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Le grand retour des tritons


La population de tritons crêtés est suivie à la loupe par le Sicona, qui observe la repopulation des mares. (photo Sicona)

Avec le chant des grenouilles en toile sonore, sur la rive d’une petite mare située à une bonne centaine de mètres du chalet des scouts, au Pafenheck, les tritons attendent sagement de quitter leur aquarium pour retrouver leur milieu naturel. Espèce menacée, le triton crêté – amphibien au look spectaculaire – retrouve des couleurs à Mondercange grâce aux efforts conjoints du Sicona et des communes.

Parmi les quatre espèces de tritons qui fréquentent les mares du Grand-Duché, le triton crêté est la tête d’affiche. C’est le plus grand (jusqu’à 18 centimètres pour un mâle), il est vraiment doté d’une crête sur le dos, son drôle de ventre jaune est tâché de points noirs, mais c’est aussi et surtout celui qui est le plus menacé. À tel point qu’un plan d’action national lui est consacré.

Que faut-il faire pour le sauver? « Il faut lui créer les habitats qu’il aime », avance Simone Schneider, qui porte le programme pour le Syndicat intercommunal de l’ouest pour la conservation de la nature (Sicona). Jusqu’à présent, cette mesure a toujours suffi  : il n’a jamais été nécessaire de réintroduire les tritons, ils arrivent tout seuls.

Ce qu’aime un triton, c’est une belle mare assez profonde, vierge de pesticides, insérée dans un espace qui propose plusieurs autres biotopes  : champ, forêt, haie, arbres solitaires… L’animal, un amphibien qui peut vivre jusqu’à l’âge de dix ans dans la nature, est capable de se déplacer sur 5 à 800 mètres pour se trouver un nouveau lieu de vie. « C’est pour cela qu’il faut un réseau de mares suffisamment rapprochées et des corridors qui les relient pour qu’ils puissent passer de l’une à l’autre », explique la biologiste.

Et le problème, c’est que ces mares viennent à faire défaut. « Il y a plusieurs causes à cela , précise Philippe Thonon, un autre acteur du projet pour le Sicona. Tout d’abord, des agriculteurs les ont asséchées pour permettre une agriculture intensive. Ces mares étaient également creusées pour permettre au bétail de boire, mais il y a de moins en moins de champs réservés à l’élevage. Enfin, si on ne s’en occupe pas, une mare se comble en une dizaine d’années à peine. »

Une population qui augmente enfin

Bref, sans l’entremise des hommes qui entretiennent ces structures, les tritons seraient pratiquement perdus. Il n’y a donc pas 36 solutions  : il faut recréer des mares. « En dix ans, le Sicona en a creusé près de 80 », détaille Philippe Thonon. Mais il ne suffit pas de les faire, il faut encore les entretenir pour qu’elles se maintiennent en bon état. « Avoir des mares jeunes et vieilles est très intéressant parce qu’elles n’attirent pas les mêmes espèces », glisse-t-il.

Grâce à ce travail de fond, le nombre de tritons augmente au Grand-Duché, et le pays peut se targuer d’être un exemple en la matière. En France, par exemple, l’espèce est pratiquement en voie de disparition. La situation n’est pas beaucoup plus brillante en Belgique.

Cet état de fait renforce, évidemment, l’enthousiasme de Camille Gira, le secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures. « C’est encourageant parce que l’on voit les résultats et les progrès! », s’est-il félicité. Pour lui, rien ne vaut un bon exemple à mettre en avant pour valider une bonne politique de protection de l’Environnement. « Sans doute qu’apporter un de ces tritons à des réunions où il faut négocier pour protéger des zones sensibles serait plus efficace que le meilleur des discours! », propose-t-il, en se demandant toutefois si l’amphibien serait vraiment à sa place dans une salle climatisée dominant le Kirchberg.

Quoi qu’il en soit, à Mondercange, une commune où des mares sont creusées depuis 10 ans, il est à son aise !

Erwan Nonet

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