Installé depuis le printemps dernier dans les locaux d’une ancienne menuiserie à Esch-sur-Alzette, le tiers-lieu Facilitec, qui sert de QG aux jeunes entreprises et associations engagées dans la transition écologique, sera inauguré ce samedi.
En 2018, l’association Transition Minett récupère les clés de la menuiserie Muller, à l’abandon depuis une dizaine d’années, avec l’idée d’en faire un tiers-lieu dédié à l’économie circulaire et la transition écologique. Ils sont alors une dizaine à se regrouper pour retaper la vielle bâtisse délabrée.
«On voulait un bâtiment partagé, un endroit qui soit gouverné par un collectif», raconte Caroline Holz, coordinatrice Facilitec. Très vite, une vingtaine de volontaires supplémentaires rejoint la communauté qui parvient à transformer le local vétuste en un espace chaleureux abritant divers projets : de jeunes entrepreneurs couvés par l’incubateur CoBees, le service Reconomy du CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg) mais aussi des espaces de réunions, un FabLab ou encore un Repair Café.
Démolition déjà prévue
L’inauguration officielle prévue ce samedi en présence des différents partenaires et soutiens qui ont rendu cette aventure possible est l’occasion de penser à l’avenir : «La maison sera démolie d’ici cinq ans pour faire place à de nouvelles habitations. Donc on sait déjà qu’on devra trouver un autre endroit. Mais on ne se fait pas de souci, les espaces en transition ne manquent pas», note Caroline Holz. Cet usage temporaire fait aussi partie de la philosophie du tiers-lieu : «Ça permet de changer la vision du quartier dans son ensemble. On amène un peu de vie là où il n’y en avait plus», poursuit-elle.
La communauté évolue en permanence et compte, parmi ses membres les plus actifs, une poignée d’entrepreneurs qui se lancent dans le social-solidaire, des étudiants, des porteurs de projet et même des voisins. «Facilitec est avant tout un laboratoire vivant : on teste et on apprend», résume la coordinatrice. «Ce qui fait notre particularité, c’est avant tout la dynamique collective. Un réel besoin sociétal de s’unir autour d’un projet commun. On ne sait jamais trop ce qui va se passer!»
Du côté des jeunes pousses, trois jeunes entrepreneuses ont choisi d’installer leurs bureaux dans la maison : il y a Kasia, qui publie chaque trimestre un magazine dédié au développement durable, Ahoua, qui fabrique des soins corporels naturels et éthiques en coopération avec des femmes de Côte d’Ivoire, ou encore Emma qui accompagne le développement de logements intergénérationnels et participatifs.
«Ce lieu vit à nouveau»
Dans les étages, elles côtoient Anne-Cécile, coach de vie, Christina, en master Architecture du paysage, qui étudie l’héritage post-industriel, ou encore Didier, qui propose des déambulations commentées en forêt.
Et pour finir, les bricoleurs de l’atelier, au rez-de-chaussée, dont Guy Deitz, qui habite la maison voisine. Le jour où la bande s’est installée, il est passé dire bonjour et ne les a plus jamais quittés : «Je leur ai demandé s’ils avaient besoin d’aide, et depuis deux ans, je suis là tous les matins!», s’amuse ce retraité qui dit avoir noué de véritables amitiés. Si bien qu’il a installé une porte battante entre son jardin et la terrasse de Facilitec. «Ce lieu vit à nouveau, et c’est une bonne chose.»
Ce samedi après-midi, des représentants de la Ville d’Esch, de l’Oeuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte, du ministère de l’Environnement, et de Tracol, propriétaire des lieux, sont attendus pour une visite et quelques discours, avant un concert festif à 18 heures pour marquer cette pendaison de crémaillère.
Christelle Brucker