Les espèces problématiques de guêpes pour les humains et leur protection, les recours dont disposent les habitants et quelques chiffres : le gouvernement a livré quelques éléments intéressants pour cerner le sujet en réponse à une question parlementaire du député déi gréng François Benoy.
La gêne occasionnée par les guêpes en cet été 2020 est un sujet brûlant. Beaucoup d’entre nous ont été frappés par le nombre de ces petites bêtes susceptibles de perturber notre sérénité dans nos activités de détente. La question n’a pas échappé au député déi gréng François Benoy qui s’est adressé à la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, et à la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, pour obtenir une vue la plus exhaustive possible de la situation eu égard au rôle éminent joué par les guêpes dans la nature et à la parfois difficile cohabitation entre elles et les humains.
La question parlementaire de François Benoy a le mérite de rappeler les termes du problèmes. Tout d’abord, souligne-t-il, les «guêpes font partie des insectes pollinisateurs qui fécondent les plantes à fleurs de notre environnement».
Il ajoute que, «au-delà de leur rôle en tant que pollinisateurs, les guêpes détruisent également des nuisibles et parasites en tant qu’insectivores». De plus, «ils jouent également un rôle sanitaire, limitant l’expansion de moisissures et d’agents pathogènes et accélérant la décomposition, puisqu’ils qu’ils éliminent des fruits pourris, des restes de viandes et utilisent du bois pourri».
Vespula vulgaris et Vespula germanica : accusées, levez-vous!
C’est principalement au milieu de l’été, écrit-il, que deux espèces de guêpes peuvent entrer en conflit avec l’humain, si les insectes sont dérangés. Il est possible de procéder à l’élimination d’un nid de guêpes, mais, poursuit-il, aux termes de la loi du 18 juillet 2018 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles, toute destruction non justifiée d’espèces animales sauvages est interdite.
Après ce préambule, le député pose une série de huit questions pour cerner la situation au Luxembourg. La première réponse des ministres de l’Environnement et de l’Intérieur laissera sans doute François Benoy et le public sur sa faim : il n’est pas exclu «que le changement climatique entraîne une légère hausse des populations de guêpe, même s’il n’y a pas d’observations scientifiquement valables permettant de l’affirmer à ce jour».
En effet, «les étés à longues périodes de chaleur et de sécheresse favorisent le développement des guêpes et les hivers doux et peu pluvieux permettent aux jeunes reines de mieux résister à l’hiver», avant de fonder une nouvelle colonie. Mais la prospérité des colonies, qui se constituent en été, dépend «d’un grand nombre de mécanismes de régulation. La réponse ministérielle confirme cependant que sur les quinze espèces de guêpes sociales, seules deux, Vespula vulgaris (la guêpe commune) et Vespula germanica (guêpe germanique ou européenne), causent la plupart des conflits. À la fin de l’été, quoi qu’il en soit, toutes les guêpes meurent sauf les nouvelles reines.
Les pompiers seulement en cas de danger imminent
Le seul indice livré par les ministres à propos de l’évolution de la population des guêpes est le nombre des interventions des sapeurs pompiers en relation avec l’évacuation ou la destruction de nids de guêpes : 2 073 interventions pour l’année 2016 et 3 751 en 2017. Depuis, il y a eu la création du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) et les chiffres manquent en raison d’une exploitation des données encore en cours.
À propos de l’intervention des services de secours, les ministres notent que le CGDIS procède à l’évacuation ou la destruction de nid de guêpes seulement «par carence», donc en l’absence d’un autre intervenant, et seulement en cas de danger imminent pour des personnes.
En cas de demande adressée au CGDIS pour la destruction d’un nid de guêpes, soit par l’intermédiaire du CSU 112, soit directement par un centre d’incendie et de secours local, le demandeur est donc renvoyé aux services écologiques compétents, tels que le réseau national des conseillers guêpes, le «Wespenberaternetzwerk» de l’association natur&ëmwelt.
Il est bien sûr possible, tout en respectant les dispositions de la loi du 18 juillet 2018 concernant la protection de la nature, de faire appel à une entreprise de désinsectisation, sans qu’il soit nécessaire, d’ailleurs, qu’elle dispose d’un agrément, nous apprend la réponse ministérielle. Cette précision semblant suffire à indiquer qu’aucun contrôle de ce type d’entreprise et qu’aucun devoir d’information leur incombant à l’égard de leurs clients n’est de mise, toutes choses que souhaitait savoir le député écologiste François Benoy
Le Wespenberaternetzwerk, l’interlocuteur à privilégier
De manière générale, selon les ministres, natur&ëmwelt est un interlocuteur de choix en matière de guêpes. Déjà, parce qu’il met à la disposition du public un dépliant en plusieurs langues contenant des informations sur les différentes guêpes et le comportement à adopter.
Mais de plus, avec le Wespenberaternetzwerk créé en 2019, un réseau national de 25 conseillers bénévoles, l’association est à même de renseigner le public. De mai à octobre 2019, nous dit la réponse ministérielle, ces conseillers ont traité 1 200 demandes.
Dans les trois quarts des cas, des solutions sans intervention (information, sensibilisation) ou des simples mesures de guidage ont résolu le problème. Seules 20 % des situations ont nécessité un déplacement ou une destruction du nid. Dans la majorité des cas, selon les ministres, la destruction du nid «n’est pas nécessaire et est à considérer comme le dernier recours».
La destruction en dernier recours
Le recours à la destruction s’avère d’ailleurs, reconnaissent les ministres, le plus souvent nécessaire dans le cas des nids sous les planches des terrasses en bois ou dans les caissons de volet des portes-fenêtres, ou bien ceux qui endommagent l’isolation de la façade ou de la toiture.
Face aux deux espèces de guêpes qui sont responsables de la plupart des conflits avec les humains, les ministres avouent cependant qu’il y a peu de solutions. Par exemple, si le nid s’est installé dans le caisson à volet d’une fenêtre, une moustiquaire peut résoudre le souci. Il est alors recommandé de ne plus baisser et remonter le volet roulant pendant que le nid est actif. Pas commode…
Autre exemple, en cas de nid dans le sol, un périmètre de sécurité délimité avec des poteaux et de la rubalise peut désamorcer le risque. Des mesures de guidage peuvent également être appliquées pour remédier à des conflits de certains types de nids cachés. Quant au déplacement d’un nid, possible jusqu’à un certain stade de développement de la colonie, il requiert beaucoup de matériel spécial et d’expertise.
Manuel Santos