La reproduction géante en tricot d’une œuvre luxembourgeoise à laquelle ont participé des centaines de personnes est à découvrir au Lëtzebuerg City Museum jusqu’au 13 juin.
Mission accomplie! Elles s’appellent Martine, Luna, Ambre, Lilia mais aussi Rayane, Davide, Peter… Tous, et plus de 550 autres comme eux, ont participé à ce projet fou lancé en octobre 2020 par Camille Alexandre et Cristina Picco, les fondatrices de l’ASBL Mamie et moi : recréer au tricot une version pixelisée XXL de La Petite Histoire, le tableau emblématique du peintre luxembourgeois Corneille Lentz (1879-1937). Pas moins de 1 218 petits carrés de laine de 5 cm sur 5 cm ont été nécessaires pour réaliser cette reproduction de 1,50 mètre sur 2 mètres qui sera visible jusqu’au 13 juin au Lëtzebuerg City Museum.
Le succès rencontré par ce projet est allé au-delà des attentes des organisatrices : en quelques mois, elles ont reçu plus de 30 000 carrés de laine produits par des personnes de 17 nationalités différentes. En dehors du Luxembourg, des carrés ont aussi été envoyés depuis la France, la Belgique, l’Italie, le Portugal, l’Irlande, la Turquie, la Tunisie, la Russie et le Brésil! «On continue même d’en recevoir!», se réjouit Camille Alexandre, qui précise : «Les carrés qui n’ont pas été utilisés dans le cadre de la reproduction le seront dans les ateliers organisés autour de l’exposition.» Certains ont déjà servi à fabriquer les panneaux de laine également exposés sur lesquels est inscrit «Ensemble le tricot devient tableau».
Plus de 60 structures, dont cinq écoles et quatre centres intégrés pour personnes âgées (CIPA) ainsi que de nombreux clubs seniors, ont tenu à participer à l’aventure. Il faut dire qu’en cette période de pandémie, avec de nombreuses activités suspendues, un tel défi a permis à beaucoup de s’occuper.
À l’instar de Miriam, membre active de Mamie et moi, présente lors de l’inauguration de l’exposition au Lëtzebuerg City Museum ce jeudi. Cette «Mamie» de 54 ans (l’association regroupe des personnes de tous âges) a fourni plusieurs centaines de petits carrés de laine dans le cadre de ce projet! «J’adore le mélange art et textile. Et puis, ça change des habits! En plus, l’aspect collectif, le fait de voir l’évolution du projet et comment Cristina et Camille ont chapeauté le tout, c’était passionnant. Cette activité a été essentielle pour moi pendant le confinement, et même si les rencontres en présentiel m’ont manqué, nous avons pu discuter par visioconférence. C’était important pour le moral, j’avais une raison de me lever! Le tricot m’a toujours énormément calmée. Je me suis aussi amusée à me lancer des petits défis en utilisant des nouveaux points. Avec de telles dimensions, on ne peut pas être frustrée si on n’y arrive pas.»
Seul regret pour Miriam : que l’aventure se termine. «Je suis un peu triste que ce soit fini. L’assemblage m’a rappelé le Sewing Bee, cette tradition anglo-saxonne qui veut que les femmes se réunissent pour coudre ensemble afin de préparer un trousseau ou un couvre-lit», explique Miriam, originaire des États-Unis.
Une maille de projets
«On est très fiers d’avoir réussi à faire se rencontrer autour d’une dynamique des acteurs publics et privés pour se réapproprier le projet et le faire matcher avec leur propre mission pendant cette période, commente pour sa part Camille Alexandre. Beaucoup de clubs ne pouvaient pas proposer leurs activités habituelles à cause de la crise sanitaire. Le projet « Collectif au carré » a donc pu leur permettre de se fixer un challenge, mais il a aussi fait naître d’autres projets comme celui du CIPA Gréngewald.»
Les enfants du Day Care Arcus ont en effet assemblé les carrés tricotés spécialement pour eux par les seniors du CIPA Gréngewald de Niederanven. Mais ce n’est pas la seule initiative à avoir vu le jour grâce au Collectif au carré. À Dudelange, afin d’améliorer leur allemand, des enfants ont imaginé les dialogues entre les personnages du tableau de Corneille Lentz. Le projet a également servi de point de départ aux élèves de l’école privée Marie Consolatrice d’Esch-sur-Alzette pour étudier l’impressionnisme et faire des calculs, tandis que des carrés de laine ont permis de créer Poly-Glotti, la mascotte qui accompagnera les seniors conteurs d’histoires dans les écoles. À travers ce projet, l’ASBL Mamie et moi a indubitablement réussi à mettre en œuvre sa vocation première : tisser du lien.
Dans le cadre du projet Collectif au carré, des ateliers autour du tricot seront organisés au Lëtzebuerg City Museum à destination de tous, petits et grands. Sur réservation uniquement.
Tatiana Salvan
Après avoir tissé du lien entre les générations et les nationalités, pourquoi ne pas relier aussi entre elles les communes du pays? Et ainsi continuer à faire vivre le projet Collectif au carré et même inspirer d’autres initiatives. L’ASBL Mamie et moi lance donc un appel à toutes les communes qui souhaiteraient accueillir l’exposition consacrée à la reproduction au tricot d’un segment de La Petite Histoire, le tableau emblématique du peintre luxembourgeois Corneille Lentz.
Conçue pour être itinérante, l’exposition présente, outre l’œuvre géante de 1,50 mètre sur 2 mètres composée de plus de 1 200 petits carreaux de laine, des panneaux mobiles mettant en avant des explications et des témoignages relatant cette aventure qui aura duré huit mois.