Ils ont envahi la Moselle : qui pourra stopper les gobies ?

Le député Gusty Grass tire la sonnette d’alarme : le gobie à taches noires a envahi la Moselle.

Jusqu’où iront-ils? Depuis plusieurs années déjà, de nouveaux poissons ont pris leurs aises dans la Moselle. Il s’agit des gobies à taches noires. Ces petits animaux sont originaires de la mer Caspienne et de la mer Noire. Les gobies à taches noires aiment les eaux saumâtres et leur expansion s’est poursuivie vers l’ouest et le centre de l’Europe. Des spécimens ont même été retrouvés en Amérique du Nord, dans les Grands Lacs.

Le député Gusty Graas (DP) s’inquiète de leur prolifération et a interpellé la ministre de l’Environnement à ce propos. L’élu a peur de voir cette espèce causer des dégâts à la diversité de la faune et de la flore de la rivière. Il craint également de voir ces poissons progresser dans les autres cours d’eau luxembourgeois. Gusty Graas souhaite ainsi savoir si l’État a des plans pour endiguer cette invasion.

Dans sa réponse, la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg souligne que le problème est connu depuis longtemps : «En remontant les affluents, le gobie à taches noires a atteint en 2004 le système rhénan probablement transporté dans l’eau de ballast ou attaché aux navires. En 2008, il a été détecté pour la première fois dans le Bas-Rhin (Alsace, France).» Elle ajoute : «La population est établie en Allemagne et dans la Moselle et est jugée en expansion, mais elle ne peuple pour le moment que les voies navigables.»

Alors que Gusty Graas demande dans sa question si le petit poisson ne devrait pas être classé comme nuisible, la ministre précise que le gobie à taches noires est déjà considéré comme «espèce exotique envahissante» par l’Union européenne. Elle n’évoque pas un changement de législation. Ce gobie se nourrit surtout de petites moules, crustacés et vers, mais aussi de petits poissons et de larves de vers de vase.

Le gobie va s’accrocher

Carole Dieschbourg se veut tout de même rassurante, le poisson n’évolue pour l’instant que dans la Moselle. Il ne devrait pas migrer dans les autres rivières luxembourgeoises, car cette espèce de poisson vit dans des eaux de surface à berges stabilisées par des enrochements artificiels.

Les autorités demandent néanmoins aux pêcheurs de ne pas faciliter l’expansion des espèces invasives, dont le gobie à taches noires, en les introduisant dans une autre eau de surface, et de ne pas utiliser ces espèces comme vifs. Sinon, gare à la sanction!

En répondant au député Gusty Graas, la ministre ajoute également qu’il sera difficile de se débarrasser de ce petit intrus : «De par son mode de vie en cachette, il n’existe à ce jour pas de méthode efficace et écologiquement durable qui permettrait d’enrayer l’expansion du gobie à taches noires. L’administration de la Gestion de l’eau suit, en raison de sa surveillance dans le cadre de la directive cadre sur l’eau, les populations piscicoles (…) Selon une recommandation internationale, la stabilisation des populations piscicoles autochtones est le moyen actuellement le plus adapté pour enrayer l’expansion du gobie à taches noires. Une telle stabilisation est en cours de réalisation par la mise en œuvre du plan de gestion luxembourgeois des districts hydrographiques du Rhin et de la Meuse et du programme de mesure dans le cadre de la directive cadre sur l’eau établi par l’administration de la Gestion de l’eau en 2015 et révisés tous les six ans.»

Le Quotidien