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Friches sidérurgiques : Esch et Schifflange dans les discussions


La friche occupe une surface de 62 hectares, dont 90% situés sur la commune d'Esch-sur-Alzette. (illustration Isabella Finzi)

Que va devenir le site d’ArcelorMittal situé à cheval sur les deux communes ? Les discussions vont bientôt commencer.

La fermeture définitive du site de Schifflange annoncée au début du mois par ArcelorMittal n’a surpris personne. Depuis l’automne 2011, il n’y avait plus aucune activité autour du train à fil, et compte tenu de la tendance, un retour à l’activité était pratiquement exclu.

Non, ce qui a surpris les bourgmestres des deux communes sur lesquelles sont implantées les nouvelles friches – Esch-sur-Alzette et Schifflange – c’est d’avoir été mis de côté dans les premières réflexions sur le devenir des 62 hectares en question. Juste après l’annonce d’ArcelorMittal, le sidérurgiste, le gouvernement et la société de développement Agora avaient effectivement convoqué la presse pour annoncer le lancement d’une étude de faisabilité qui permettrait de déterminer les potentialités de reconversion de l’endroit.

Et les communes, eh bien, elles ont été splendidement mises à l’écart de cette première étape. Surprenant, tout de même, car elles tiennent évidemment un rôle prépondérant dans l’aménagement du territoire. «Nous avons été très surpris de ne pas avoir été associés aux premières discussions», concède Roland Schreiner, le bourgmestre de Schifflange.

Passé ce moment de stupeur, Vera Spautz et lui ont demandé un rendez-vous aux membres du gouvernement concernés par la question. Visiblement gênés aux entournures, ils ont rapidement concédé à leur requête un écho positif. «Les ministres ont compris notre démarche et nous ont accordé une entrevue dans de brefs délais», apprécie le bourgmestre schifflangeois.

Juste «une erreur de parcours»

Cet élan réparateur s’est confirmé lundi matin, lorsque Étienne Schneider et Dan Kersch ont reçu Roland Schreiner et Vera Spautz. «Étienne Schneider nous a assuré que c’était une erreur de parcours, rapporte Roland Schreiner. Avec Dan Kersch, ils se sont excusés en nous assurant que pour eux, il était clair que les deux communes seraient considérées comme des partenaires réels.»

Cette réunion, où la forme a été davantage évoquée que le fond, a donc eu le mérite de poser de nouvelles bases, bien plus saines. Mais maintenant, tout reste à faire. «Il faut définir un concept d’exploitation du site», soutient l’élu schifflangeois. Logements, zone d’activité économique… les attentes des communes sont globalement les mêmes, mais il reste à mettre ces désirs en musique. «Nous attendons désormais l’invitation du gouvernement pour que nous puissions exposer nos idées», lance Roland Schreiner.

Ce qu’il souhaite, maintenant, c’est que le travail commence. «Le site est à l’arrêt depuis 2011. Maintenant qu’il est officiellement fermé, il est temps que quelque chose se passe», avance-t-il. La balle est en partie dans le camp d’Agora, qui a été chargé de la rédaction de l’étude de faisabilité. Le développeur de Belval, propriété à parts égales de l’État et d’ArcelorMittal, a d’ores et déjà prévenu qu’il faudrait entre deux ans et deux ans et demi pour réaliser ce document.

Erwan Nonet

Belval, l’exemple à suivre

D’entrée, c’est le modèle de Belval qui a été mis en avant pour mener la conversion des friches schifflangeoises. Mais il n’y a pas que cet exemple vertueux…

Le développement de Belval est un modèle du genre. (Photo Fabrizio Pizzolante)

Le développement de Belval est un modèle du genre. (Photo Fabrizio Pizzolante)

Lors de la conférence de presse annonçant le départ des réflexions concernant le futur du site de Schifflange, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, avait annoncé : «Nous souhaitons faire un premier pas vers un renouvellement du succès de Belval.»

Si tel était le cas, ce serait évidemment une immense réussite. S’il y a bien toujours des esprits chagrins qui critiquent le développement du nouveau quartier eschois, on ne peut que constater l’impeccable décollage du site, notamment depuis que l’université y a pris pied.

Le fait qu’Agora soit chargé du dossier semble effectivement être un signe positif. Il faut toutefois se garder de mettre la charrue avant les bœufs. Les contre-exemples sont plus nombreux que les modèles vertueux. Pour ne parler que d’un projet bancal, le laminoir de Dudelange est fermé depuis 2005 et, bien que le terrain ait été promis au Fonds du logement, il ne s’est pas passé grand-chose depuis…

Comme sur la lentille Terre rouge à Esch-sur-Alzette, le hic porte sur la dépollution, forcément très coûteuse compte tenu du passé industriel de ces sites. Or à Schifflange, officiellement, le sujet n’a pas encore été évoqué. Si à Belval tout s’est déroulé dans des temps record, c’est que les intérêts de toutes les parties étaient convergents. Il y a de grandes chances que si le futur de Schifflange se calque sur celui de son illustre voisin, c’est que le même schéma aura été retenu. Comme le sous-entend François Bausch, le modèle est connu, il ne reste plus qu’à s’assurer des intentions de chacun… et à se conférer aux actes plutôt qu’aux beaux discours.

E. N.