Depuis 2015, près de 700 patients atteints de la maladie de Parkinson et 740 personnes en bonne santé ont participé à l’étude initiée par le FNR. Le programme de recherche vise à identifier les causes exactes de la maladie pour permettre un diagnostic précoce, un traitement efficace et la mise en oeuvre de mesures préventives. Vendredi, c’était l’heure des premiers résultats ce cette étude qui s’étendra jusqu’en mai 2023.
« Madame, vous avez la maladie de Parkinson. C’est une maladie qui ne se guérit pas, mais qui se soigne.» Corinne avait 46 ans quand le neurologue lui a posé le diagnostic de la maladie de Parkinson. Elle n’est pas près d’oublier ce jour-là. C’était fin 2013. «Ce jour a transformé ma vie», confie-t-elle. Aujourd’hui, elle est l’une des 695 patients qui participent à l’étude menée par le Centre national d’excellence en recherche sur la maladie de Parkinson (NCER-PD), créé au printemps 2015 sur initiative du Fonds national de la recherche (FNR) avec cinq partenaires.
Le programme de recherche vise à comprendre le mécanisme de la maladie afin de permettre un diagnostic plus rapide et de développer de meilleurs traitements pour les personnes affectées. «On est convaincu qu’il n’existe pas qu’une seule forme de la maladie. En étudiant des sous-groupes de patients, nous pourrons mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et contribuer au développement de thérapies adaptées», a souligné, vendredi matin, le Pr Rejko Krüger.
1000 cas au Grand-Duché
À la tête de l’équipe qui mène depuis quatre ans l’étude, le chercheur et docteur au CHL a présenté les principales réalisations et les grands axes qui seront suivis d’ici 2023. «C’est un projet qui ne se cantonne pas aux équipes de recherche. Dès le départ, il y avait l’objectif de l’étendre au secteur qui touche les soins», a précisé Marc Schiltz, le secrétaire général du FNR. L’étude s’était fixé comme objectif d’inclure 800 patients, soit la quasi-totalité des quelque 1 000 personnes souffrant de cette maladie au Luxembourg ainsi qu’un groupe de 800 personnes en bonne santé. «La plupart ont pu être recrutés», se réjouit le Pr Krüger en soulevant qu’après quatre ans, l’étude luxembourgeoise fait partie des plus grandes cohortes sur la maladie de Parkinson dans le monde.
Suivi annuel pour les patients
Autre caractéristique clé de l’étude luxembourgeoise : tous les patients font l’objet d’un suivi annuel – pour les «patients témoins», c’est tous les quatre ans –, ce qui donne aux chercheurs des informations sans précédent sur la progression de la maladie. Dans un premier temps, ce sont les molécules contenues dans le sang et la composition de la communauté microbienne dans l’intestin qui ont été analysées. «Les différences au niveau de l’intestin entre les personnes atteintes de Parkinson et les autres participants nous livrent un premier indice», illustre le Pr Krüger. «Nous partons du principe que d’ici fin 2019 tous les patients qui ont Parkinson au Luxembourg auront participé à l’étude», poursuit-il.
Jusqu’en 2023 qui constituera la deuxième phase de l’étude, l’équipe de recherche, qui se compose d’une soixantaine de personnes (auxquelles il faut ajouter d’autres collaborateurs), s’appuiera sur les résultats scientifiques obtenus et mettra l’accent sur la stratification des patients et les thérapies. Les patients seront toujours suivis. «Leurs données sont importantes pour étudier la progression de la maladie.»
Toujours à la recherche de personnes témoins
Le tremblement est l’un des symptômes de la maladie de Parkinson, souvent le plus connu du grand public. Mais il existe d’autres signes avant-coureurs. «Un pourcentage élevé de personnes atteintes de troubles du sommeil paradoxal (rêves agités) développent ensuite la maladie de Parkinson.» Les chercheurs espèrent qu’une surveillance étroite de cette cohorte apportera des connaissances sur ces signes avant-coureurs de la maladie. À l’heure actuelle, l’étude est toujours à la recherche de 100 patients et aussi de 100 personnes non atteintes de la maladie et âgées de plus de 65 ans.
« Vaincre ensemble cette maladie »
Gérard est l’une des 740 personnes en bonne santé qui y a participé, il témoigne : «Nous voulons vaincre ensemble cette maladie. Nous voulons tous aider afin de trouver une solution. C’est ce qui m’a motivé à participer à cette étude.» Les candidats peuvent décider à quels examens ils souhaitent participer. «Ça commence par un test de l’odorat où je devais différencier 16 échantillons, se souvient Gérard. Ensuite il y a eu des tests d’adresse, de concentration, de dextérité.» Enfin, les analyses de laboratoire sont effectuées à partir d’échantillons de sang, d’urine et de salive.
Le FNR alloue 6 millions d’euros supplémentaires
Au cours des quatre dernières années, le FNR a engagé 8,3 millions d’euros dans le programme de recherche. Pour la deuxième phase (jusqu’en 2023), il y aura six millions d’euros supplémentaires. À noter que les partenaires apportent aussi des moyens. Pour le secrétaire général du FNR, Marc Schiltz, il s’agit d’un «projet unique à bien des égards : c’est un projet qui s’inscrit dans la durée, à la différence de nos projets habituels. Et il fédère un certain nombre d’acteurs : Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), Laboratoire national de santé (LNS), Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB), Luxembourg Institute of Health (LIH) et Integrated Biobank of Luxembourg (IBBL).» Enfin, le NC-ERPD collabore avec les hôpitaux, associations de patients, les autres prestataires de soins au Luxembourg et dans la Grande Région.
Fabienne Armborst