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Habitants et réfugiés ensemble pour fêter Noël à Rodange


Un apéro, un repas de fête, des chansons... sacré Noël! (photos Didier Sylvestre)

Un collectif d’habitants de Rodange, aidé par l’Église et la municipalité, a pu organiser un Noël pour les réfugiés du centre local.  Le temps d’une soirée, il ne s’agissait plus de «réfugiés» d’un côté et de résidents de l’autre, mais d’une vraie fête amicale. Ambiance.

Connaissez-vous Daniel Teklehaimanot? Il a porté le maillot à pois durant deux étapes sur le dernier Tour de France, il a 27 ans, c’est le sportif favori de toute la corne de l’Afrique. « Ce type est un vrai crack, tu ne connais pas? Attend, il faut que je te montre une photo sur un téléphone .» Nous sommes au centre culturel de Rodange, lundi soir, une vingtaine de réfugiés ont été invités par les habitants à fêter Noël. Pas de pathos ni de discours sur la misère du monde pour une fois – C’est pourtant plus que jamais une réalité, malgré l’hiver qui se dessine.

Non, ce coup-ci, chacun a envie de vivre et de profiter d’un bon moment. Autour des tables d’apéro, on parle donc sports, culture et people, comme à n’importe quel apéro. Quelques tapas (les Rodangeois sont forts en cuisine!) suffisent pour se sentir amis comme autour d’un comptoir. Il faut suivre les conversations en «franglais arabo-luxembourgeois» : tous les moyens sont bons pour se faire comprendre. Reste que les Irakiens sont globalement fans de ping-pong, les Érythréens de cyclisme et les Syriens de tennis. Ça n’aide pas quand on ne connaît que le foot ou le basket.

Les Rodangeois ont le sens de l'acceuil, comme ils l'ont prouvé hier, dans un élan de sincérité touchant.

Les Rodangeois ont le sens de l’acceuil, comme ils l’ont prouvé hier, dans un élan de sincérité touchant.

Histoire-géo avec les Érythréens

On finit alors par parler histoire-géo, et franchement, les conversations valent bien un épisode de Faut pas rêver . Les Érythréens sont les plus prompts à vanter la beauté de leur pays. « Chez nous, tu as tous les climats et tous les reliefs. En Afrique, on dit que ça ressemble à la Suisse. » Que nos amis Suisses ne se vexent pas, mais l’Érythrée, en plus de la haute montagne, dispose de 2 000 km de littoral sur la mer Rouge! Ce qui du coup est source de tensions dans la région, notamment avec le voisin éthiopien.

Un peu plus loin, nous croisons un jeune Irakien. Il a 21 ans, il étudiait la chimie avant de fuir son pays. Comme tous les autres convives, il vit au foyer des réfugiés de Rodange, qui comporte une trentaine de lits. On lui demande de nous parler de l’une des traditions de son pays. Il se met à décrire des grandes tables où amis et voisins « de toutes les religions » sont invités. Il décrit des ambiances de fête jusqu’au milieu de la nuit. « Quel est le nom de cette fête alors? » « C’est Noël, tout simplement, il y a des chrétiens aussi en Orient… »

Chacun s'était mis sur son 31, pour célébrer cette nouvelle amitié.

Chacun s’était mis sur son 31, pour célébrer cette nouvelle amitié.

Plus tard dans la soirée, chaque réfugié est invité à se présenter au micro. L’un d’eux, iranien, lance carrément : « Merci pour votre accueil… Même dans mon propre pays je n’ai jamais été accueilli comme ça .» C’est un collectif de citoyens de Pétange, aidé par la municipalité et l’association catholique Reech eng Hand, qui a lancé cette idée de repas de Noël.

Chaque habitant a ramené un plat ou un dessert. Beaucoup de mets luxembourgeois et quelques belles surprises, comme ce couscous géant réalisé par Ibtissam et Mohamed. Il s’est passé quelque chose de tout simple hier soir.

Pour reprendre les mots de Renata, l’une des habitantes impliquées dans le projet : « Il suffit de reconnaître les autres dans leurs différences, mais dans nos ressemblances aussi. Nous sommes tous de la même famille… humaine .»

Hubert Gamelon