Écoquartier issu de friches industrielles, le futur quartier d’Esch-Schifflange suscite déjà l’intérêt de ses futurs voisins. Ces concepteurs, quant à eux, sont dans les starting-blocks.
Ressusciter les anciennes friches industrielles est plus qu’une tendance, c’est avant tout, dans un pays en manque de logements, un moyen de repenser les villes et les quartiers de demain. Après Esch-Belval, pionnier du genre au Luxembourg, Esch-sur-Alzette récidive avec le projet Rout Lëns d’un côté de la Métropole du fer et, à l’autre bout, le projet Esch-Schifflange. Une visite de cet immense site de 63 hectares, dont 10 % sont en territoire schifflangeois, était organisée jeudi pour les édiles des communes avoisinantes par Agora, qui avait déjà aménagé Belval.
Le projet s’annonce impressionnant. On parle de 10 000 habitants qui devraient peupler le site d’ici la fin des travaux en 2024/2025 et tout un monde à réinventer sur des fondations durables. L’impact de ce nouveau quartier sur les communes voisines est non négligeable. Paul Weimerskirch, le bourgmestre de Schifflange, indique que «le projet a été conçu dans un esprit participatif avec les citoyens de nos deux communes. Le résultat final reflétera le produit des réflexions des citoyens qui ont également tenu à sauvegarder d’anciens bâtiments.» L’entente entre les deux communes est telle que l’idée d’un remembrement éventuel en cours de conception, n’effraye pas le bourgmestre de Schifflange. Il précise : «La partie qui appartient à notre commune est située autour du château d’eau qui est classé. Ce petit bout de territoire est une plus-value pour notre commune. Un quartier moderne remplace une usine.»
La «Schëfflenger Schmelz» a été exploitée pendant 140 ans, jusqu’à son arrêt brutal en 2012. Quatre ans plus tard, ArcelorMittal décidait la cessation totale d’activité du site et réfléchissait à une réaffectation possible de ce lieu. Une convention a été passée entre l’État, ArcelorMittal et Agora en vue d’en assurer la reconversion par la mise en place d’une démarche coopérative et participative au travers d’un atelier de conception urbaine.
Quatre ans plus tard, alors que les premiers travaux de démolition ont déjà été entamés sur le site, la société de développement Agora attend les résultats de l’étude de faisabilité encore en cours. Sans elle, le réaménagement des friches pourra encore attendre. Selon Yves Biwer, le directeur administratif d’Agora, elle devrait être terminée pour la fin de l’année. «Les premières démarches en vue de la modification du PAG ont été lancées», explique-t-il. Les PAP suivront ensuite. (…) Nous estimons que toutes les procédures de préparation devraient être terminées dans trois ou quatre ans et que nous pourrons obtenir le premier permis de construire.»
Le facteur humain au centre du projet
En attendant, le cabinet d’architectes danois Cobe, qui a remporté le concours d’architectes, peut peaufiner son projet, même si l’aménagement du site doit rester flexible pour lui permettre de s’adapter aux besoins de la population dans les années à venir. Outre des logements sur plus de la moitié des friches, le site accueillera également des bâtiments publics, dont quatre écoles et un lycée. Yves Biwer prévient que, bien que mixte, le quartier ne comprendra pas de grand centre commercial, mais des commerces de proximité. Il n’y aura pas non plus de voitures. Elles stationneront de part et d’autre de ce nouveau quartier longé par la voie ferrée (un nouvel arrêt sera créé entre Esch-sur-Alzette et Schifflange), desservi par des lignes de bus et traversé par le futur projet de tram rapide.
Un soin particulier sera notamment apporté à l’aménagement de l’espace public pour créer du lien social et améliorer la qualité de vie des futurs habitants. L’aspect environnemental sera également pris en considération tant dans la conception des bâtiments et les matériaux choisis que de l’agencement des espaces naturels sur le site. L’Alzette qui le traverse sera renaturée. Le Galgenberg et la réserve naturelle du Brill à Schifflange seront reliés par le Lalléngerbierg. Le projet doit avant tout être durable et placer le facteur humain en son centre. Les édiles ont pu l’imaginer lors de la visite de ces friches désaffectées à qui le projet va redonner un sens.
Sophie Kieffer