Une pétition a été lancée pour demander la gratuité du stationnement dans tout le pays, entre 12 h et 14 h les jours ouvrables, ainsi que le samedi toute la journée afin de relancer le commerce.
«Locaux à louer», «fermeture définitive»… Les panneaux du genre se multiplient dans nombre de centres-villes qui perdent un peu de leur âme à chaque départ d’une nouvelle enseigne.
Si le mal est profond, la crise du coronavirus n’a incontestablement pas arrangé la situation. Et malgré la fin du confinement, les restaurants peinent parfois à retrouver leur clientèle, encore frileuse de reprendre les habitudes d’avant.
Avec l’idée de relancer «rapidement» les commerces et la restauration, et de manière plus générale l’économie du pays, un citoyen d’Esch-sur-Alzette, Fabio Neves, membre du DP et directeur de plusieurs sociétés dont certaines du secteur de l’Horeca, a donc lancé la semaine dernière une pétition pour demander «le stationnement gratuit de 12 h à 14 h pendant les jours ouvrables et les samedis dans tout le pays jusqu’à fin 2020» (pétition n° 1617).
Il s’agit par cette mesure «d’éviter des faillites, des licenciements et surtout la disparition des commerces locaux qui n’ont pas de ressources comme les grandes surfaces», écrit-il.
«Ça fait cher le café !»
«Prenons l’exemple d’Esch-sur Alzette : lorsque le parking n’était pas payant et qu’on pouvait se garer comme on le souhaitait, la ville tournait à fond. Aujourd’hui, ses principales rues sont mortes. La situation s’est encore aggravée avec le coronavirus : les gens ne vont plus beaucoup au restaurant», déplore Fabio Neves. «Par le passé, nous avions une clientèle frontalière, venant de France ou d’Allemagne. Aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas, et c’est même l’inverse : les Luxembourgeois ont tendance à aller à Thionville ou Metz faire du shopping.»
Pour Fabio Neves, le risque de se voir taxer de 24 euros pour quelques minutes de retard lors d’un déjeuner, ou de devoir prendre un ticket de parking pour prendre un café lors de sa pause de midi, est clairement un frein à la consommation. «Ça vous fait cher le café ! Au lieu de sortir, les gens vont plutôt rester au bureau», déclare-t-il.
Sans parler de la concurrence des grandes surfaces, où les parkings ne sont pas payants, ou du moins pas pendant plusieurs heures. «La plupart des commerçants me disent que ça va mal, surtout depuis qu’il y a Esch-Belval, c’est une grosse concurrence. Il faut vraiment inciter les gens à venir au centre-ville.»
Lorsqu’on lui oppose que les transports gratuits sont déjà une première mesure incitative, Fabio Neves rétorque sans hésiter : «Certes, mais ce n’est pas très pratique pour les personnes qui ont beaucoup de courses et des enfants. Et il faut bien garer les voitures quelque part à l’extérieur.»
Fabio Neves propose d’appliquer cette gratuité jusque fin 2020, en réponse à la crise du coronavirus. Une sorte d’essai qui, s’il se révélait concluant, pourrait être prolongé indéfiniment, «mais cela méritera alors un autre débat et une analyse des économistes», précise-t-il.
Tatiana Salvan
Une mesure déjà appliquée à Differdange et Dudelange
Depuis 2016 déjà, les communes de Differdange et Dudelange ont fait le choix de rendre gratuites entre 12 h et 14 h ainsi que le samedi, les places de stationnement qu’elles gèrent, soit 2 589 places pour Differdange. «Il s’agissait par ce biais de soutenir les restaurateurs et les commerçants», explique Martin Kracheel, citymanager de la commune de Differdange. «Ainsi, les gens peuvent venir manger tranquillement et prendre le temps d’effectuer leurs achats pendant la pause de midi ou le samedi. Les parkings situés près des deux cimetières de la commune sont en outre gratuits toute la journée, et nous disposons également de zones gratuites avec vignette.»
Pendant la crise du coronavirus et ce, jusqu’au 2 juin dernier, Differdange avait même pris le parti de rendre le stationnement extérieur gratuit toute la journée et de réduire le coût du stationnement intérieur à 15 centimes de l’heure.
Les retombées économiques directes de ces mesures «sont difficiles à être établies car plusieurs facteurs entrent en jeu. Et la crise du coronavirus a affaibli les commerces et les restaurants», reconnaît Martin Kracheel. Un indice toutefois semble conforter les élus dans leur choix : «Les commerçants nous ont fait des retours positifs par rapport à ces mesures et souhaitent même voir les horaires de gratuité étendus. C’est une option à laquelle nous réfléchissons, notamment lorsqu’il y a des événements.»