La fabrique de pâtes Maxim Pasta fête cette année ses 100 ans. Une réussite familiale qui s’étend sur quatre générations.
Voilà un siècle maintenant qu’en plein cœur de la ville d’Esch-sur-Alzette, au 23-25 rue du Canal, une fabrique de pâtes résiste encore et toujours à l’envahisseur, qu’il se nomme Barilla ou Panzani ! Maxim Pasta, la fabrique luxembourgeoise, fête en effet ses 100 ans cette année, rien que ça.
Maxim Pasta c’est l’histoire d’une réussite avant tout familiale : c’est en 1922 que la famille Crescentini, originaire de l’Ombrie (au centre de l’Italie) rachète ce qui n’était auparavant qu’une épicerie pour fonder ce qui devient la première fabrique de pâtes du pays.
Le succès est en effet vite au rendez-vous, d’autant que les émigrés italiens venus travailler dans les mines de la région sont légion et heureux de pouvoir retrouver les saveurs natales.
Mais qu’il semble loin désormais le temps où les pâtes étaient produites ici à la main par 45 employés et emballées dans des sacs en papier kraft !
Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une dizaine à travailler entre les murs de la fabrique, administration comprise : tout y est automatisé, de la fabrication à l’emballage. Seul le conditionnement en boîtes reste manuel et une employée suffit pour suivre la cadence de la machine.
Cent tonnes de pâtes par mois
Trois lignes de production (une dédiée aux pâtes longues, comme les spaghettis, et deux dédiées aux pâtes courtes, comme les penne) assurent ainsi la fabrication et l’emballage de quelque 450 kg de pâtes par heure, soit 100 tonnes par mois.
L’entreprise propose près d’une quarantaine de sortes de pâtes, dont celles pour la soupe, comme les cheveux d’ange, qui font un carton l’hiver et dont beaucoup de concurrents ont abandonné la fabrication.
Chaque jour, ce sont aussi 1 500 km de spaghettis qui sont produits – «l’équivalent d’un voyage à Rome !», s’amuse Dario Battestini, le directeur technique de Maxim Pasta.
Malgré cette modernisation, en cent ans d’existence, l’entreprise «n’a jamais licencié un seul collaborateur», se félicite Dario Battestini. «Des gens ont fait toute leur carrière ici. Nous avons même eu un employé qui y a commencé à 15 ans et est resté jusqu’à la pension !», ajoute Max Stoisa, associé-gérant et arrière-petit-fils du fondateur de la fabrique, Max Crescentini.
Lui-même, âgé de 66 ans aujourd’hui, est entré chez Maxim Pasta en 1979. C’était une «évidence» pour lui de marcher dans les pas de son père, de son grand-père et de son arrière-grand-père.
Matières premières d’Italie
Les temps ont peut-être changé, mais les valeurs sont restées les mêmes : l’altruisme (tous les 15 jours, des pâtes sont fournies à la Caritas) mais aussi et surtout la qualité des produits demeure de rigueur, par respect pour les clients, que les dirigeants ne cessent de remercier de leur fidélité.
Le blé provient ainsi d’Italie, tout comme les tomates – «bien meilleures que celles de Chine!», où se fournit la concurrence, souligne le patron. «Elles sont lavées, épluchées, et ne contiennent pas de pesticides. Nous nous rendons régulièrement là-bas pour effectuer des contrôles», fait savoir Dario Battestini.
Quant aux œufs, pasteurisés et conservés à une température de 2 °C, ils sont issus de plusieurs élevages situés en Italie, en Allemagne ou en France. «Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un seul fournisseur, en cas de grippe aviaire. Par contre, tous nos œufs proviennent de poules élevées à terre, nous tenons au bien-être des poules!», poursuit-il.
En outre, pour préserver les qualités nutritionnelles des pâtes, celles-ci sont séchées à une température maximale de 60 °C, quand les industriels montent pour leur part à 140 °C. Alors bien sûr, l’opération est plus longue dans la fabrique eschoise : il faut compter de huit à seize heures pour finaliser un paquet de pâtes.
Mais le résultat est sans équivoque : les pâtes aux œufs, dont Maxim Pasta est le leader au Grand-Duché, possèdent une belle couleur franche, se maintiennent à la cuisson et ont conservé toutes leurs protéines.
Même l’emballage est pensé dans cet esprit, n’en déplaise à ceux qui voudraient le voir remplacé par du carton : les emballages sont constitués d’un double film plastique (recyclable) et l’écriture y est inscrite «en sandwich», c’est-à-dire entre les deux films, pour ne pas transmettre les huiles minérales aux pâtes.
«Bien sûr, cet emballage double coûte plus cher qu’un simple carton. Mais avec un emballage en carton, les pâtes peuvent absorber l’humidité ou l’odeur ambiante, voire du liquide si le carton est mouillé! Nous préférons miser sur la bonne qualité de notre produit», explique Dario Battestini.
Du travail à foison pendant la crise
Maxim Pasta est présent dans tous les magasins du pays et fournit également les restaurateurs par le biais de la Provençale, sous la marque Lux Pasta. Mais si ces établissements ont souffert de la crise sanitaire, pour Maxim Pasta, cela a été tout le contraire.
Non seulement aucun employé n’a contracté le covid, mais en plus les commandes ont fortement augmenté, les clients se ruant sur les aliments de base : au moins 25 % d’augmentation, estime Dario Battetini. «Tous les rayons de pâtes étaient vides, sauf les nôtres! On était fiers! On a fait des heures supplémentaires pour assurer les livraisons.»
Malheureusement, ce qui pèse aujourd’hui, c’est le prix du blé, qui a explosé en raison de mauvaises récoltes : «Il est passé de 420 euros la tonne à plus de 800 euros! Et ça continue d’augmenter», déplore le directeur technique.
Le Luxembourg comme principal client
Si la fabrique a pris sur elle ces coûts depuis le mois d’août, elle a décidé d’augmenter le prix de ses produits ce 1er février, de 17 % à 18 % en moyenne.
Une décision qui a visiblement déplu à une chaîne de magasins belge implantée au Luxembourg : «Toutes les marques ont augmenté leurs prix, mais ce distributeur le refuse pour nous. Qu’à cela ne tienne : nous ne vendrons plus chez eux», prévient Dario Battestini, qui appelle le gouvernement à soutenir les petites entreprises face aux grands industriels qui ont le monopole.
D’autant que ce partenariat est une aberration sur le plan écologique : «Comme ils ne possèdent plus de centrale au Luxembourg, ils exigent que nous acheminions nos pâtes – à nos frais – jusqu’à leur centrale située en Belgique, pour que celles-ci soient ensuite redistribuées au Luxembourg !».
Le Grand-Duché reste en effet le principal client de Maxim Pasta – et de loin. L’entreprise fournit aussi la Belgique mais cela ne représente que 10 % de son marché. Pour autant, Maxim Pasta ne souhaite ni s’agrandir, ni chercher à gagner du terrain au-delà de la frontière : «Plus c’est grand, plus il y a de soucis et de dépendance vis-à-vis de gros clients. Et puis, on préfère rester chez nous!», conclut Max Stoisa.
100 ans, ça se fête!
À l’occasion de cet anniversaire exceptionnel, Maxim Pasta a décidé de gâter ses clients. Au menu : des promotions et des nouveautés à découvrir dès la semaine prochaine en magasin.
Les gourmets pourront se régaler avec de nouvelles sauces ainsi que des pâtes aux œufs spécialement créées pour l’occasion : les sorprese («surprises» en italien), des sortes de mini-tortellinis qui s’ouvrent légèrement à la cuisson.
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Pourquoi du blé de l‘Italie? Je croyais tjs que c‘est un produit 100%lux…?