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Hesperange : tunnel ou pas ? Le bourgmestre veut savoir fin 2020


Comme ici à Belval (liaison Micheville), un tunnel est envisagé pour fluidifier le trafic autour de Hesperange. Un chantier titanesque s'annonce. Le bourgmestre Marc Lies (médaillon) n'est pas fermé à cette option, mais il insiste pour que le gouvernement tranche au plus tard fin 2020 (Photo : Isabella Finzi)

Un tunnel pour délester la vallée de l’Alzette reste l’option privilégiée par le ministre de la Mobilité. Un contournement classique n’est cependant pas écarté. Le bourgmestre veut enfin être fixé.

Les habitants de Hesperange sont à bout de patience. Ils sont étouffés par un trafic qui ne cesse de s’accroître. Depuis la rentrée de septembre, la situation a encore empiré. «En tant que commune, on est limité dans notre rayon d’action. Les principaux axes sont de la responsabilité des Ponts et Chaussées. Les mesures ponctuelles qu’on peut prendre ne vont pas permettre de résoudre le problème», souligne le bourgmestre Marc Lies, contacté hier.
La solution au «problème» doit être un contournement, qui est déjà envisagé depuis plus de 15 ans. Le chantier n’est cependant pas près d’être lancé. Pour le bourgmestre CSV, la présence de déi gréng au gouvernement ne facilite en rien les choses. «Pour moi, la variante devant passer par la zone naturelle est d’office hypothéquée. La volonté publique pour réaliser ce projet sensible doit être présente. Or ici, on est confronté à un blocage intentionnel et délibéré», fustigeait Marc Lies en marge d’un entretien qu’il nous avait accordé le 4 décembre.
Pourtant, un contournement classique reste officiellement sur la table. C’est du moins ce que les responsables de la commune se sont vu confirmer hier lors d’une entrevue avec le ministre de la Mobilité et des Transports publics, François Bausch.
Déjà reportée en 2017, 2018 et donc aussi en 2019, la consultation publique sur le contournement «doit être lancée au premier semestre 2020». «Les Ponts et Chaussées doivent finaliser le dossier en janvier. Il faudra alors attendre l’avis des ministères de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire. On peut compter de quatre à six semaines. Les conclusions de la consultation publique devraient donc pouvoir être tirées avant les vacances d’été 2020», indique Marc Lies. Cette consultation est nécessaire pour pouvoir construire dans la zone protégée (lire ci-contre).

Un tunnel de 1,2 km d’Alzingen à Howald

L’option du contournement classique ne ferait toutefois plus partie des priorités de l’État. «Si je dois interpréter les propos du ministre, il reste en faveur de la construction d’un tunnel», admet le député-maire. Cela ne constitue pas une surprise en soi, car François Bausch s’était dit dès le mois d’octobre «largement favorable à une variante comprenant un tunnel». Le ministre avait évoqué en réponse à une question parlementaire un «gain de temps» et une «réduction de l’impact sur l’environnement».
Marc Lies ne se ferme pas à cette option, mais tient à souligner qu’il s’agit d’une «entreprise très sportive». Autrement dit, «la réalisation de cet ouvrage constituera un énorme défi pour les ingénieurs». Selon les informations préliminaires obtenues hier, le tunnel doit passer 8 mètres sous l’Alzette. L’entrée serait située sur la gauche à l’entrée d’Alzingen. «La pente descendante sera amorcée à ce niveau. La longueur du tunnel est estimée à 1,2 km et il devrait ressortir à Howald», note le bourgmestre. Le tracé exact reste cependant encore à définir. Un bureau d’études spécialisé de Stuttgart travaillerait actuellement sur la faisabilité du projet. Les conclusions sont attendues pour l’automne 2020. Le coût du projet n’est pas encore avancé.
Quoi qu’il en soit, la priorité pour la commune est «d’enfin passer aux actes». «Un engagement au niveau des dates a été pris par François Bausch. On ne le lâchera pas d’une semelle», martèle Marc Lies. Un prochain rendez-vous entre la commune et le ministre est fixé au mois de février.
Le bourgmestre dispose aussi de son calendrier. «D’ici un an, le Conseil de gouvernement doit avoir tranché. Si le tout est encore reporté, il faudra se poser d’autres questions», insiste l’élu CSV, qui place les ministres déi gréng devant leurs responsabilités : «Je suppose que le ministre s’est exprimé au nom du gouvernement, donc y compris de ses collègues écolos en charge de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire.» La balle est clairement dans le camp du gouvernement.

David Marques

Deux variantes initiales

interview portrait Marc Lies

Avant que n’apparaisse l’option de construire un tunnel pour délester la vallée de l’Alzette, les Ponts et Chaussées ont essentiellement travaillé sur deux variantes. Toutes deux passent à travers une zone de protection de la nature (Natura 2000), ce qui rend compliquées la planification et la réalisation du projet routier. La construction du contournement nécessite en effet le feu vert de la Commission européenne. L’intérêt public du projet doit être démontré.
L’idée est de contourner Hesperange et Alzingen et de se diriger vers le Ban de Gasperich pour retrouver la N3 à hauteur de Howald. Une variante Nord et une variante Sud ont été étudiées (voir carte). Une variante 0 (ne rien faire) a quant à elle été exclue.

Les quartiers résidentiels pris d’assaut

Ce genre de scénario se multiplie depuis septembre dans les quartiers résidentiels de Fentange et d'Alzingen (Photo : DR).

Ce genre de scénario se multiplie depuis septembre dans les quartiers résidentiels de Fentange et d’Alzingen (Photo : Laurence Eyschen).

La congestion du trafic autour de Hesperange amène des centaines d’automobilistes à passer par les cités résidentielles. La commune va contrer ce phénomène.

Plusieurs centaines d’habitants de Hesperange, d’Alzingen et de Fentange étaient vent debout mardi soir au centre multifonctionnel de la commune. La raison? Un afflux de plus en plus massif de voitures qui choisissent les quartiers résidentiels pour échapper à la route nationale N3, bouchée par un trafic de transit qui ne cesse de s’accroître. «Il ne s’agit pourtant que d’un raccourci de quelques centaines de mètres», s’étonne le bourgmestre Marc Lies. Le phénomène a pris de l’ampleur depuis la rentrée de septembre. «Les plaintes des habitants de plusieurs cités résidentielles à Fentange et Alzingen se sont multipliées. Les bouchons se sont élargis sur l’ensemble de la commune», indique l’élu chrétien-social.
Les responsables politiques n’ont pas tardé à agir. Avec un bureau d’études, une série de solutions pour lutter contre le «trafic parasitaire» ont été préparées et présentées mardi soir aux habitants. «Le ras-le-bol était bien palpable. L’échange avec les citoyens s’est cependant avéré intéressant et constructif», résume Marc Lies.
Pour ce qui est de la problématique à Fentange, «une solution peut être prise assez rapidement». Plus concrètement, de nouveaux sens interdits et des barrages routiers (notamment des bacs de fleurs) seront mis en place dès le 2 janvier.
Alzingen pourra également profiter en partie de ces mesures, mais une solution «technique» reste à finaliser. «Un groupe de travail avec les citoyens sera mis en place. L’idée est d’installer des bornes à l’entrée ou à la sortie des quartiers résidentiels», indique Marc Lies. Le bourgmestre, et avec lui les habitants des quartiers concernés, espère que ces mesures feront disparaître les «parasites» du trafic.

Les citoyens se mobilisent sur Facebook

Ils sont plus de 2 000 à avoir rejoint entre-temps le groupe «Fir en Hesper/Alzenger Contournement». Lancée par Fabienne Even, cette initiative citoyenne s’est formée sur Facebook et était bien représentée mardi soir pour échanger avec les responsables communaux.
Dans le groupe, bon nombre d’habitants de la vallée de l’Alzette publient des photos et vidéos qui témoignent de la situation intenable du trafic dans les rues de la commune de Hesperange. De nombreuses propositions pour délester les routes sont également avancées sur le réseau social. «Devenez membre et recrutez famille, amis et collègues. Chaque membre compte. Ensemble on peut faire bouger les choses», peut-on lire dans la description du groupe. L’avis aux amateurs est lancé.