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Esch-sur-Alzette : l’ancien garage devient un hall d’expo


L'ancien garage VW du boulevard Prince-Henri : la friche devient lieu d'exposition artistique. (photo Hubert Gamelon)

L’exposition collective «Uecht» ouvrira ses portes le 6 mai, boulevard Prince-Henri. Quatre-vingt-treize artistes proposent leur création dans une démarche d’échange.

De la couleur, des œuvres monumentales, un dédale artistique dans lequel on veut se perdre : l’exposition collective Uecht n’a pas d’équivalent. Ce n’est ni du street art, puisqu’un ancien garage est investi, ni la rue. Ni un musée ni même une exposition conventionnelle… « Le bâtiment qui héberge les œuvres est appelé à disparaître, commente d’emblée Théid, l’un des piliers de l’organisation. C’était un ancien garage Volkswagen. Il a fermé il y a huit ans, il va laisser place à de nouveaux lotissements .»

Peindre comme Sisyphe pousse sa pierre

Laisser une trace, tout en sachant qu’elle va disparaître, créer tout en sachant que ça sera détruit : la démarche est surprenante! « De l’art éphémère, sourit Théid. C’est la troisième année que nous menons une telle opération avec le collectif Cueva : prendre un lieu à l’abandon, lui redonner vie le temps d’une expo. » Quatre-vingt-treize artistes sont inclus dans le projet 2017. Une auberge de jeunesse où l’on croise des Français, des Belges, des Allemands et même une Polonaise. Tous sont venus chercher un rapport au support de l’œuvre.

Peindre ici, ce n’est pas comme peindre sur une toile blanche. « Il faut faire avec les éléments de la friche, décrit Théid. Les artistes ont été invités à visiter le site dans un premier temps. Chacun a pu poser une option sur un endroit, on sentait qu’ils cherchaient leur coin, que ça les intéressait. » Katarzyna Kot, une artiste d’origine Polonaise, a trouvé le «spot» parfait : au fond du garage, où le plafond conserve son quadrillage. Quand nous sommes arrivés, elle y accrochait des branches rouges. Le début d’une œuvre qui redonne sa place à « la nature par-dessus la friche. En faisant ça, je ne fais que mimer la nature. Vous avez déjà vu quand un arbre finit par craqueler le béton pour pousser dans une friche ? »

L’endroit regorge d’œuvres attractives. Certaines sont réalisées par des artistes cotés, il est même interdit de les prendre en photo. Globalement, l’esprit est entièrement tourné vers l’échange, l’envie de surprendre et de se laisser surprendre.

L’exposition démarre le 6 mai et s’achèvera le 21 mai. Que restera-t-il de cette énergie quand tout sera détruit ? « De beaux souvenirs, glisse Théid, en tirant une latte sur sa cigarette. C’est ça le but du jeu. Plus tard les jeunes diront : ici, avant qu’il y ait les immeubles, il y avait une expo. »

Hubert Gamelon