Ce premier week-end de portes ouvertes a vu des milliers de personnes affluer pour toucher enfin les rames tant attendues. Le trajet de sept minutes a plu et les retours sont très positifs.
Luxtram avait bien fait les choses et ces portes ouvertes ont en réalité offert une grande fête populaire et familiale autour du tram. En joignant l’utile à l’agréable, les organisateurs ont atteint leur objectif : faire aimer le tram.
Pour voir le tram, il fallait choisir le multimodal, c’était un très bon exercice pour changer les habitudes des usagers de la route. Hier, le site du Neien Tramsschapp, le nouveau centre de remisage et de maintenance du tram, ne se laissait approcher qu’en bus ou à vélo. Le public affluait par navettes tous les quarts d’heure et les barrières Vauban, qui jalonnaient l’allée principale du site, servaient à cadenasser les vélos.
Après cette mise en condition seulement, le public a pu découvrir le cœur d’exploitation du futur tram, ses ateliers, sa station de lavage, sa remise gigantesque, sa salle des commandes et même la salle du conseil d’administration au dernier étage du siège. Et le tout dans une ambiance de fête populaire qui a attiré de nombreuses familles.
«À 11 h ce matin, une heure après l’ouverture des portes, nous enregistrions déjà 2 000 visiteurs, hier nous en avons eu près de 7 000 et nous pensons atteindre les 12 000 ou 13 000 visiteurs sur l’ensemble du week-end», estimait la directrice de la communication de Luxtram, Françoise Frieden, en finissant d’avaler son déjeuner pris sur le tard. Tous les personnels se sont démenés pour satisfaire le public et répondre aux nombreuses questions et sollicitations. Et des curieux, il y en avait hier sur le site du Kirchberg, de tous les âges!
Les plus petits font la queue pour pouvoir actionner l’avertisseur sonore de la rame dans la cabine de pilotage, qui ne désemplit pas. Pendant ce temps-là, les parents partent s’enquérir auprès des différents stands sur l’avenir multimodal que leur promet dorénavant l’arrivée du tram dans la capitale.
Dans la salle des commandes, le mur d’écrans offre un aperçu du tracé et les images des caméras dispersées sur le site. «Tu vois, les ordinateurs vont dire au tram où il doit aller», explique tant bien que mal un père à sa fillette. «Ah, ils n’ont pas de chauffeurs alors, dis papa?», en déduit-elle. Si, elle les rencontrera plus tard, lors du petit tour dans la rame.
Le clou de l’évènement, c’est le petit circuit de sept minutes à très petite allure autour du site. Le quai provisoire qui, la veille, avait provoqué un premier accrochage sans gravité, a été foulé par des milliers de personnes.
Les premiers usagers scrutent les détails. C’est «spacieux», «coloré», «silencieux», «moderne», tantôt «confortable» ou au contraire «un peu dur», pour reprendre les qualificatifs entendus pendant le court trajet. À l’arrivée, tout le monde descend ravi d’avoir enfin pu faire la connaissance de ce nouveau moyen de transport, qui semble faire l’unanimité parmi les visiteurs.
C’est nouveau, c’est multimodal
Le ministre du Développement durable faisait partie de la foule. François Bausch (déi gréng) était tout sourire à son poste d’observation, non loin de la scène où la Tramsmusek livrait son concert. «L’intérêt est bien présent et les retours sont très positifs», se réjouit-il en remerciant le ciel d’avoir été aussi clément. «Les gens sont impressionnés et étonnés par la modernité des installations et ils découvrent toutes les connexions possibles à partir du tracé du tram avec les pôles d’échanges, les nouvelles gares. Les gens comprennent mieux son rôle», déclare le ministre, persuadé du succès de ces deux journées.
Tous les partenaires de la mobilité sont là, les CFL, les autobus de la Ville, avec tout ce qu’ils proposent en solutions alternatives, comme les nouveaux services de covoiturage. «Cela donne une vision globale de l’organisation des transports dans la capitale», explique Françoise Frieden.
Le but est atteint. Le public repart, sinon conquis, au moins mieux informé et tenté par le multimodal et la mobilité douce qu’offrent les nouvelles pistes cyclables. «Le tram n’est plus un sujet de discussion, contrairement à la dernière campagne pour les élections communales», confirme François Benoy, conseiller écolo de la Ville de Luxembourg, croisé sur le site. «Nous savions, en tant que verts, que les gens soutenaient le projet et cela se remarque ici aujourd’hui», déclare-t-il.
Il sort son portable et montre les photos qu’il a prises sur le tracé, près de la Coque. «C’est superbe avec l’herbe qui a déjà poussé», s’émeut-il face au parcours gazonné du tram. Comme les autres, il attend de voyager à bord de la rame dès le 10 décembre, lui qui a suivi le projet «depuis tout jeune».
Geneviève Montaigu