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Herboriste en milieu urbain… au Kirchberg


Vivian Craig a recensé une soixantaine de plantes médicinales sur le plateau du Kirchberg. (Photo François Aussems)

En 2011, à 60 ans passés, Vivian Craig choisit un nouveau métier. Après avoir été traductrice, elle devient herboriste. La Britannique a l’œil… même pour trouver des plantes médicinales au Kirchberg.

Les herboristes ne sont pas toujours passionnants. Ils se perdent en noms latins et en détails, un brin d’herbe à la main… Avec Vivian Craig, c’est tout l’inverse. Chaleureuse (comme une Écossaise), intrépide (comme une Néo-Zélandaise, le pays de son enfance), d’une spontanéité rafraîchissante (comme une Luxembourgeoise, son pays d’adoption) : on ne s’ennuie pas ! La traductrice a tout plaqué il y a cinq ans, pour devenir spécialiste des «mauvaises herbes», comme elle dit avec un sourire. «Un jour, j’ai voulu faire pousser des herbes aromatiques dans mon jardin de Bech. Je n’y connaissais rien. De fil en aiguille, j’ai remonté la chaîne naturelle jusqu’à vouloir tout savoir sur les plantes banales

La Britannique a quitté son jardin pour l’université d’East-London en 2011. Elle en est ressortie diplômée en phytothérapie. «À 60 ans passés, ce n’était pas sérieux de tout recommencer», glisse-t-elle amusée. Bien lui en a pris : elle a été choisie par le Fonds Kirchberg pour écrire une brochure sur les herbes médicinales du plateau. Rien que ça…

Le Kirchberg, vivier de plantes médicinales

L’herboriste est partie à la recherche de tous les secrets de la nature locale, même du moindre bout de gazon entre deux chantiers. «J’ai pu recenser une centaine de variétés, la brochure en décrit 66.» De belle qualité, ce livret gratuit, disponible au Fonds Kirchberg, a été traduit en trois langues (français, allemand, anglais). Les dessins signés Charlotte Wood enrichissent le contenu avec style. À chaque fois, un trait d’histoire et une description thérapeutique sont proposés.

«Nous voulions un livret agréable à feuilleter, insiste Vivian. Il ne s’agit pas d’inciter les gens à cueillir les plantes et à se soigner, mais plutôt de leur apporter un regard sur la nature.» Avec ce guide, les trois parcs du Kirchberg deviennent des terrains d’aventure. Trèfle des prés, pâquerette, armoise, coquelicot ou même l’infâme gratteron qui colle aux mollets… tout y est. «De nombreux remèdes ont été recueillis auprès des personnes âgées du Luxembourg, relève Vivian. Le pays fut une terre essentiellement paysanne au XIXe siècle. Beaucoup d’anciens se souviennent des méthodes de leurs parents pour soigner les bobos des champs, les courbatures, les petites coupures…»

Les herboristes actuels ont tendance à valoriser les bienfaits cardiovasculaires de telles plantes ou encore leurs vertus dans la prévention du cancer. Une vision que réfute Vivian, qui ne veut pas inciter à l’automédication. «Avant, les plantes médicinales étaient considérées sous un angle beaucoup plus terre à terre.» Avec sa brochure, tout simplement, on pourra mieux connaître et donc mieux aimer les parcs de la capitale où l’on ne fait que passer.

Hubert Gamelon