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Esch-sur-Alzette : un magasin entièrement consacré à la Chicha


Shamoon Yaco, le jeune directeur du nouveau magasin eschois Shisha Shop. (Photo : Editpress)

Le premier magasin destiné aux fumeurs vient d’ouvrir, confirmant une nouvelle tendance.

La Tabathèque d’Esch-sur-Alzette vendait déjà ces pipes orientales. Mais là, c’est un magasin spécialisé qui ouvre. Le signe d’une tendance émergente, que décrypte le gérant.

Le magasin illustre la nouvelle tendance des milieux festifs luxembourgeois : se retrouver autour d’une pipe à eau, pour quelques bouffées exotiques entre amis. Le Shisha Shop a ouvert lundi, à Esch-sur-Alzette, rue du X-Septembre. Son propriétaire, Shamoon Yaco, a fermé son échoppe de Dudelange (inaugurée un an plus tôt) pour s’installer dans la Métropole du fer. « Je ne trouvais pas ma clientèle , explique le jeune homme d’origine irakienne. Dudelange est peut-être trop petit. Luxembourg est une ville où le créneau de la chicha est déjà occupé… Je me suis dit pourquoi pas Esch? »

Veston en cuir, sourire en coin, français parfait et poli : à tout juste 27 ans, Shamoon étonne par son sens du business. « En Allemagne, cela fait une dizaine d’années que la tendance est bien ancrée , analyse-t-il. Au Luxembourg, les bars à chicha existent depuis trois ou quatre ans (NDLR : son oncle en tient un à Rumelange).

Mais les magasins dédiés sont très nouveaux, je suis sur un créneau porteur .» Au premier contact, Shamoon s’était montré réticent. « Si c’est pour en parler négativement, ça ne sert à rien. » Nous lui avions répondu que c’est le phénomène de société qui nous intéressait, pas de faire la morale aux lecteurs. À qui on n’apprendra rien en répétant que le tabac à chicha est aussi nocif que la cigarette : le consommateur n’avale pas la fumée mais fume plus longtemps. « Honnêtement, embraye Shamoon pour fermer sur le sujet, mes clients sont déjà coutumiers des bars à chicha. À Dudelange, je n’ai jamais vu un non-fumeur pousser la porte du magasin .»

Quelle est la clientèle séduite alors? « Peu de Luxembourgeois , détaille Shamoon. En Allemagne, ce sont beaucoup les Turcs, mais ici, ils sont peu nombreux. Les habitants de l’ex-Yougoslavie aiment assez en revanche, ils constituent une bonne partie de la clientèle. Ceux qui ont des origines orientales aussi, ça va sans dire. » Shamoon explique qu’en Irak la chicha permet de passer du bon temps entre amis. Ce n’est pas une mode, mais une tradition ancestrale. « La chicha parfume l’atmosphère », lâche-t-il avec poésie.

Un objet retravaillé pour séduire

La chicha est cependant passée par le relooking de la modernité. Les jeunes veulent des objets plus stylés que l’habituel vase orientalisant, surtout en Europe. Au Shisha Shop, par exemple, on trouve des pipes en forme d’ananas, de lanternes colorées ou encore floquées de l’emblème du FC Barcelone. « Je vends aussi des modèles traditionnels que j’importe de Jordanie , glisse Shamoon. La chicha est faite pour un usage occasionnel, le reste du temps, elle sert d’objet de décoration .» Autant la choisir à son goût.

Quant au parfum de tabac, c’est un autre voyage. Le mélange à chicha n’a rien à voir avec un tabac à pipe hollandais. Il s’agit d’une mixture collante de tabac, mélasse (résidu de sucre) et différents arômes. Les plus connus sont la menthe et la pomme. Mais là encore, l’exigence de modernité a fait son œuvre : on trouve dans les rayons de la pastèque, du melon et même de la mélasse goût mojito, que l’on peut rafraîchir par un système de tube glacé! Les paquets de 50 grammes (4 à 5 chichas) sont à 5,50 euros.

On imagine que ces saveurs visent à séduire la jeunesse fêtarde, ce qui est un paradoxe pour un objet traditionnel et ancien. Un peu comme si les pipes de bruyère de nos arrière-grands-pères revenaient à la mode… Rien ne dit que le phénomène prendra comme en Allemagne cependant. En France, les bars à chicha vivotent et attirent une clientèle trop ciblée pour se développer. Shamoon, lui, prend les événements un par un et croit en son business. « Souvent je fume une chicha le samedi soir avec mes amis, avant d’aller en soirée. » Ça le relaxe. Il bosse « beaucoup » et il veut « réussir au Grand-Duché .»

Hubert Gamelon