L’école du Brill teste un dispositif étonnant : l’école en forêt. Une vingtaine d’enfants ont école tous les jours dans les bois. Peu importe le temps !
Avec le froid du moment, on ne pensait pas les trouver dehors. Eh bien si : les enfants de l’école en forêt d’Esch-sur-Alzette sont bien là. Au milieu des aulnes, aux confins des Terres Rouges. «Nous avons un local de repli, explique Claude, professeur du précoce à l’école du Brill. Mais nous rentrons rarement.» Tamara, l’éducatrice, ne dit pas mieux : «Même quand il pleut, ce n’est pas gênant. Nous sommes à l’abri au milieu des arbres.»
L’école en forêt, dont le principe est d’enseigner dans la nature pour en retirer différents bénéfices (concentration, motivation, etc.), est un concept étonnant. Depuis septembre, 24 enfants de l’école du Brill l’expérimentent. «Ce sont des parents qui ont volontairement mis leur enfant dans ce dispositif», insiste Marc Pierrard, le président de l’école du Brill. De plus,tout est vérifié d’un point de vue sanitaire et sécurité.» Lors de la récente tempête, les agents de l’administration de la Nature et des Forêts (ANF) ont par exemple contrôlé tous les arbres autour du tipi de classe. Eh oui, un vrai tipi d’Indiens ! L’endroit sert de point de rassemblement pour les activités en commun (contes, dessins, appel du matin, etc.).
Comment est née cette idée ? Seules quelques écoles du nord du pays testent ce dispositif, en vogue dans les pays nordiques. «Tout est parti d’une réflexion des enseignants, explique Marc Pierrard. Nous cherchons toujours de nouveaux moyens pour répondre aux besoins de tous les enfants. Certains écoliers n’ont pas la même faculté de concentration que les autres. Et pas la même énergie non plus!» En clair, des élèves montés sur ressort qui ont besoin de grand air. «Au départ, la réflexion était tournée vers eux : le contact avec la nature assouvirait leur besoin de se dépenser. Puis, on s’est dit qu’il fallait ouvrir l’expérience à tous les enfants qui en avaient envie.»
Le même programme qu’en classe
L’idée a germé au mois de mai dernier. À la rentrée, le Brill a délocalisé en forêt deux classes : une précoce et une du fondamentale. Depuis septembre, le bus de ces élèves pousse le trajet jusqu’en forêt. «Les horaires sont modifiés, glisse Claude, le professeur. Les enfants sont là de 9h à 12h30 du lundi au vendredi.» Le programme, en revanche, est sensiblement le même qu’en classe : développement de l’autonomie, de l’apprentissage du langage, de la sociabilité, de la sensibilité aux arts plastiques. «Sauf que l’environnement pousse à être plus inventif», assure Tamara, l’éducatrice. Le jour où nous sommes passés, les écoliers faisaient de la peinture sur… glaçons !
Parfois, l’école en forêt prend un aspect très pratique. «L’hiver quand ils arrivent, les enfants commencent par allumer un feu», précise le président de l’école. Cette école en forêt semble à mi-chemin entre l’éducation classique et les scouts. Cinq mois après sa mise en place, l’école en forêt fait l’unanimité. «Nous avons invité les parents à venir la visiter, précise Claude. D’une façon nette, les enfants qui sont ici vont gagner en débrouillardise. Ils sont curieux de tout, l’air les rend vifs, c’est incroyable», confie le professeur qui a travaillé plusieurs années dans un circuit classique. On avoue qu’on reste parfois dubitatif, surtout par un froid pareil. «La commune a eu un rôle moteur dans l’opération», précise le président de l’école. Notamment en payant les combinaisons de ski des petits écoliers !
Hubert Gamelon