Une Initiative citoyenne européenne a été lancée afin d’empêcher le «Big Pharma» de tirer d’immenses profits de la pandémie. Elle doit recueillir un million de signatures.
C’est au niveau très symbolique du poste-frontière entre la France et le Luxembourg, à Audun-le-Tiche, que se sont rassemblés jeudi des représentants de déi Lénk et du Parti communiste français (PCF), pour appeler les citoyens européens à se mobiliser en signant une pétition électronique afin que les vaccins et les traitements antipandémiques deviennent un bien public mondial et soient ainsi librement accessibles pour tous.
Le Parti de la gauche européenne et ses différentes composantes (dont le PCF et déi Lénk), des organisations syndicales ainsi que des ONG de toute l’Europe ont en effet collaboré pour lancer en novembre dernier une Initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée «Pas de profit sur la pandémie».
Une démarche légale qui, si elle recueille un million de signatures émanant d’au moins sept pays européens d’ici novembre 2021, soit un an après son lancement, permettra que la question de la levée des brevets de ces traitements soit débattue au Parlement européen.
« Transparence totale » exigée sur les contrats
Grâce à une telle loi, les militants espèrent non seulement éradiquer la pandémie en permettant que les vaccins soient disponibles pour tous gratuitement, mais aussi empêcher les multinationales pharmaceutiques de tirer des profits colossaux «sur le dos de la sécurité sociale».
«C’est la solidarité qui doit primer, pas les profits privés! Nous avons tous droit à la santé. En cas de pandémie, la recherche et les technologies doivent pouvoir être partagées largement, rapidement, à travers le monde. Aucune entreprise privée ne devrait pouvoir décider seule qui a accès aux traitements ou aux vaccins et à quel prix», dénoncent-ils.
«Nous exigeons la transparence totale de la nature des contrats passés entre l’UE et toutes les industries pharmaceutiques qui produisent le vaccin», demande par ailleurs Jacques Maréchal, secrétaire départemental du PCF et membre du Conseil national, soulignant la défiance actuelle de la population vis-à-vis des gouvernements et des institutions qui se voit renforcée par cette insuffisance de transparence.
«Les multinationales pharmaceutiques ne doivent pas se remplir les poches sur une urgence sanitaire. Ces entreprises annoncent des taux de profitabilité entre 20 et 25 %! Le prix du vaccin doit d’ailleurs lui aussi être transparent», ajoute-t-il. Les spécialistes du secteur estiment en effet à plusieurs dizaines de milliards d’euros les montants investis à l’échelle mondiale dans le développement d’un vaccin contre le Covid-19.
«Argent public, contrôle public»
Une rétention d’autant plus grave que la recherche et le développement de vaccins et de traitements sont en fait largement financés par des fonds publics, donc l’argent du contribuable, comme l’a rappelé David Wagner, député déi Lénk : «Malheureusement, le débat public autour de la crise sanitaire ne se concentre pas sur la logique marchande qui continue de dominer. Or les différents gouvernements n’arrivent pas à endiguer cette pandémie, car les considérations économiques prennent le pas sur le bien-être des gens. On entend dire que les entreprises ont investi, mais ce sont en réalité les fonds publics (via la formation des chercheurs et les recherches publiques) qui ont financé en amont toutes ces recherches et qui ont permis aux laboratoires de développer leur vaccin. Ce qui a été payé par les citoyens doit appartenir aux citoyens. Il faut que cela revienne à la collectivité.»
En outre, selon Oxfam, «dans les pays pauvres, 9 personnes sur 10 n’auront pas accès au vaccin en 2021 pendant que les pays riches ont accaparé suffisamment de doses pour vacciner l’ensemble de leur population près de trois fois».
Ce ne serait pourtant pas une première qu’un traitement devienne public, comme le rappelle d’ailleurs le PCF sur son site : «Le vaccin contre la polio est entré sur le marché international libre de brevet et la maladie a été éradiquée dans de nombreuses régions du monde.»
Tatiana Salvan
La pétition est à retrouver sur noprofitonpandemic.eu/fr/