Luxembourg et Esch-sur-Alzette sont les deux plus grosses villes du pays. Leurs bourgmestres respectifs se confient pour le Quotidien sur des journées et des méthodes bouleversées.
Luxembourg : «Un engagement exceptionnel du personnel de la Ville»
«Dans ces moments difficiles, la Ville fonctionne pour garantir les services essentiels pour les résidents.» C’est l’objectif numéro un de Lydie Polfer (DP) et de l’ensemble de l’administration communale de la capitale pendant cette période de la crise du coronavirus. «Nous nous trouvons dans une vraie situation de crise que nous n’avons jamais vécue, confie la bourgmestre de la capitale. Nous étions préparés parce que depuis 2009 la Ville a un plan en cas de pandémie. Le 10 mars dernier, une circulaire a été émise afin que chaque service de la Ville s’organise en cas de confinement et nous avons mis en place une cellule de crise sous la direction de la directrice des ressources humaines. Nous avons un minimum de personnes présentes à l’hôtel de ville, des roulements de personnel dans tous les services (NDLR : quelque 4 200 personnes travaillent à la Ville) ont été mis en place et tout fonctionne parfaitement. Aujourd’hui et depuis plusieurs jours, tout est fait pour que les services essentiels aux résidents soient garantis et ceci de la façon la plus responsable.» Lydie Polfer «remercie du fond du cœur l’engagement exceptionnel du personnel de la Ville».
Lydie Polfer et l’ensemble du collège échevinal sont également sur le pont. «Je suis très souvent à l’hôtel de ville, indique la bourgmestre de la capitale. La situation change tout le temps et nous avons des décisions très importantes à prendre tous les jours.» Les annulations d’événements tels que l’ING Night Marathon Luxembourg ainsi que le Roll & Run, prévus le 23 mai, du COSL Spillfest (21 mai), de la Journée olympique (12 juin) et des Rencontres sans frontières (14 juin) ou encore les restrictions pour le public au Bierger-Center, la suppression des courses du City Shopping Bus, l’annulation des activités «Aktioun Bambësch Pâques» prévues du 14 au 17 avril, etc. Ou encore la suppression des loyers pour les commerçants locataires d’un bâtiment de la Ville, «une réponse d’équité pour des commerçants qui sont actuellement fermés», confie Lydie Polfer.
«La Ville vide ? Un drôle de sentiment»
La bourgmestre de la capitale est aussi «en contact régulier avec le Premier ministre (Xavier Bettel) et la ministre de la Santé (Paulette Lenert). Par exemple, nous avons contribué à la mise en place du centre de soins avancé à la Luxexpo. C’est impressionnant ce qui a été fait en trois jours.»
Lydie Polfer souligne aussi que «de voir la ville vide actuellement (lui) procure un drôle de sentiment». «Il y aura un après, poursuit-elle, et il sera difficile. Je ne sais pas quand le confinement sera levé, mais cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique. Nous envisageons toutes les questions. Il faudra notamment revoir toute la coordination des travaux en cours. On s’y prépare.» Mais pour le moment, Lydie Polfer rappelle pour conclure qu’«il faut actuellement rester prudent pour soi et les autres» et invite «tout le monde à rester chez soi».
Guillaume Chassaing
Esch : «Tout le monde a compris la sériosité de la situation»
Mardi 16 h, Georges Mischo (CSV) est «dans son bureau à l’hôtel de ville». «Je viens tous les matins et tous les après-midi, indique le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette. Je viens pour donner le moral à tous les collaborateurs de la commune qui sont là, signer les mandats afin de payer les entreprises qui ont travaillé pour la commune ces dernières semaines…» Et pas seulement.
Depuis début mars, l’édile est sur le pont pour faire face à la crise du coronavirus. «On n’est jamais préparé à faire face à une telle crise, avoue Georges Mischo. Mais on se débrouille et nous faisons tout pour que cela se passe au mieux.» Une cellule de crise, composée des membres du collège échevinal, des directeurs et des chefs de service, a été mise en place «le lundi 2 mars, avance le bourgmestre de la Métropole du fer. La première décision que nous avons prise à cause du coronavirus a été d’annuler les festivités et la cavalcade» prévues le week-end suivant. Au milieu de cette première semaine de mars, «nous avons eu une grande réunion pour organiser les permanences pour l’eau, l’électricité, les déchets… pour tous les services essentiels pour les citoyens».
«Nous n’avions pas de plan pandémie, explique le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, mais nous sommes en contact avec les ministères, notamment celui de l’Intérieur et celui de la Santé, et on adapte toutes les circulaires à notre commune. Avec le Syvicol, un groupe WhatsApp a été mis en place avec tous les bourgmestres du pays et on échange nos expériences. Il y a une forme d’entraide entre les bourgmestres.»
Au fil des jours, l’administration communale eschoise (1 200 personnes, dont environ 250 administratifs) se réorganise. Des roulements (une semaine sur deux) entre les agents et fonctionnaires sont mis en place dans les différents services, 75 ordinateurs sont préparés pour le télétravail. Les prises de poste sont également décalées pour que les gens se croisent le moins possible.
«On pense à l’après»
Dans le même temps, le collège échevinal et le secrétariat général de la Métropole du fer prennent de nombreuses décisions à destination des résidents : l’accès à l’hôtel de ville uniquement sur rendez-vous, la mise en place de la plateforme hellef.esch.lu…
«On a beaucoup communiqué sur notre site et sur la page Facebook notamment vis-à-vis des personnes vulnérables, confie Georges Mischo. On a essayé de faire preuve de pédagogie pour que les gens comprennent qu’il fallait rester chez eux. Au début, nous avions des adolescents qui jouaient encore au foot dans les cours des écoles, on a alors décidé de les fermer ainsi que les parcs et les aires de jeux. Aujourd’hui, tout le monde a compris la sériosité de la situation.»
Aujourd’hui, les rues de la Métropole du fer sont quasi désertes. «Comme l’administration communale, la ville tourne au ralenti, c’est frustrant parce qu’Esch est une ville qui bouge tout le temps, mais c’est nécessaire en ce moment.»
Et Georges Mischo «pense déjà à l’après-coronavirus. C’est pour cette raison que nous avons, par exemple, décidé de ne pas faire payer les loyers aux entreprises qui sont dans nos locaux et nous avons d’autres pistes sur la table». Le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette répète pour conclure : «Il y aura un après et il faut le préparer».
G.C.
«Le travail du personnel du CHEM est impressionnant»
Georges Mischo est député, bourgmestre d’Esch-sur-Alzette et aussi président du conseil d’administration du Centre hospitalier Émile-Mayrisch. Et c’est en cette dernière qualité qu’il a tenu à passer un message : «Je me rends au CHEM tous les trois ou quatre jours pour soutenir le personnel et lui donner du courage pendant cette crise. Et je veux juste dire que le travail que l’ensemble du personnel fournit tous les jours est tout simplement impressionnant.»