Accueil | Luxembourg | Handicap et mobilité : le Luxembourg progresse

Handicap et mobilité : le Luxembourg progresse


Circuler facilement dans le pays, peu importe sa situation d'invalide ? La situation s'améliore (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Depuis plusieurs années, les aménagements pour les personnes à mobilité réduite ne cessent de croître. Pour Info-Handicap, le sujet doit rester visible afin que les efforts en ce sens se renforcent encore.

En 2003, pour la première et dernière fois, la Semaine européenne de la mobilité prenait pour thème la «mobilité pour tous». Pour Info-Handicap Luxembourg, qui existe depuis 1993, pas question d’attendre de nouveau dix ans pour que ce thème soit à nouveau mis en avant. Le Centre national d’information et de rencontre du handicap, avec ses partenaires, a pris les choses en main en mettant en place une journée annuelle consacrée au sujet : «Safe walking, cycling, wheeling – Inclusion et mobilité».
Pour Fabienne Feller, coordinatrice en mobilité à Info-Handicap, en dix ans la progression «est énorme», la situation n’est plus la même, mais il reste beaucoup à faire et les acteurs du secteur comptent se faire entendre.
Jeudi, sur le plateau du funiculaire du Pfaffenthal, de nombreuses association étaient présentes pour informer le public, le sensibiliser.
Au milieu de la foule, des clowns se glissent pour faire leur numéro, l’un d’eux tend aux gens une brosse de toilettes pour les interviewer. Ces amuseurs professionnels font partie de l’association Île aux clowns qui vient redonner le sourire aux enfants hospitalisées.

«La révolution doit être sociale et humaine»

L’ambiance est bon enfant, mais personne n’oublie les enjeux du jour : «Les accidents de la route sont la première cause de handicap dans le monde», lance Fabienne Feller. «Pour moi, le transport public est indispensable pour remplacer la voiture individuelle. Il est donc essentiel que les aménagements pour les personnes à mobilité réduite soient systématiquement présents et que la technologie fonctionne», poursuit-elle. «La révolution en place est résolument verte, mais elle doit aussi être sociale et humaine. Pour cela, il faut prévoir l’accompagnement des personnes afin que cela puisse fonctionner.»
Dans la Ville de Luxembourg, de nombreux efforts ont été faits ces dernières années, comme l’a rappelé Patrick Goldschmidt, échevin en charge de la Mobilité et de l’Intégration pour personnes à besoins spécifiques.
Récemment, une grande partie du quartier Nord de Bonnevoie a par exemple été réaménagée de manière à faciliter les cheminements des personnes à besoins spécifiques sur le territoire de la Ville.
Les trottoirs sont en partie abaissés à l’approche des passages piétons, pour aider les fauteuils roulants, les poussettes…
De nombreux aménagements particuliers sont également réalisés aux passages piétons, par exemple pour permettre aux piétons atteints d’une déficience visuelle de les reconnaître au toucher. C’est le cas avec les bandes podotactiles, c’est-à-dire des surfaces présentant une texture sur le trottoir.
Les itinéraires entre les quartiers (Limpertsberg – centre-ville, Kirchberg – centre-ville, centre-ville – Gare, Gare – Bonnevoie) sont équipés de dispositifs assurant un cheminement sécurisé sur tout le trajet.

Bus à la demande

Les autobus de la Ville sont également adaptés et le système du Call-a-Bus, un bus à la demande qui conduit les personnes à la destination de leur choix, permet aux personnes en situation de handicap une certaine liberté.
Quelque 300 emplacements de stationnement en Ville sont réservés aux personnes à besoins spécifiques.
La majorité des gares CFL sont adaptées aux personnes à mobilité réduite, les plus petites ou moins fréquentées, comme celle de Lintgen, devraient être adaptées dans les prochaines années. Les billets sont gratuits pour les personnes à mobilité réduite et leur accompagnateur. Une assistance peut aussi être demandée sans frais.
Actuellement, 19 gares et arrêts du réseau ferré luxembourgeois disposent du label «EureWelcome» et correspondent au concept «Design pour tous», comme Dudelange-Ville ou Belval-Université.
Le réseau de tramway a été conçu et pensé dès le début de façon à intégrer les aménagements qui facilitent les déplacements de tous.

Audrey Libiez

Malvoyant, le danger des véhicules peu bruyants

Pour se déplacer, les personnes malvoyantes en bonne condition physique et psychique peuvent bénéficier gratuitement d’un chien guide d’aveugle. Ces derniers sont éduqués en France, notamment à Woippy, indique Colette Schmitz, vice-présidente de l’ASBL Chiens guides d’aveugles au Luxembourg.
L’association veille à la dignité et aux intérêts personnels des personnes qui adoptent un guide à quatre pattes.
Sans chien, se déplacer au Luxembourg «peut être assez facile s’il y a une bande de guidage, un carrefour sécurisé. Par contre, pour les autres, il est de plus en plus difficile de savoir quand traverser, explique Roland Welter, le président de l’ASBL Chiens guides d’aveugle. Car nous fonctionnons beaucoup à l’oreille. Or les vélos, les voitures, surtout électriques, font de moins en moins de bruit. Il est important que les carrefours stratégiques soient adaptés en priorité, puis les autres.»
Ce message, l’association l’a déjà fait passer à la Ville de Luxembourg, un discours qui semble écouté, même s’il faut du temps.