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Esch/Alzette : Jean-Paul Steffen, une vie au bord de l’eau


Jean-Paul Steffen : «Ado, Je prenais mon vélo depuis Schifflange tous les dimanches pour aller aux Bains d'Esch-sur-Alzette.» (photo Julien Garroy)

Jean-Paul Steffen est la figure des Bains du Parc d’Esch-sur-Alzette. Le gérant technique est aux manettes depuis plus de 40 ans de service. De la piscine d’antan aux évolutions d’aujourd’hui, il raconte.

On a voulu le convaincre de poser devant le feu vert du toboggan, pour son départ à la retraite. Une nouvelle glisse, une nouvelle vie. Mais le gérant technique des Bains eschois ne s’est pas prêté au jeu. « Vous savez quoi? En 42 ans de métier, je ne suis jamais monté sur le toboggan! » Plutôt frileux, Jean-Paul Steffen? « Question de goût. Même la baignade, je n’en suis pas trop fan. J’y vais pour faire plaisir à mes petits-enfants, voilà tout .»

La passion du technicien est ailleurs : bichonner ses bassins, s’assurer que l’accueil est parfait, arpenter les dédales de la doyenne des piscines du Sud dont les lignes Art déco séduisent immanquablement.

Un ouvrage symbole du bon goût de l’ère sidérurgique. « Les Bains du Parc sont beaux, lâche Jean-Paul. Si on m’avait dit que je ferai toute ma carrière ici, je n’y aurais pas cru. » Il va faire froid dehors, maintenant que sonne l’heure de la retraite. Les piscines sont comme des cocons : on y croise des gens bien portant, l’atmosphère est douce, l’eau à bonne température. Des vestiaires aux saunas, tout renvoie au plaisir millénaire de se prélasser dans l’eau. Jean-Paul, qui a des étiquettes partout à son nom (portes, casiers de rangements, etc.), a été aux premières loges de ce spectacle.

Cette semaine, il organise le dernier grand nettoyage de rentrée des Bains. L’opération va durer jusqu’au 14 septembre. « On vide les bassins, on refait le silicone, les carrelages, les filtres et on remet 800 m 3 d’eau .»

Derniers souvenirs avant le départ

Le long des bassins, dans le bruit des appareils de nettoyage, une certaine effervescence règne. Ce carénage est un marqueur de la rentrée. Jean-Paul y assiste comme si de rien n’était. Mais ses yeux se posent partout, comme pour engranger un maximum de souvenirs. C’est qu’on ne quitte pas un tel navire facilement. Jean-Paul, fils du fameux joueur de la Jeunesse Jos Steffen, côtoie l’établissement depuis son adolescence. « Je prenais mon vélo depuis Schifflange tous les dimanches matins pour aller aux Bains .» En 1975, on lui propose d’intégrer l’équipe technique des Bains du Parc, encore appelés «Bains municipaux.»

Une décision que le chauffagiste de formation ne regrettera jamais. Ses premières années ressemblent à un film d’antan ( lire ci-contre ). Les années 90 furent un tournant plus rude. « Toutes les villes du Sud lançaient leur piscine, avec des projets modernes .» La fréquentation décline à Esch. En 1998, le conseil échevinal décide de moderniser les Bains, qui ne rouvriront qu’en février 2003.

Une délivrance pour les équipes. « On avait carrément sabré le crémant depuis le plongeoir », sourit Jean-Paul. Depuis, le public est revenu et chaque année, de nouveaux travaux modernisent l’équipement (un bar au sauna en 2015 par exemple). Ce n’est pas la fréquentation monstre d’Aquasud à Differdange. Mais une clientèle familiale et des nageurs qui privilégient le calme.

Hubert Gamelon

La piscine dans les années 60

Jean-Paul a connu les Bains eschois lors des plus hauts pics de fréquentation, lorsqu’il était lui-même ado, dans les années 60.

«On pouvait acheter des tickets d’une demi-heure, simplement pour prendre un bain, ou d’une heure, pour se baigner dans le grand bassin. Les clients avaient des bracelets avec des numéros. Une dame tenait un tableau manuscrit. Lorsque le numéro porté au poignet était écrit, il fallait sortir et céder sa place. C’était une autre époque, la piscine n’était pas un loisir aussi diversifié qu’aujourd’hui. Mais elle était moins chère, on y aller comme ça, sans réfléchir.»