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Esch-sur-Alzette – La Gaymat s’est achevée en beauté


Devant un public ravi de s'en mettre plein les yeux, samedi... (Photo : Hervé Montaigu)

Le festival Gaymat s’est terminé, samedi, avec une marche de l’égalité et une fête à la Kulturfabrik dans une Métropole du fer tout acquise à la cause de la communauté LGBT.

Comme chaque année, une marche de l’égalité a traversé la rue de l’Alzette.

Au loin, un battement de tambour. Puis, au milieu des promeneurs rue de l’Alzette, un cortège apparaît. Samedi, partant de la place de la Résistance à Esch-sur-Alzette, pour aboutir place de l’Hôtel-de-ville, une marche de l’égalité a réuni plusieurs centaines de personnes pour la 16e édition du festival de la Gaymat. Le tout devancé par les majorettes de la ville.

La Gaymat est née en 1999 à l’initiative de l’association Rosa Lëtzebuerg, dont l’actuel ministre de l’Économie et de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, fut l’un des membres fondateurs. À ses débuts, la Gaymat (du luxembourgeois géih mat!, «viens avec nous») servait à faire connaître la cause de la communauté homosexuelle, bisexuelle et transgenre. Aujourd’hui, le festival se dirige contre toute forme de discrimination et fait partie intégrante du paysage culturel de la Métropole du fer. Les majorettes, qui guidaient le cortège, en sont la meilleure preuve. Ici, dans cette ville, la différence semble la norme, et l’identité sexuelle, un aspect de la vie comme un autre. Ainsi, cette année, la Gaymat a eu lieu sous le slogan «#for human rights» (pour la défense des droits humains).

Esch-sur-Alzette est une «Rainbow City»

Un collier de barbe, un décolleté : on se plaît à brouiller les cartes à la Gaymat.

Un collier de barbe, un décolleté : on se plaît à brouiller les cartes à la Gaymat.

Lundi, une gerbe avait été déposée au monument aux morts devant le musée national de la Résistance, pour commémorer les homosexuels morts en victimes du nazisme. «Comme vous le voyez au balcon de l’hôtel de ville, la commune d’Esch est habillée des couleurs du drapeau arc-en-ciel depuis lundi», a observé la bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, Vera Spautz, dans une allocution.

Et d’expliquer : «Lundi, il y a eu une innovation hautement symbolique : une cérémonie vraiment émouvante commémorant les victimes homosexuelles du régime nazi. Une première au Luxembourg», a souligné la bourgmestre, en ajoutant : «Si beaucoup de choses sont enfin acquises au Luxembourg, comme le droit au mariage et à l’adoption, il reste beaucoup à faire dans le domaine de la tolérance et de la normalisation absolue. Sans parler des pays moins chanceux en matière de tolérance, comme la Russie ou la Turquie qui se font remarquer de manière particulièrement négative.»

Pour Vera Spautz, la commune d’Esch-sur-Alzette regarde de l’avant sans oublier son passé. D’ailleurs, depuis cette année, il existe une convention entre la Métropole du fer et l’association Rosa Lëtzebuerg, garantissant durablement l’avenir de la Gaymat à Esch-sur-Alzette. Mais il y a autre chose encore, comme le précise la bourgmestre : «Nous avons voté à l’unanimité une motion grâce à laquelle Esch devient membre de « Rainbow City », le réseau des villes qui, chaque année, organisent une Gay Pride.»

Une minute de silence

Vera Spautz ajoute : «La sympathie que la communauté LGBT s’est construite au fil des ans à Esch se retrouve dans le soutien de l’association des commerçants, du syndicat d’initiative, des sponsors de la Gaymat et de toutes les associations présentes.»

Une minute de silence a suivi pour avoir «une pensée pour tous ceux qui, en raison de leur orientation sexuelle, sont devenus victimes d’agression, de persécution et parfois même de meurtre», comme l’expliquait l’animateur au micro. «Nous n’oublions pas non plus celles et ceux qui ont mis fin à leurs jours, ne supportant plus la pression ou le regard extérieur.» Alors les haut-parleurs ont diffusait le célèbre air Lascia ch’io pianga tiré de l’opéra Rinaldo de Georg Friedrich Haendel, qui dit : «Laisse-moi pleurer/ sur mon sort cruel/ et aspirer à la liberté!».

Frédéric Braun