Tous les mardis, Rose Simba gare son food truck « Kwanza » sur la place de l’Hôtel-de-ville. Elle y sert de succulents plats d’origine africaine.
L’accueil est toujours chaleureux. Le «bonjour» s’accompagne systématiquement d’un bon éclat de rire, ne cherchez pas : c’est comme ça et c’est très bien ainsi. Cordiale, Rose l’est assurément. Excellente cuisinière également, elle offre un bien joli voyage gustatif à tous ceux qui souhaitent l’accompagner autour de son food truck. Fondant de chèvre, poulet Bamako (dans une sauce mafé), crocodile sauté dans l’ail… le tout accompagné de riz ou de couscous et de petits légumes divinement assaisonnés, toute sa carte est une ode à la gourmandise exotique. Il y a un signe qui ne trompe pas, de tous les food trucks installés sur la place, c’est le sien qui attire le plus de chalands !
Si tout semble rouler aujourd’hui pour Rose et son camion appelé «Kwanza» – «cela signifie première récolte en swahili, mais avec deux z, ce mot désigne la diaspora africaine» – c’est qu’elle n’a rien laissé au hasard. Elle a peaufiné son business plan pendant des années. Cette Kényane qui a également vécu en Belgique et travaillé en Norvège, a d’abord beaucoup voyagé pour apprendre des recettes en un tournemain. «J’ai fait des recherches en Afrique pour trouver les meilleures sauces, explique-t-elle. Ensuite, je suis allée en Europe et sur la côte Est des États-Unis pour voir comment ces plats étaient présentés dans les restaurants occidentaux.»
Le concept et le sérieux de la démarche lui ont permis de décrocher une bourse de recherche à Tromsø, en Norvège, où elle a pu composer ses créations et les tester sur ses premiers clients. L’affaire a été vite emballée, tout le monde était conquis ! À son retour au Luxembourg, Rose reçoit le support de la commune de Beckerich. Elle s’installe dans l’Ekodaul, un espace de cotravail géré par la commune, mais réservé à des porteurs de projets durables. Elle en profite pour adapter ses idées au contexte luxembourgeois.
Produits locaux… quand c’est possible
Durant cette période, elle a testé ses recettes et ses mises en place partout où elle pouvait. Elle a notamment servi les mercredis midi des repas africains au centre culturel de Beckerich. «Je demandais aux clients ce qu’ils aimaient et ils avaient un questionnaire à remplir. Ils devaient aussi me dire ce qu’ils croyaient que les Africains mangeaient… J’ai eu des réponses vraiment très drôles ! Non, on ne mange pas de girafe en Afrique !»
Un des grands axes qu’elle a dû travailler pour s’inscrire dans la démarche de l’Ekodaul, c’est l’approvisionnement de ses produits. «Je recherche un maximum de produits locaux… quand c’est possible, s’exclame-t-elle en riant. Pour le crocodile, c’est difficile : on n’en trouve pas encore dans l’Alzette ! Lui, il vient du Zimbabwe.»
Pour le reste, elle fait tous les efforts imaginables. «Au Luxembourg, par exemple, il y a des chèvres, mais on les élève pour le lait et pas pour la viande. J’ai donc noué une collaboration avec la boucherie Kirsch qui abat et conditionne mes chèvres qui sont d’origine luxembourgeoise.» Quant à l’autruche, qu’elle met parfois sur la carte, elle attend que le nouvel élevage de Contern se lance. Pour les autres produits, elle travaille étroitement avec le Pall Center. «J’apporte mon savoir-faire africain pour transformer des produits locaux !», s’amuse-t-elle à synthétiser.
Erwan Nonet
Renseignements complémentaires sur kwanza.lu ou la page Facebook