La commune rénove son système d’évacuation des eaux usées, vieux d’un siècle. Un collecteur unique, situé à Lallange, acheminera les eaux vers le centre de Schifflange.
Les conduits vont traverser la zone naturelle du Pudel, d’où l’utilisation de la méthode du «fonçage».
L’université de Belval, le futur hôpital d’Esch-sur-Alzette (quartier Elsenbrich), les nouvelles constructions à Sanem ou encore Schifflange…«Ça pousse partout, explique Lucien Malano, ingénieur des services municipaux eschois. D’où l’importance de revoir notre système d’évacuation des eaux usées.» C’est chose faite. Vendredi matin, le chantier du futur collecteur unique d’Esch-sur-Alzette a été lancé. Les travaux vont durer trois ans. Le collecteur enverra toutes les eaux usées au centre de traitement de Schifflange, le Sivec. «Ce centre sera également agrandi à partir de 2017, poursuit l’ingénieur. Il récolte les eaux usées de six communes, d’Esch jusqu’à Dippach. Ce bassin de vie comprendra 135 000 habitants d’ici 2028, contre 90 000 aujourd’hui. D’où l’importance de s’adapter.»
Revenons au sujet, le collecteur unique d’Esch-sur-Alzette. Il sera construit à la fin du boulevard Pierre-Dupong, dans le quartier de Lallange. Il remplacera les deux collecteurs de la commune. «En fait, nous rénovons et nous agrandissons un collecteur actuel, développe Henri Hinterscheid, l’échevin eschois aux infrastructures. Il date de cent ans! Les normes ne sont plus satisfaisantes, avec notamment des infiltrations d’eaux usées dans la nature.» L’inverse est vrai aussi. «Il y a des eaux propres qui s’infiltrent dans les eaux usées, précise Lucien Malano. Ce qui ne facilite pas le travail de la centre d’épuration.» Les photos prises dans les vieux conduits sont assez parlantes. «Les parois ne sont plus lisses, les niveaux d’équilibres sont faussés, avec des points de stagnation des usées, détaille l’ingénieur. Les rénovations vont mettre fin à cela.»
Mieux, les services en profitent pour agrandir les conduits et augmenter le potentiel du débit, avec des diamètres passant de 800 mm à deux mètres! «Tout le système d’acheminement vers le centre de Schifflange va être revu, insiste Henri Hinterscheid. Au final, on s’attaque à plus de 3 km de tuyaux.»
Passage en pleine zone naturelle…
Les conduits vont passer tout droit vers Schifflange, en traversant inévitablement la zone naturelle du Pudel. «D’où la technique spécifique que nous employons, dévoile Lucien Malano. Les conduits vont être installés par « fonçage ». Au lieu de créer des tranchées pour insérer les tuyaux, méthode coûteuse et destructrice pour la nature, nous allons créer cinq fosses sur le trajet, depuis lesquelles les tuyaux seront enfoncés directement à six mètres sous terre.» Tout cela a un coût : 21 millions d’euros, financés à hauteur de 75 % par l’État.
Écologie toujours, Henri Hinterscheid a assuré qu’à Esch-sur-Alzette, cela fait «au moins trente ans que plus aucune eau usée n’est déversée dans l’Alzette». En revanche, la rivière reste polluée. «Les Français continuent à rejeter des eaux sales dans l’Alzette…» Du travail transfrontalier est encore à faire sur ce point.
Hubert Gamelon