Le démantèlement de l’ancienne centrale thermique se poursuit à l’entrée d’Esch-sur-Alzette. Les travaux s’achèveront en décembre. Le recyclage et le désamiantage sont au cœur du défi.
C’est un repère dans le paysage eschois depuis 1952 : la centrale thermique du lieu-dit «Crassier Terres-Rouges» est en plein démantèlement. ArcelorMittal, propriétaire du site, engage «plusieurs millions» d’euros pour valoriser un espace qui sera disponible d’ici 2019/2020, le temps de la dépollution du terrain.
La centrale, qui avait fermé en 1997, sera en revanche définitivement à terre dès le mois de décembre 2016. Un défi à tous les niveaux : désamiantage, recyclage du fer, sécurité du site contre les intrusions de curieux, etc.
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L’équipe du Quotidien a pu faire une visite de l’intérieur du bâtiment. Le chantier est impressionnant, vertigineux depuis le quatrième étage de l’échafaudage. Le vent souffle fort à travers les vitres cassées du bâtiment ! La première impression est celle d’un hangar fantôme. À l’intérieur, les murs sont tagués, les machines désossées. Le moindre bruit résonne sous le plafond sans fin de la structure : de cette imposante architecture industrielle, ne reste plus qu’un squelette de briques rouges et de fer. Quelques dates anciennes sont gravées sur les poutrelles, les gros rivets d’acier font penser à ceux de la Tour Eiffel.
«Nous avons déjà mis trois bâtiments à terre, explique Christophe Ory, responsable de chantier chez Arcelor Mittal. Ne reste plus que le hall des chaudières, le plus technique en termes de démantèlement.» Et pour cause : la salle principale comprend trois chaudières qui, à l’époque des haut-fourneaux de Belval, servaient à créer de l’électricité.
«Tout fonctionnait de manière circulaire, explique Pascal Moisy, directeur de la communication chez ArcelorMittal. Le gaz dégagé par les hauts-fourneaux était envoyé à la centrale thermique (NDLR : 60 000 m3 par heure…à mettre en perspective avec une consommation de 1100 m3 par an pour un logement standard !). Il servait de combustible aux immenses chaudières. La vapeur dégagée alimentait à son tour les turbines électriques. Puis l’électricité repartait sur le site de Belval.»
Une vue imprenable
Problème, ces chaudières sont restées isolées par des matériaux amianté. «Nous avons donc mandaté une entreprise spéciale, Depolux, pour désamianter le site», explique Christophe Ory. Les agents ont monté un dédale de couloirs et de bâches pour travailler tout en s’isolant de l’amiante. De véritables tenues de guerre sont à disposition : masque intégral contre la poussière, combinaison totale etc. «Les agents doivent suivre un processus de quatre douches de désamiantage en sortant », précise Christophe Ory.
Une fois l’amiante traitée, le bâtiment sera démonté comme un Mécano : «On enlève une poutre porteuse, puis une partie du toit, puis une poutrelle, une partie du toit etc.»
En attendant, perché depuis le haut de l’échafaudage, la vue est imprenable : l’église du Sacré-Cœur eschoise à l’ouest, Audun-le-Tiche au loin, l’amoncellement ténébreux de friches sidérurgiques des Terres-Rouges… Et juste à nos pieds, comme une ligne usée par des années de travail de l’acier, la frontière avec la France.
Hubert Gamelon
Photos Hubert Gamelon et Fabrizio Pizzolante
Article très intéressant, cela nous permet de comprendre l’étendue des travaux, via les photos, et le statut actuel.