Les réinscriptions étaient nombreuses. Puis Claude Meisch a annoncé la prolongation du congé pour raisons familiales jusqu’au 15 juillet et les parents des tout-petits ont fait marche arrière.
Les structures d’accueil pour les tout-petits s’apprêtent à reprendre leurs activités lundi prochain et, comme pour les écoles, avec des instructions particulières liées à la crise sanitaire. Les parents ont reçu les consignes qui émanent du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de l’Enfance, soit une quinzaine de pages. Comme partout ailleurs, rien ne sera comme avant et les parents sont d’ailleurs invités à signer un nouveau contrat temporaire valable du 25 mai au 15 juillet.
Maman de deux enfants, frontalière, Virginie devait prendre une décision, lundi, concernant son plus jeune enfant inscrit dans une crèche au Luxembourg. «Ma fille de 4 ans est inscrite en première année de maternelle dans une école en France et la mairie nous a informés aujourd’hui que l’école reste fermée et nous serons avertis le 26 mai de son éventuelle réouverture le 2 juin», explique-t-elle.
Virginie se réjouissait de reprendre son travail. «Je n’ai pas signé de contrat mère au foyer», lâche cette maman, salariée dans le secteur social au Luxembourg. L’ouverture des crèches le 25 mai lui avait donné de l’espoir, mais l’annonce faite par sa commune de résidence en France l’a ruiné lundi matin. Du coup, les parents ont renoncé au contrat temporaire avec la crèche au Luxembourg et Virginie restera à la maison pour garder les deux enfants. «Je doute d’une réouverture de l’école le 2 juin, mais on verra», ajoute-t-elle.
Cinq enfants maximum par salle
L’idée de savoir ses enfants à la crèche ou à l’école sans avoir le droit de jouer avec d’autres enfants ni de se toucher ne lui paraissait pas non plus être la meilleure méthode de resocialisation qui soit. «Je me demandais si mon bébé d’un an allait passer dix heures à la crèche sans un seul câlin, mais les éducatrices m’ont rassurée sur ce point», raconte Virginie.
Les personnels, obligatoirement protégés par des masques, vont retrouver leurs gestes avec certaines barrières qui ne devraient pas faire obstacle aux câlins. «Il convient de rappeler que dans un contexte de crise sans précédent le rôle principal des structures d’accueil pour enfants consiste surtout à promouvoir des actions qui permettent à l’enfant de retrouver ses repères, dans le but de revenir à la normalité le plus rapidement possible», explique le ministère dans sa note à l’adresse des parents et des professionnels.
Sur le terrain, les structures d’accueil s’organisent pour respecter les conditions de réouverture dont un maximum de cinq enfants par groupe et par salle de séjour agréée tout en respectant un espace toujours établi de 4 m2 par enfant. Le dortoir est exclusivement réservé à un groupe d’enfants et est limité aussi à cinq enfants maximum. Il est évident que certaines structures ne pourront pas aménager leurs locaux pour être dans les clous.
Soutien financier de l’État poursuivi
Celles qui accueillaient une vingtaine d’enfants ne peuvent pas improviser quatre salles en un claquement de doigts. Même si la structure dispose d’une salle de 100 m2, elle ne peut y accueillir que cinq enfants. Beaucoup de structures n’ont ni la place ni le personnel pour répondre aux conditions d’accueil et même si elles avaient la place suffisante, il leur faudrait engager du personnel pour encadrer des petits groupes sachant que les personnels ne peuvent pas intervenir dans un autre groupe. Il faut aujourd’hui par exemple trois personnes pour un groupe de cinq enfants à la place de deux personnes pour un groupe de huit enfants auparavant.
Mais les structures d’accueil pour les tout-petits ne sont pas submergées. Ou ne le sont plus, pour être plus juste. Avant l’annonce faite par le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, accordant une prolongation du congé pour raisons familiales jusqu’au 15 juillet, les parents avaient tous émis le souhait de placer leurs enfants à la crèche pour pouvoir aller travailler. Les personnels avaient même paniqué car ils devaient faire un choix pour respecter la limitation des places.
Finalement, la majorité des parents se sont désistés. Le gouvernement ayant décidé de jouer les prolongations pour les parents d’enfants âgés de moins de 4 ans, la reprise dans les crèches sera faussée. Sans compter que parmi les personnels, certains profiteront aussi de la possibilité de garder son enfant à la maison jusqu’au 15 juillet.
En attendant, l’État garantit aux structures un soutien financier minimum qui correspond à 100 % de l’aide maximale de l’État appliquée aux heures fixées dans les contrats d’éducation et d’accueil signés par les parents avant la suspension des activités.
Geneviève Montaigu