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Esch-sur-Alzette : belles maisons et mixité sociale


L'habitat cossu sera protégé à Esch, pour retenir les ménages aisés. Par conséquent, on ne pourra plus faire des projets comme la maison Mousset. (illustration Fabrizio Pizzolante)

Décidément, la mixité sociale passionne la capitale du Sud ! Où l’on a débattu, vendredi en conseil communal, sur l’avenir des maisons unifamiliales.

Voilà que l’on reparle de mixité sociale au conseil d’Esch-sur-Alzette… Les élus, toutes tendances politiques confondues, se sont envoyé quelques bonnes balles de tennis sur le sujet.

Le débat est arrivé sur la table par incident, avec le point intitulé «Modification du règlement sur les bâtisses». De quoi s’agit-il ? La majorité CSV veut étendre l’interdiction de modifier «l’affectation des maisons unifamiliales» à tous les quartiers d’Esch. Interdiction qui ne prévalait que pour les quartiers du Brill et d’Al Esch, jusqu’à présent. Vous n’y comprenez rien ? On décrypte. Les maisons unifamiliales, par définition, sont habitées par des familles qui ont de l’argent… il y a de l’espace, ce sont des belles bâtisses.

Or une vilaine tendance dans les quartiers populaires consiste à faire des petits appartements dans ces belles maisons, avec de gros bénéfices à la clef et une population disons… moins argentée qui s’installe. «Il y a carrément des marchands de sommeil dans l’histoire, nous glisse le bourgmestre, Georges Mischo. Ils divisent 100 m² en six appartements, ou que sais-je encore, c’est honteux !» Le bourgmestre, qui avait fait de la fin de la fuite de la bourgeoisie d’Esch un cheval de bataille, veut donc étendre la mesure à tous les quartiers, populaires ou non, à titre de prévention.

Qui a voté la mesure sans qu’on lui force la main ? Vera Spautz la première. L’ancienne bourgmestre LSAP explique : «Bien sûr que la mixité sociale est importante ! On ne cesse de le répéter. C’est d’ailleurs à l’époque de Lydia Mutsch que les mesures antispéculation avaient été prises pour les quartiers populaires du Brill et d’Al Esch.» On l’interroge sur cette entente inattendue avec le CSV. Vera Spautz poursuit sur un ton gentiment taquin : «Mais je ne savais pas qu’ils étaient si attachés à la mixité sociale… On va pouvoir travailler ensemble alors ? Plus sérieusement, j’analyse cette décision comme une certaine prise de conscience des enjeux du terrain de leur part… un retour à la réalité.» Déi Lénk a du coup également voté la mesure.

La parole est à la défense

Une voix dissonante s’est toutefois fait entendre sur le sujet. Une perspective intéressante, on doit le dire. L’élu LSAP Jean Tonnar a vivement critiqué la mesure. «Le réaménagement de maison unifamiliale a permis de construire des beaux projets publics à Esch : la maison Mousset de la culture, la bibliothèque, la maison médicale… on va donc se priver d’une flexibilité importante.»

Surtout, Jean Tonnar alerte sur le risque de perte d’attractivité envers les professions libérales, «cabinets médicaux, d’architecte, d’avocat, etc» : «Ces gens-là ramènent du pouvoir d’achat dans Esch et de l’activité économique. S’ils ne peuvent plus s’installer au rez-de-chaussée d’une maison unifamiliale, ils iront voir ailleurs. À Schifflange ou à Differdange, par exemple… et ils seront accueillis les bras ouverts !» Jean Tonnar explique que «c’est tout autant de la mixité sociale de voir ces professions libérales s’installer dans une commune comme la nôtre.»

Mais l’élu s’est retrouvé isolé. Et la mesure a été votée.

Hubert Gamelon

Un commentaire

  1. Le probleme du logement au Luxembourg est récurrent . Je souhaite moi même démarrer une activité de construction . Je serais heureux de contribuer à résoudre ce problême au Luxembourg .
    bit.ly/construction2018