Les élus eschois se sont vus remettre les clefs d’un imposant bâtiment de la friche industrielle d’Esch-Schifflange, par les responsables d’Arcelor-Mittal Luxembourg. Le bâtiment doit servir, dans le cadre d’Esch 2022, à des « expériences collectives » et pluridisciplinaires, pour penser le monde de demain.
Faut-il encore écrire « monde de demain » avec la crise que nous traversons ? « Changement climatique, défis écologiques, économique du futur, crises sociales, politiques ou sanitaires, repli identitaire » : voici pêle-mêle les thèmes qui seront abordés par les artistes et les acteurs d’Esch 2022 capitale européenne de la culture, dans le bâtiment de la friche schifflangeoise.
Le « bâtiment IV » est une immense bâtisse qui deviendra donc un laboratoire d’une « société plus ouverte et solidaire, concernée par toutes les cultures, l’ouverture aux autres, le partage de nouvelles formes de travail collectif, mais aussi toutes les rééconomies et la permaculture « , explique Arcelor-Mittal dans un communiqué. On se pince. C’est en soi une petite révolution de constater que le géant mondial de l’acier s’approprie un vocabulaire réservé aux seuls militants alternatifs il y a encore une dizaine d’années.
Les doux rêveurs (qualifiés ainsi par les responsables du monde d’aujourd’hui) n’avaient peut-être pas forcément tort, finalement ? On est en tout cas loin de la reconversion urbaine réalisée au tournant des années 2000 – et pas tout à fait achevée encore- sur les friches de Belval, dans un partenariat Etat-Mittal. Il faudra voir s’il ne s’agit là que d’un verdissement de discours, d’une opportunité sur un bâtiment unique, ou d’une réelle intention de penser le monde de demain. Enfin de 2022. Ou plutôt d’aujourd’hui, on se comprend.
Hubert Gamelon