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Hellange : tout tourne rond maintenant


La liaison avec la Sarre, c'est une histoire de 20 ans... qui n'est pas encore terminée. (Photo : LQ)

Depuis vendredi, l’échangeur de Hellange est à la disposition des usagers de l’A13, qui en ont vu de toutes les couleurs sur cette liaison avec la Sarre.

L’échangeur de Hellange et le rond-point définitif sont entrés en fonction. Cela marque la fin (ou presque) de cette aventure qui a connu de nombreux rebondissements et surtout la fin de ce tronçon qui pendant dix ans a été le cauchemar des usagers.

Elle a fait suer quatre ministres en charge du dossier depuis le premier coup de pelle en 1997, elle a nécessité une modification constitutionnelle, a fait parler d’elle jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, elle a été le cauchemar de nombreux acteurs, dont les propriétaires terriens. Voilà que l’autoroute vers la Sarre, l’A13, fait reparler d’elle. En bien.

Depuis vendredi, l’échangeur n° 9 de Hellange est en service. Le nom de la petite localité a été rendu célèbre par le by-pass qu’elle a dû accueillir et le rond-point qui l’accompagnait. Certains poids lourds appréhendaient ce passage pour son étroitesse et bon nombre d’accidents, dont certains malheureusement mortels, ont été comptabilisés sur ce tronçon. D’autres se souviennent avoir passé des heures coincés entre les deux rails de sécurité en attendant que la voie soit rendue à la circulation.

Enfin, en octobre 2014, les usagers de l’A13 ont repris espoir avec le début du chantier pour la suppression du by-pass de Hellange. Un peu plus de deux ans plus tard, un beau jour de décembre, l’année dernière, le tronçon manquant a été ouvert comme par magie. Plus de trace du by-pass, plus de repère avant la bifurcation vers l’A3 et la collectrice du Sud qui en a surpris plus d’un.

Les travaux n’étaient pas achevés pour autant. L’échangeur de Hellange est resté fermé pour cause de travaux nécessaires dus à la nouvelle configuration. Le rond-point provisoire sur la N13 a été également réaménagé d’une façon définitive et, depuis vendredi, il est fonctionnel. Cette dernière livraison va permettre de soulager dans les localités traversées le trafic pour rejoindre un autre accès autoroutier en attendant l’échangeur de Hellange.

Près de 20 ans après le début des travaux, la liaison avec la Sarre semble enfin être achevée. Pas tout à fait quand même, car il reste encore une bretelle à Frisange recouverte de mousse depuis belle lurette car jamais mise en fonction. Elle existe bel et bien, mais n’appartient pas à l’État, qui a pourtant cru qu’il en était ainsi quand il a lancé les travaux.

Une histoire semée d’embûches

Tout a commencé en 1971 par une étude globale de la desserte autoroutière du sud du Grand-Duché, lancée par les Ponts et Chaussées. L’étude de ce réseau autoroutier comportait entre autres une liaison avec la Sarre à partir de Bettembourg. « Le projet ne trouvait que peu d’intérêt, notamment un manque de volonté politique, dû à une situation économique peu favorable et des priorités situées ailleurs en matière de construction routière. La réalisation d’une liaison avec la Sarre a été abandonnée par la loi du 31 juillet 1986 modifiant et complétant la loi du Fonds des Routes », rappelle l’administration des Ponts et Chaussée, qui a retracé tout l’historique de l’A13.

Il a fallu attendre jusqu’en juin 1989 pour qu’un gouvernement décide de relancer le dossier. Mais il y a eu des cafouillage dans le choix du tracé avec des changements de dernière minute. Il y avait la délicate question du franchissement de la Moselle qui finalement s’est fait à Schengen après avoir étudié des variantes par Remich puis par Wintrange/Remerschen et encore Wellenstein. Quant à l’alternative Schengen, elle comportait elle-même deux variantes. Enfin, le 31 juillet 1995, la Chambre des députés autorisait le gouvernement à faire construire la route vers la Sarre. Les travaux de la liaison avec la Sarre ont commencé le 2 juin 1997 par le terrassement entre Frisange et Altwies.

La réalisation de cette autoroute « s’est accomplie avec l’attention qu’il convient d’avoir, au XXI e siècle, pour la conservation d’un paysage et d’une économie locale, la vigne, qui nous sont chers », disait l’ancienne ministre CSV Erna Hennicot, qui soulignait le « caractère bucolique » de cette liaison. Quant à la fameuse bretelle, aucune procédure d’expropriation n’a été enclenchée à ce jour, si bien que les usagers ne sont pas encore au bout de leurs surprises. Peut-être qu’un jour on verra des ouvriers nettoyer la mousse qui a envahi la bretelle construite illégalement, l’État devait bien le reconnaître.

Geneviève Montaigu