La mobilité douce n’est plus uniquement un concept attaché à une couleur politique particulière, mais une manière moderne d’organiser la circulation au sein des agglomérations afin, entre autres, d’améliorer la qualité de vie de leurs habitants.
La plupart des communes luxembourgeoises en ont compris les avantages et développent leurs propres concepts adaptés à leur situation. Esch-sur-Alzette est l’une d’entre elles. La Métropole du fer a inscrit dans la liste de ses priorités politiques principales l’optimisation de sa mobilité urbaine au sein de ses 14,3 km² de territoire pour faciliter les déplacements. Le bourgmestre Georges Mischo a passé en revue un long inventaire de mesures déjà mises en œuvre et de mesures encore à prendre dont une modification de la réglementation de la circulation pour les vélos et les trottinettes électriques dans la rue de l’Alzette.
Une des mesures phares de ce concept concerne le stationnement. La Ville dispose de 4 500 places de stationnement qui sont occupées 20 000 fois par jour, selon le bourgmestre. Esch-sur-Alzette est peut-être la ville des courtes distances, mais la voiture y est très présente, parfois même dangereusement comme du côté des rues Jean-Jaurès et Karl-Marx qui ont été séparées l’une de l’autre pour mettre un terme aux courses poursuites dans le quartier et sécuriser les alentours de l’école.
Stationnement : davantage de places aux résidents
Le stationnement résidentiel couvre à présent toute la commune après avoir été étendu au quartier de l’université en janvier 2019 et le nombre de vignettes de stationnement professionnel ayant été réduit, les habitants gagnent davantage de possibilités pour garer leurs véhicules. Mais le système est perfectible, comme le montre une étude suggérant des mesures d’optimisation pour améliorer la qualité de vie des habitants en diminuant les voitures à la recherche d’une place, améliorer l’accessibilité des visiteurs et du trafic commercial, optimiser les emplacements disponibles et diminuer le nombre de voitures mal garées. Certaines de ces mesures sont en vigueur depuis le mois de septembre.
À commencer par la limitation des horaires de livraison à 14h, ce qui permet de libérer 120 emplacements de stationnement dans le centre-ville l’après-midi. La Ville a également créé davantage de places de «parking minute» – ces places limitées à 20 minutes au tarif de 0,20 euro – du côté de la rue du Fossé, le long de la place des Remparts. Une formule d’emplacements de stationnement réservés exclusivement aux habitants a été mise en place dans certaines rues, dont une partie de l’avenue de la Gare, la rue de l’Industrie, la rue Simon-Bolivar, la rue de l’École ou encore la rue Ferdinand-Nothomb. L’administration communale a également décidé de réduire les zones tampon entre les secteurs de stationnement Al Esch, Brill, Uecht, Dellhéicht, Clair-Chene et Wobrecken aux axes routiers séparant ces secteurs pour gagner des places de stationnement dans les quartiers eux-mêmes. Les résidents vivant dans ces zones disposent de vignettes de stationnement résidentiel des deux secteurs.
Enfin, 17 bornes de recharge pour les voitures électriques seront installées sur les parkings, la première heure de stationnement sera gratuite les samedis au parking du Brill et des bornes escamotables vont être installées dans l’avenue de la Gare et les accès à la zone piétonne vont être modifiés pour empêcher que la rue de l’Alzette ne serve de raccourci à certains automobilistes.
Si le stationnement est un élément important du concept de mobilité, la mobilité douce et les transports en commun le sont tout autant. La commune met tout en œuvre pour encourager habitants et visiteurs à limiter leur utilisation de la voiture pour se déplacer dans la ville. Un système de guidage pour les piétons a été mis en place et étendu au Galgenberg et à la zone naturelle Ellergronn. Le service Pédibus compte à présent neuf lignes et d’autres devraient être ajoutées. Quant au Sport a Kulturbus qui amène les jeunes sportifs et amateurs d’activités culturelles d’une institution à l’autre, sa réputation n’est plus à faire depuis un an. Non seulement, il facilite la vie aux parents, mais il permet à des voitures de rester au garage.
Limiter l’utilisation de la voiture
En matière de transports en commun, toujours, un nouvel affichage statique à la manière des affichages de métro, selon le bourgmestre, a été installé dans les abribus pour permettre aux usagers de mieux s’y retrouver. Enfin, une M-Box pour les vélos va être installée rue de l’École dans les prochains jours. Elle permet d’y garer son vélo en toute sécurité et au sec avant d’aller se promener en centre-ville.
Voilà pour les mesures mises en place. D’autres sont en cours d’élaboration comme l’affichage électronique des horaires de bus aux arrêts ou l’amélioration de l’éclairage aux passages pour piétons. D’autres encore n’entreront en vigueur que le 1er janvier prochain, comme la nouvelle tarification des vignettes de stationnement résidentiel (la première est gratuite, la deuxième coûte 60 euros), l’application OPnGO permettant de payer son stationnement et de réserver une place ou encore l’adaptation des horodateurs au payement sans contact avec une carte de crédit.
La plupart de ces mesures en place ou à venir ne pourront fonctionner, assure la commune, que si la population et les visiteurs opèrent un changement de mentalités. Diverses actions de sensibilisation vont être menées dans la commune comme les manifestations dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité ou la Bike Night, manifestation autour du vélo dont la première édition avait dû être annulée cette année en raison de la pandémie de Covid-19. Depuis longtemps, les deuxroues font partie du paysage eschois grâce aux pistes cyclables qui émaillent ses rues et aux Vël’Ok, des vélos en libre-service dans les rues de la commune sous différentes versions depuis 2004 grâce au Centre d’initiative et de gestion locale (CIGL). Leur utilisation doit être renforcée, insiste Georges Mischo qui regrette que de moins en moins d’enfants apprennent encore à faire du vélo alors qu’ils sont la génération à habituer aux modes de déplacement doux.
Dans les années à venir, le réseau de pistes cyclables va être revu et amélioré. Dans un premier temps, une nouvelle liaison cyclable va être créée entre la rue Dieswee et l’Ellergronn. La Ville est en contact avec diverses associations de cyclistes pour discuter d’améliorations à apporter et de progrès à faire. Georges Mischo a compris que, pour entraîner sa ville encore davantage vers la modernité, accueillir un tram rapide ne suffisait pas, mais qu’il fallait aussi développer les opportunités de pratiquer le deux-roues.
Sophie Kieffer
Rue de l’Alzette : les vélos bannis entre 10h et 20h
« La rue de l’Alzette est une zone piétonne , rappelle Georges Mischo, même si certaines personnes la confondent avec une piste de course à traverser à vélo. (…) La circulation des vélos y a augmenté et nous courons le risque qu’un piéton soit renversé. Pour éviter que cela se produise, nous avons décidé de réagir. »
Une première initiative de sensibilisation n’a, semble-t-il, pas porté ses fruits. Ne pouvant interdire les deux-roues dans le centre-ville, l’administration communale a décidé de la bannir de la rue de l’Alzette aux heures où sa fréquentation est la plus dense : de 10h à 20h au lieu de 14h à 18h comme c’est le cas actuellement. Cette décision, qui doit encore être confirmée par le conseil communal, concernera également les trottinettes électriques. Durant ces heures d’interdiction, les cyclistes pourront contourner la zone en allant de la place du Brill au parvis de l’hôtel de ville en passant par les voies cyclables de la rue du Canal et des rues perpendiculaires.
Dans un premier temps, la commune envisage de sensibiliser les cyclistes aux nouvelles mesures avant de punir les contrevenants en verbalisant. Des contacts ont déjà été pris avec la police en ce sens.