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Étude sur la mobilité au Luxembourg : la voiture, une reine à renverser


La première échevine, Sam Tanson (2e à d.), regrette que les habitants de la ceinture de Luxembourg n'utilisent pas plus les transports en commun. (photo archives LQ)

La capitale a commandé à l’Institut de sondage TNS Ilres une étude portant sur la mobilité sur son territoire. Résidents de Luxembourg, du pays et frontaliers ont été interrogés.

La première échevine, Sam Tanson (déi gréng), dont la mobilité n’est pas le moindre des portefeuilles, a été surprise par l’utilisation très modérée que font les habitants des communes voisines des transports en commun.

Le Quotidien : Finalement, cette étude nous apprend ce que l’on savait déjà  : l’usage de la voiture est toujours largement privilégié…

Sam Tanson  : Bien sûr, nous savons que nous sommes très dépendants de l’automobile et il y a trop de voitures par rapport à nos capacités. Cette étude est très importante car elle nous permet de chiffrer les habitudes. Ces usages sont désormais quantifiés et cela va nous aider à travailler pour améliorer la situation. On l’a vu lors des discussions autour du budget, la mobilité est –  avec le logement  – l’un des plus gros sujets de débat.

Justement, comment jugez-vous les comportements des habitants de la capitale?

Il est plutôt bon  : 50  % (*) prennent le bus, 15  % (**) leur vélo. Beaucoup de choses se sont passées ces dernières années au niveau de la mobilité et les habitants en profitent.

Par contre, l’étude montre que les habitudes des habitants de la couronne ne sont pas des plus vertueuses…

Oui, et je dois dire que c’est une surprise pour moi. Je ne m’attendais pas à de tels chiffres (***). Pourquoi est-ce que les habitants des communes voisines n’utilisent pas les bus? Je n’en sais rien… Les lignes de bus, qui sont très souvent les nôtres (AVL), desservent pourtant aussi ces quartiers qui se trouvent pour la plupart dans une continuité urbanistique avec Luxembourg.

On ne peut pas dire que, pour eux, il n’y a pas d’autres solutions, nous avons fait beaucoup d’efforts pour créer un réseau performant… Il va falloir que l’on se concerte davantage avec ces communes pour amorcer des changements d’habitudes. C’est un défi.

Lire aussi : Seul un tiers des frontaliers français viennent au Luxembourg en voiture

 

L’étude montre également que beaucoup d’habitants possèdent un vélo. S’agit-il d’un potentiel inexploité selon vous?

Le parc de vélos est effectivement très important (****), c’est encourageant. C’est aussi pour cela que nous organisons le programme « Mam Vëlo op d’Schoul » qui incite les parents et les enfants à se rendre à l’école en utilisant le vélo.

Cette étude est intéressante, mais elle ne fait que quantifier des comportements que l’on connaît déjà dans les grandes lignes…

Il s’agit d’un sondage brut, oui. Je pense effectivement que, dans un deuxième temps, il faudra aussi demander « pourquoi? » aux personnes interrogées. Nous sommes de toute façon convaincus qu’il faudra renouveler ce type de sondage pour analyser l’évolution des comportements.

Avec l’arrivée du tram, qui prendra ses premiers passagers dans un an, de grands changements sont à venir. Il sera intéressant de renouveler ce sondage dans deux ans pour évaluer l’impact des nouvelles offres de transport. La comparaison avec les résultats obtenus cette année sera certainement très intéressante.

Erwan Nonet

(*)  : 20  % tous les jours ou presque, 12  % 4 à 5 jours par semaine, 5  % 2 à 3 jours par semaine, 6  % 1 jour par semaine, 3  % 1 jour tous les 15  jours et 4  % 1 jour par mois.

(**)  : 5  % tous les jours ou presque, 2  % 4 à 5 jours par semaine, 8  % 2 à 3 jours par semaine, 9  % 1  jour par semaine, 3  % 1  jour tous les 15  jours, 2  % 1 jour par mois.

(***)  : 80  % utilisent la voiture pour leurs déplacements (50  % tous les jours ou presque, 20  % 4 à 5  jours par semaine), 10  % 2 à 3  jours par semaine) et 30  % prennent le bus (9  % tous les jours par semaine, 11  % 4 à 5 jours par semaine, 9  % 2 à 3 jours par semaine).

(****)  : 44  % des ménages possèdent au moins 1  vélo et 18  % comptent un VTT qu’ils n’utilisent pas sur la route.

Parking, voiture et abonnement

• Les parkings au travail, un problème?

Ce point a été évoqué par Sam Tanson. En effet, 69  % des sondés ont à leur disposition une place pour se garer sur leur lieu de travail (59  % en Ville, 83  % dans la couronne, 76  % dans une autre commune). «Lorsque l’on a cette possibilité, le choix de se rendre en travail en voiture est compréhensible. C’est plus confortable, reconnaît la première échevine. Nous ne sommes pas contre le fait que les entreprises mettent des parkings à la disposition leurs employés, mais il faudrait mener une réflexion pour les inciter à privilégier les alternatives. »

• Au moins une voiture dans 97  % des ménages

Ce n’est pas une nouvelle, mais la voiture est omniprésente dans nos foyers  : 97  % des sondés en possèdent au moins une (95  % des résidents luxembourgeois, 98  % des habitants de la couronne et 98  % des habitants du reste du pays et des frontaliers). Très logiquement, 95  % des personnes interrogées possèdent le permis de conduire pour voiture.

• 37  % possèdent un abonnement de transports publics

« La proportion des personnes interrogées qui possèdent un abonnement est finalement assez élevée », estime Charles Margue, le directeur de TNS Ilres. Les habitants de Luxembourg sont mêmes majoritaires  : 51  %. Le sondeur pense que le prix du billet, extrêmement bon marché (notamment sur les longs parcours), n’incite pas les utilisateurs occasionnels à prendre un abonnement.

Méthodologie

Pour réaliser cette étude, TNS Ilres a interrogé 2  233  personnes âgées de 18 à 75  ans (1  078 hommes et 1  155 femmes), représentatives de la population du Luxembourg, selon ses propres termes.

Quelque 990 sondés habitent dans la capitale, 541 dans sa couronne (Leudelange, Hesperange, Bertrange, Strassen, Steinsel, Walferdange, Contern, Niederanven, Sandweiler et Schuttrange) et 146 sont des frontaliers qui exercent une activité professionnelle au Luxembourg et qui traversent la Ville pour se rendre sur leur lieu de travail.

L’étude a également questionné spécifiquement 655  enfants de 3 à 15  ans. Toutes les interviews ont été réalisées par internet ou par téléphone entre le 21  avril et le 4  mai derniers.