100 ans après l’ouverture du droit de vote aux femmes, 200 lycéens du Grand-Duché ont participé à un festival sur l’égalité des sexes, jeudi. Ils semblent très au fait des injustices qui ont toujours cours.
C’est la première fois qu’on assiste à un événement comme celui-là», lance Lisa Brites, 21 ans, en première technique et commerce. Une initiative que le groupe de trois jeunes femmes apprécie particulièrement. Jeudi, dans les locaux de la Rockhal, à Belval, le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes a organisé le festival Rock de Rack. Il s’agit d’une journée à la fois pédagogique et divertissante dans le cadre du centenaire du droit de vote accordé aux femmes en 1919 afin de sensibiliser les jeunes sur le sujet de l’égalité des sexes. Or les lycéennes voient ces injustices dans leur vie quotidienne : «L’égalité n’est pas encore là à 100 % mais il y a du mieux par rapport à avant, on ne pense plus de la même manière», lâche Daniela Fernandes, 18 ans. «On commence à avancer», rebondit Sara Ribeiro, 22 ans.
Des habits plus chers pour les filles
Mais les lycéennes notent les efforts qu’il reste à faire : «Quand on va dans les magasins, les vêtements pour les filles sont plus chers que ceux pour les garçons. Même pour les petites filles qui portent des vêtements à l’effigie des héroïnes de Disney, c’est plus coûteux que des vêtements avec Cars par exemple.»
Toutes les trois sont scolarisées au lycée privé Sainte-Anne réservé aux filles, un avantage selon elles pour gagner en confiance en soi et en compétences sans craindre le regard des garçons.
Pour avancer sur ce sujet, neuf ateliers étaient proposés jeudi aux jeunes avec une trentaine d’intervenants. Parmi eux, le président de la Commission consultative des droits de l’homme, Gilbert Pregno : «Les jeunes sont très à l’écoute et ont beaucoup d’idées. Ils ont parfaitement intégré les injustices qui existent, comme le salaire qui est moindre pour une femme à compétences égales. Ils perçoivent aussi les stéréotypes qui existent, par exemple les femmes sont de bonnes éducatrices pour les enfants. Ils notent également qu’elles sont absentes des sphères du pouvoir, que ce soit dans la politique ou à la tête des entreprises. Quand les jeunes en parlent, on voit qu’ils ont pleine conscience de ce qui se passe, ils ont normalisé ces situations et savent que c’est ainsi. On les a encouragés à dire « non ». Il faut qu’ils apprennent à questionner et à défendre leurs droits. En les écoutant, cela donne de l’espoir.»
«Une source inépuisable de stéréotypes»
Dans les ateliers, on entend aussi bien les filles que les garçons sur le sujet de l’inégalité. Un groupe d’étudiants de l’université du Luxembourg présentait les évolutions de la place des femmes dans les domaines techniques, des hautes technologies, de l’informatique ou encore de l’aéronautique : «Les publicités, les BD et les jeux vidéo sont des sources inépuisables de stéréotypes sur les genres», indique l’un d’eux avant de donner notamment l’exemple d’une publicité Volkswagen de 1964. Sous le message «Tôt ou tard, votre femme conduira, l’une des meilleures raisons d’avoir une Volkswagen» apparaît une voiture accidentée. Aujourd’hui, ce genre de cliché ne passerait plus, sauf s’il s’agit de faire le buzz.
La ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding, se réjouit de la participation au festival : «C’est la première édition et c’est déjà un grand succès avec 200 participants», assure-t-elle après avoir fait le tour de l’ensemble des ateliers. Elle rappelle que cet événement conclut un ensemble d’actions menées dans le cadre du centenaire de la démocratie pour les femmes. «Les jeunes discutent entre eux et essayent de trouver des solutions, c’est très important», constate-t-elle après les avoir rencontrés. «Il faut continuer sur ce chemin.» Elle insiste : «Il faut que les jeunes se manifestent et se battent pour leurs droits. Cette journée montre que, contrairement aux critiques qui sont faites à leur encontre, ils sont intéressés par la politique et s’engagent.» Durant l’après-midi, la ministre a participé au débat interactif organisé par le Parlement des Jeunes et la Conférence nationale des élèves. Une nouvelle édition du Rock de Rack devrait avoir lieu l’année prochaine.
Audrey Libiez
Plongée virtuelle dans l’histoire des femmes
Pour donner plus de poids à la mémoire des femmes qui ont marqué l’histoire, le C2DH (Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History) a proposé aux jeunes de s’immiscer virtuellement dans les mondes de ces dernières, par exemple dans le tombeau de Néfertari, la principale épouse de Ramsès II. Celle-ci a eu une énorme influence sur le monarque et lui a construit à sa mort un tombeau spectaculaire. La digitalisation de ce tombeau est particulièrement réaliste et précise, même la poussière vole autour de nous, sous la lumière de notre torche. Un excellent argument pour amener les jeunes à l’histoire.