Cours et examens en ligne, peu ou point de contacts, pas de sorties ludiques : le quotidien des étudiants en cette période de pandémie est très monotone. Tour d’horizon.
Le Covid-19 leur est tombé sur la tête. «On était réunis en assemblée générale lorsque le mail est tombé. L’université nous a annoncé que les cours allaient être dorénavant dispensés en ligne. Le grand exode des étudiants luxembourgeois a alors commencé», se rappelle Pit Bechtold, membre du comité du Cercle des étudiants luxembourgeois à Zurich (LSZ). On est alors en mars 2020. Contrairement au Luxembourg, la situation sanitaire était déjà bien plus tendue à ce moment-là en Suisse. Bon nombre de jeunes Luxembourgeois ont donc préféré s’organiser pour rentrer au pays.
À quoi ressemble la situation, près d’un an après le début de la pandémie de coronavirus ? «On reçoit très peu de retours négatifs», note Michelle Heyder, vice-présidente de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (ACEL). La très grande majorité des universités et autres établissements d’études supérieures ont trouvé leurs marques. «Cela a été plus compliqué au départ, mais entretemps aussi bien les profs que les étudiants ont eu le temps de s’adapter à la nouvelle situation. Les cours qui sont donnés en ligne sont mieux préparés», relate la porte-parole de l’ACEL.
L’épreuve des examens
Traditionnellement éparpillés à travers l’Europe entière, les étudiants luxembourgeois peuvent témoigner de la situation dans de nombreux pays. Le Quotidien a pu s’entretenir avec des jeunes qui suivent leurs études supérieures en Allemagne, France, Suisse, Pays-Bas et Royaume-Uni (lire ci-contre). Ils nous confirment que les cours en ligne restent la règle en ce début d’année 2021. «Les modèles varient selon les pays et les universités. On peut néanmoins constater que très peu ont tenté un modèle hybride, c’est-à-dire un mélange entre cours en présentiel et cours à distance», note Michelle Heyder.
Après la réorganisation des cours, la tenue des examens a constitué le deuxième défi majeur. Là, les universités ont bien alterné entre le présentiel et le virtuel. «Selon les informations que nous avons pu récolter, la plupart ont tenté de ne pas mettre des bâtons supplémentaires dans les roues des étudiants», résume la porte-parole de l’ACEL. L’obligation de passer ses examens en présentiel a toutefois fait grincer des dents, notamment en Belgique. Dans d’autres pays et universités, la présence physique lors des examens a toutefois été saluée. «Les horaires des examens ont été adaptés. Les étudiants ont été répartis en groupes pour éviter des attroupements. Les gestes barrières ont également été respectés», affirme Justine Welter, membre du comité des étudiants luxembourgeois à Aix-la-Chapelle (AVL).
Confinés au Luxembourg
Le printemps et l’été évacués, une lueur d’espoir a fait son apparition lors de la rentrée en automne. L’accalmie sur le front sanitaire a mis en perspective une année universitaire plus classique. Mais la situation s’est rapidement inversée. Conséquence pour les étudiants luxembourgeois : un très grand nombre sont actuellement au Grand-Duché pour suivre leurs cours en ligne depuis leur berceau familial. «Ils sont très nombreux à être restés au pays. On ne les a pas vus dans leur université depuis le début de la pandémie», font remarquer Mara, Tessy et Laura, trois Luxembourgeoises qui suivent leurs études à Londres. «Cela renforce encore le sentiment de solitude.»
Cette solitude, provoquée par l’isolement, que ce soit au Luxembourg ou dans les différentes villes universitaires, commence à peser lourdement sur le moral des étudiants. «La situation n’est pas évidente. Elle est même très dure à supporter. Depuis fin octobre, on est repassé aux cours en ligne. On est arrivé au point où l’on se dit que quelque chose doit changer», déplore Christelle May, la présidente de l’Association des Luxembourgeois aux universités de Strasbourg (ALUS). «On n’a plus de pause. Toute ta journée tourne autour des cours. Tu n’as aucun moyen de te défouler», ajoute Thomas Nieuwenhuis, qui préside lui le Cercle des étudiants luxembourgeois aux Pays-Bas (LSNL).
L’ACEL suit l’évolution avec inquiétude. «Jusqu’à présent, la communauté estudiantine a assez bien géré la situation. Au vu des restrictions strictes qui existent dans les différents pays, le moral va cependant encore baisser. L’impact mental de la pandémie risque de s’agrandir dans les semaines et mois à venir», avance Michelle Heyder.
Comme dans bon nombre d’autres domaines de la société, le manque de perspectives fait souffrir les étudiants. «Tous nos examens ont été annulés jusqu’au 14 février. Personne ne sait encore aujourd’hui quand et comment ils seront reprogrammés. Cela amène à des tensions», indique Justine Welter. «Le décrochage est très important», complète Christelle May.
L’ACEL et ses cercles se mobilisent
Au manque de perspectives s’ajoutent les restrictions de voyage, les difficultés à décrocher un stage (lire en page 3) ou un job étudiant. «La situation financière des étudiants est encore assez stable. S’ils sont privés d’un second été sans possibilité de travailler, on risque de connaître plus de cas d’étudiants en détresse financière», met en garde Michelle Heyder.
L’ACEL compte dresser courant mars un point global de la situation avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Claude Meisch. Sur la table se trouvera notamment la possibilité d’adapter les critères pour obtenir la bourse sociale, partie intégrante de l’aide financière que l’État octroie aux étudiants. Autre point à l’ordre du jour : l’ajout d’un semestre supplémentaire pour lequel l’étudiant sera éligible à toucher l’aide financière. «Pour l’année 2020/2021, chaque étudiant touchant une bourse s’est vu accorder un semestre de compensation au vu des difficultés à boucler les cours. Un mécanisme semblable est peut-être à envisager pour cette année académique 2021/2022», annonce la vice-présidente de l’ACEL.
En attendant, les cercles d’étudiants vont tenter d’encadrer et de guider au mieux leurs membres. «On tente de faire au mieux. Par la force des choses, nos activités de rencontre sont virtuelles. Nous avons ainsi organisé une soirée quiz, mais aussi une fête de la bière. Le cercle a livré des bouteilles aux membres intéressés. On prend aussi un verre en ligne», raconte Justine Welter. Cet exemple en provenance d’Aix-la-Chapelle est suivi dans de nombreuses autres villes universitaires. Or rien ne peut remplacer la véritable vie estudiantine. Un retour à la normale est attendu de pied ferme.
David Marques