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Hollerich : vers une renaissance verte


Après le Kirchberg et Gasperich, ce sera au tour du quartier de Hollerich de radicalement changer dans les prochaines années. Un écoquartier fort d'une renaturation de la Pétrusse y verra le jour. (Photo LQ/Jeremy Zabatta)

Après le développement du plateau du Kirchberg et celui du Ban de Gasperich, le projet de la « Porte de Hollerich » va se concrétiser dans un avenir proche. Il devrait radicalement changer l’entrée sud-ouest de la ville de Luxembourg.

Avant de parler d’avenir, prenons le temps de revenir sur le village de Hollerich qui en 1920 a rejoint la Ville de Luxembourg.

Très vite, la zone s’est industrialisée. Il faut dire que le secteur, que l’on peut facilement étendre jusqu’à la gare de Luxembourg, créé en 1858, accueillait déjà quelques usines, dont la manufacture de tabac luxembourgeoise de Joseph Heintz van Landewyck qui à la fin du XIXe siècle avait réuni ses différents sites de production disséminés dans la capitale dans la rue de Hollerich, devenant le voisin d’un autre industriel local, un certain Paul Wurth. Deux sites qui vont dans un avenir proche plier bagage et laisser un espace considérable.

Hollerich actuellement (Photo Google Maps)

Un peu plus au cœur de l’ancien village et son église, dont l’aiguille de l’horloge est d’ailleurs en panne depuis un certain temps, le secteur est encore aujourd’hui une vaste zone d’activité en fin de vie. Le mythique gazomètre de la rue de Bouillon, construit en 1967, a été démantelé en 2016. Le dépôt de bus de la Ville de Luxembourg devrait également disparaître à terme, tout comme les bureaux de Creos, puisque le gestionnaire du réseau électrique est en train de construire son nouveau siège à Merl.

Subsistent les garages Pirsch et Mercedes ainsi que le centre Goedert en plus de quelques entreprises. Hollerich est également devenu le point de chute d’un grand nombre d’employés déposant leur voiture au P+R Bouillon pour la journée.

Finalement, le quartier de Hollerich a surtout connu un développement industriel et entrepreneurial, au détriment du résidentiel.

D’ailleurs, depuis 2012, Hollerich n’est que le 11e quartier le plus dynamique en termes de démographie. Il n’a gagné que 743 habitants (la moyenne est de 832 habitants par quartier) alors qu’il est le 6e quartier, sur les 24 que compte la Ville, le plus dense avec 7 107 habitants, soit 5,99 % de la population de la ville de Luxembourg. Une situation qui devrait radicalement changer avec le projet « Porte de Hollerich » qui commence doucement à se mettre en œuvre et qui, à la différence d’un Belval minéral, va mettre en avant une nature trop longtemps cachée par le bitume.

Un quartier pour 6 000 habitants

« Avec la Porte de Hollerich, l’idée est de reconstruire la ville sur la ville et non pas sur la nature, comme ce fut le cas au Kirchberg et à Gasperich. En plus de cela, le projet va pouvoir reconnecter Hollerich avec Belair, Merl, Cessange, la vallée de la Pétrusse et donc la ville haute », explique Laurent Langer, directeur adjoint du service architecte de la Ville de Luxembourg. Nathanaël Dimitriadis, du service urbanisme de la Ville de Luxembourg, complète en soulignant qu’il « s’agit d’une reconversion urbaine sur une zone de 35 hectares en ce qui concerne la Porte de Hollerich. Une reconversion où l’habitant est au cœur du projet ».

Hollerich après.

Un projet ambitieux sur lequel les autorités réfléchissent depuis 2003. « Il faut dire que c’est tout de même une zone complexe, contrairement à Belval ou au Ban de Gasperich. Il y a un gros travail de renaturation où nous souhaitons remettre au grand air des cours d’eau actuellement en canalisation et rejoindre les espaces verts de la vallée de la Pétrusse. Entre 2003 et maintenant, un écoquartier entièrement zéro émission s’est rajouté, le projet de faire une grande gare entre Hollerich et Cessange a été abandonné et le tram a fait son apparition dans le projet », explique Laurent Langer. « Actuellement, le plan d’aménagement général (PAG) a été approuvé en octobre 2017 et nous sommes en train de préparer le plan d’aménagement particulier (PAP) afin de pouvoir commencer cette année les différentes études en lien avec le PAP », précise encore le directeur adjoint du service architecte de la Ville de Luxembourg.

Autre difficulté, c’est que contrairement aux friches industrielles, il y a encore de l’activité à Hollerich et la Ville ne peut évidemment pas obliger les entreprises à partir. « La Ville de Luxembourg et l’État sont propriétaires de 60 à 70 % des terrains sur le projet. Il y a des discussions avec les différents propriétaires, en très grande majorité des entreprises qui sont conscientes du changement qui va s’opérer. Mais là encore, c’est une difficulté en plus, de réfléchir à construire une nouvelle ville sur la ville où il y a encore de l’activité », affirme Nathanaël Dimitriadis.

Concernant les points positifs, en plus de doter la capitale d’un nouveau quartier avec un peu plus de nature, le chantier de ce projet devrait avoir très peu d’impact sur les habitants dans la mesure où la zone est principalement occupée par des entreprises. Autre petit atout, le cimetière de Hollerich va avoir une deuxième entrée.

La Pétrusse remise au cœur de ville

Sur les plans figurant au bas des deux pages de ce dossier, qui montrent le Hollerich actuel et le Hollerich futur, on peut remarquer que la Pétrusse, aujourd’hui recouverte par le bitume, va être complètement réhabilitée et renaturée. Réellement remis en valeur, le cours d’eau et sa future promenade vont rejoindre la Ville-Haute par la vallée de la Pétrusse qui elle aussi devrait connaître dans un avenir proche une ambitieuse renaturation mettant en valeur un espace vert traversant la capitale.

Sortant de son lit de béton, la Pétrusse va devenir un axe central de Hollerich, propice aux balades, à pied ou à vélo, rejoignant même le cœur de l’hypercentre par un futur ascenseur au niveau de la Gëlle Fra. À terme, le projet complètera donc la vallée et donnera à Luxembourg un visage beaucoup plus vert et presque bucolique.

De plus, malgré cette renaissance, la Pétrusse n’empêchera pas à la Porte de Hollerich de reconnecter le quartier à Cessange, Merl ou encore Belair.

Un début des travaux dans cinq ans ?

Concernant la date de livraison du projet, Laurent Langer reste prudent : « C’est très difficile à dire. Je pense que les premiers travaux devraient commencer d’ici cinq ans et on peut imaginer qu’en 2030 la Porte de Hollerich commencera à accueillir ses habitants. » « La date peut paraître lointaine, d’autant plus que les réflexions sur le projet ont démarré au début des années 2000. Mais les gens ne réalisent pas toujours l’importance du travail en amont, de toute la planification nécessaire pour mener à bien un tel projet pour qu’il puisse se construire facilement et surtout arriver au résultat voulu », précise Nathanaël Dimitriadis pour expliquer que le temps peut paraître long pour la population.

Au final, dans une décennie, la porte d’entrée de la capitale, qui fait tout de même 1,5 km, va devenir un quartier alliant mobilité et écologie afin d’accueillir 3 000 à 4 000 logements, donc environ 6 000 habitants dans une zone mixte alliant logements, bureaux et commerces, tout en redonnant des espaces verts à la capitale et ses habitants.

Jeremy Zabatta