La Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ (LVI) a organisé son traditionnel trajet Mersch-Luxembourg pour sensibiliser à l’utilisation du vélo sur le trajet vers le travail. Il reste des efforts à faire !
Plus de 20 km dans les mollets dès le matin… Quel est l’objectif de cette manifestation ?
Monique Goldschmit, présidente de LVI : Montrer que l’on peut se rendre à vélo au boulot, même sur des trajets conséquents. Cela fait maintenant cinq ans que nous faisons Mersch-Luxembourg aux horaires de travail une fois dans l’année, en invitant les médias. Nous choisissons à chaque fois le même trajet, pour constater les évolutions. Qu’elles soient positives ou négatives !
Alors, quelles difficultés sur le trajet Mersch-Luxembourg à vélo ?
Le gros point positif, c’est que nous circulons en site propre. En clair, nous avons une piste cyclable dédiée, et non pas un système de voies tracées sur la route. Ceci dit, le trajet reste compliqué : dès que l’on passe Walferdange, la piste s’arrête et il faut faire très attention. Par ailleurs, en début de piste, à la sortie de la gare de Mersch, la liaison vers la voie dédiée comporte deux croisements de routes nationales. Cela concerne une ou deux minutes de trajet, mais c’est déjà trop : si on veut que les gens utilisent vraiment le vélo, il faut que tout soit simple.
Quand on veut se rendre dans la capitale à vélo, quelles sont les difficultés ?
À part quand on vient de Senningerberg, donc par l’est du pays, tout est compliqué ! De Bettembourg, ça ne va pas, de l’ouest non plus…
Quel reproche principal adressez-vous aux infrastructures existantes ?
Quand je dis « ça ne va pas », je dois nuancer. Pour des familles le week-end ou pour la randonnée, le Luxembourg est une superbe terre de vélo. Mais les pistes qui serpentent en forêt pour la beauté du paysage ne sont pas adaptées aux cyclistes qui veulent aller vite au travail. Sur le trajet Mersch-Luxembourg par exemple, nous perdons plusieurs kilomètres inutiles. Idem pour les cyclistes qui veulent aller travailler d’une ville à l’autre dans le sud du pays. Ils commencent par faire du tourisme le matin… ce n’est pas le but du jeu. Quand on vient de Senningerberg en revanche, on arrive directement au Kirchberg, qui est très bien aménagé pour le vélo. C’est ça l’avenir.
On en revient à l’idée d’efficacité. Faut-il sortir du cliché « vélo = écolo » pour « vélo = vie pratique » ?
Oui. Après, chacun a les motivations qu’il veut. Mais dans les pays où le vélo fonctionne bien, comme le Danemark, les gens répondent : « Le vélo est pratique pour moi. » Le Luxembourg est saturé par l’automobile. Si on veut atteindre les 25% de mobilité douce, on ne pourra pas compter uniquement sur les bus, le train ou le tram.
D’un point de vue politique tout de même, l’arrivée des verts au gouvernement a-t-elle amené du changement ?
Objectivement, oui. Le ministère chargé des Transports est désormais doté d’une équipe « mobilité douce » qui ne se consacre qu’à cela. Les Ponts et Chaussées ont aussi une équipe dédiée aux constructions de pistes cyclables. Globalement, il y a une vraie vision politique… On ne construit plus une piste pour faire beau, on a arrêté les réunions où on ressortait sans réponse. Après, il reste des efforts à faire. La loi sur la refonte du réseau national des pistes cyclables, qui met en avant les trajets vers le travail, est encore fraîche. Elle date de 2015. Il est temps de créer des pistes en voie propre le long des routes nationales, de façon systématique.
Nous parlons beaucoup du rôle des politiciens, qu’en est-il de celui de l’entreprise ?
Il y a une chaîne de responsabilités dans le vélo comme moyen de transport. Les entreprises doivent multiplier les efforts envers les employés cyclistes : box de vélo, douches, etc. Par ailleurs, il faut que le vélo devienne attractif d’un point de vue financier. En Belgique, les employés qui utilisent le vélo pour se rendre au travail bénéficient d’un abattement fiscal. La future loi fiscale luxembourgeoise devrait aller dans ce sens avec le leasing de vélo pour les entreprises et des aides à l’achat pour les vélos électriques. À voir !
Entretien avec Hubert Gamelon