Serge Wilmes qui s’enorgueillit toutefois de l’usage répété de ce droit par l’actuelle majorité communale. «En 2018, nous avons exercé ce droit de préemption pour une valeur de 30 millions d’euros de terrains acquis et l’année précédente 50 millions, donc déjà 80 millions de terrains dans le périmètre constructible», annonce-t-il.

Rappelons que dans la capitale, onze familles et autant de sociétés cumulent 63 % du foncier pour une valeur estimée à près de 4 milliards.
La Ville ne lâche pas le droit de préemption et son entrevue avec le gouvernement était destinée à corriger la législation afin d’empêcher des juristes zélés de la contourner.

Geneviève Montaigu

Hollerich, futur écoquartier

Le projet est déjà bien avancé. Le collège échevinal, les services de la ville et tous les propriétaires concernés se sont déplacés à Vienne et à Amsterdam pour y observer des concepts similaires. La prochaine visite se fera à Lyon qui mène un projet de rénovation urbaine dans le quartier post-industriel de la Confluence.
«Nous procéderons par étapes à Hollerich car des terrains sont disponibles de suite.» Il faut encore déménager le service des autobus de la rue de Bouillon vers Kockelscheuer où un projet est en train d’être ficelé. Cela prendra encore des années. «On espère démarrer un premier PAP en 2021 ou 2022. D’ici dix ans, cet écoquartier sera réalisé pour 6 000 personnes et dédié à l’écologie, à un mode de vie durable», souligne Serge Wilmes. Rien à voir avec la Cloche d’or, qui appartient à un urbanisme révolu.