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Haute-Kontz, Schengen, Perl : trois frontières pour un vin unique


Les vignes de Thomas Schmitt à Perl, de Jean-Paul Paquet à Haute-Kontz, et de Henri Ruppert à Schengen (de gauche à droite) sont réunies dans un vin blanc unique. (photo Pierre Heckler / RL)

Trois vignerons, français, allemand et luxembourgeois, ont puisé dans leurs récoltes respectives pour produire un vin commun. Un blanc sec à base de pinot gris, auquel ils ont voulu donner le goût d’une Europe unie.

Tout est résumé dans la formule (qui n’a rien de chimique) : « Trois vignerons, trois pays, une passion ». L’Allemand Thomas Schmitt, le Luxembourgeois Henri Ruppert et le Français Jean-Paul Paquet sortent la première cuvée d’un vin insolite provenant de leur domaine respectif. L’idée d’unir leurs vignes pour créer ce vin des Trois frontières ne date pas d’hier. Mais il a fallu du temps et une certaine organisation avant de la mettre en bouteille. Le choix des viticulteurs s’est porté sur le pinot gris que tous produisent. « C’est aussi un cépage emblématique de notre région », souligne le Luxembourgeois Henri Ruppert.

Le résultat affiche tout de même 14 % d’alcool, une couleur jaune dorée. Pour le reste, ce sont les pros qui en parlent le mieux. Au nez, « il se dégage une belle puissance qui part sur le fruit mature ». Au goût, « on a d’abord les fleurs blanches, la poire et le nougat en retour ». Bref, les producteurs sont satisfaits.

Le Luxembourgeois Henri Ruppert. (photo RL/Pierre Heckler)

Le Luxembourgeois Henri Ruppert. (photo RL/Pierre Heckler)

Chacun a fourni la même quantité de raisins. La première récolte 2015 sort des cuves du domaine Schmitt-Weber à Perl en Allemagne. La cuvée 2016 est en cours de vinification à Schengen chez Ruppert. La prochaine devrait se faire en France, domaine Mur du cloître de Jean-Paul Paquet à Haute-Kontz. Cette production tournante garantira une évolution du produit, qui ne sera pas dictée par la seule influence de la nature.

Les trois vignerons ne se sont pas lancés dans cette aventure pour le seul plaisir de déguster un produit commun. « Les politiques parlent d’Europe, nous, on la vit ici , remarque Thomas Schmitt, le viticulteur à l’initiative de cette production originale. La qualité du vin démontre que c’est important de faire des choses ensemble, d’aller au-delà des frontières pour initier des partenariats. »

Le Français Jean-Paul Paquet. (photo P.H./RL)

Le Français Jean-Paul Paquet. (photo P.H./RL)

La réglementation ne va pas aussi vite que leur réflexion. Ce vin ne peut jouir pour l’heure d’aucune appellation d’origine protégée. Mais ces viticulteurs n’en ont pas besoin pour se sentir ambassadeurs d’une Europe unie, dont les valeurs se goûtent ici par petites gorgées.

« Aujourd’hui, tout se mélange. On n’avait pas besoin des accords de Schengen pour s’entendre », sourit le Luxembourgeois Henri Ruppert. « Les frontières, on ne les sent plus , renchérit l’Allemand Thomas Schmitt. Nous connaissons la paix, à nous de la faire perdurer. » Et de la savourer.

F.T. (Le Républicain lorrain)

Le vigneron allemand Thomas Weber. (photo Pierre Heckler / RL)

Le vigneron allemand Thomas Weber. (photo Pierre Heckler / RL)