L’initiative citoyenne Esch-Hiehl se montre critique envers le projet immobilier Rout Lëns à Esch-sur-Alzette. Son vice-président, Guy Wilmes, explique sa vision des choses.
Risque d’engorgement de la rue d’Audun, interrogation sur le nombre de places de parking, des bâtiments de sept étages, deux tours de vingt étages, commerces : le projet préoccupe l’initiative citoyenne Esch-Hiehl.
Il est architecte de profession et se montre très inquiet face au projet immobilier qui doit voir le jour sur la friche sidérurgique Lentille Terres-Rouges. Guy Wilmes tire la sonnette d’alarme avant d’être reçu par le collège échevinal de la Métropole du fer, samedi, à l’hôtel de ville, pour faire part de ses griefs. «J’ai introduit une lettre de réclamation à la commune avant la date limite du 15 février et une réponse m’est parvenue hier (lundi)», explique-t-il. Ce sera l’occasion, pour lui d’exposer ses réserves quant à ce projet immobilier qui risque d’engendrer des nuisances pour les habitants des quartiers voisins, «notamment du fait qu’il n’y aura qu’un seul accès au site». Ainsi, dans le cadre de la procédure de plan d’aménagement particulier lancée par la commune, l’ASBL Esch-Hiel a déposé deux plaintes : l’une au nom de l’association et une autre au nom de son vice-président. Le projet prévoit la construction de 1 500 logements et de 1 500 m² de surfaces commerciales, le tout sur 160 000 m² de surface construite brute.
«Un accès unique pour 3 500 habitants…»
Le point que redoute le plus Guy Wilmes est celui de l’accès au site, qui seule la rue d’Audun permettra : «Le futur quartier, qui comptera 3 500 habitants, sera composé de logements, de commerces, de bureaux et d’une école… Or la rue d’Audun est déjà très empruntée, notamment par les frontaliers. Il existe donc un risque que cet axe soit sursollicité à l’avenir.»
L’architecte de profession a déjà lui-même proposé une solution pour créer un deuxième accès, laquelle a été rejetée : «Cette idée a été discutée en 2018 ou en 2019 dans les ateliers participatifs organisés par la commune et le promoteur immobilier. Il s’agissait d’entrevoir un second accès au futur quartier, par le crassier de Belval, en mettant éventuellement un bypass en place. Mais, désormais, depuis la présentation du ministre François Bausch, une piste cyclable est prévue à cet endroit, ainsi que le passage futur du bus à haut niveau de service (BHNS).»
De manière générale, Guy Wilmes déplore que «l’étude de la circulation en rapport avec la desserte du futur quartier promise par le collège échevinal n’ait jamais été faite». Il ajoute : «Les responsables communaux se cachent derrière l’étude à grande échelle du ministre François Bausch, étude qui n’a strictement rien à voir avec les problèmes dans les différents quartiers aux alentours.»
Craintes en matière de stationnement
Outre cette inquiétude liée à l’engorgement de la rue d’Audun, le vice-président de l’initiative citoyenne reste dubitatif par rapport aux places de stationnement. «Selon mes recherches et ma compréhension du PAP, le promoteur immobilier n’est aucunement tenu de réaliser la moindre place de stationnement dans le quartier, ce qui forcera certainement les automobilistes à chercher des places de parking dans les quartiers limitrophes. Sans parler des places de stationnement qui vont disparaître avec la construction de l’école, mais aussi en raison de la ligne de BHNS censée desservir Audun-le-Tiche. Si je résume : d’un côté, on réduit le nombre de places de stationnement et, de l’autre, on augmente la demande sans nullement en tenir compte», est d’avis Guy Wilmes.
Car parmi les autres critiques que compte bien mettre en avant Guy Wilmes, samedi à l’hôtel de ville, il y a aussi celle qui porte sur la création d’espaces commerciaux : «S’il n’y a pas d’emplacements de stationnement, le quartier deviendra un espace exclusivement piéton, réservé à la mobilité douce. Or, compte tenu du nombre de surfaces commerciales vacantes dans Esch, il est à craindre que la même situation ne se développe dans le nouveau quartier. Les clients de l’extérieur ne viendront pas et l’image du quartier n’en sera que plus triste», prédit-il.
Claude Damiani
Vingt étages en travers de la gorge
Le vice-président de l’initiative citoyenne Esch-Hiehl souligne que le projet prévoit «deux tours de vingt étages, qui seront érigées face aux résidents des rues voisines, à savoir les rues Barbourg, de la Lorraine et des Mines, par exemple, ce qui réduira considérablement la qualité de vie des citoyens». «Et même si on rabaissait ces tours à quinze étages, ce serait déjà trop!», conclut-il.