Accueil | Luxembourg | Esch : course contre la montre pour l’Ariston

Esch : course contre la montre pour l’Ariston


Pour mémoire, le rideau était tombé sur l'écran du cinéma Ariston en 2016, après dix ans d'une gestion compliquée. (photo Alain Rischard)

Approuvé en conseil communal, le projet de rénovation de l’Ariston devra être achevé, au plus tard, pour la fin du mois d’avril 2022, afin de pouvoir être prêt et servir la cause d’Esch 2022.

Le destin de l’ancien cinéma eschois qui était encore incertain il y a un an de cela, est depuis vendredi scellé : le bâtiment deviendra bel et bien un théâtre régional pour enfants et une salle des fêtes pour les associations et clubs de la région (un bar lounge, entre autres, fera également son apparition, ainsi que des loges pour les jeunes comédiens). En effet, l’échevin déi gréng Martin Kox a présenté vendredi matin lors d’une réunion du conseil communal, les plans de ladite rénovation, qui sera assurée par l’entreprise WW+.

Le coût des travaux, lui, devrait s’élever à près de 14 millions d’euros, selon le devis qui a été présenté. «Quatorze millions d’euros ? Dès le début des discussions, le coût de cette rénovation allait dans cette direction; il n’y a donc pas de surprise !», a tenu à souligner le conseiller communal LSAP Henri Hinterscheid au sujet du volet financier.

Délais calqués sur Esch 2022

Cela dit, si surprise il devait y avoir, ce serait plutôt par rapport au timing des travaux. En effet, tous les membres du conseil communal, qui se sont exprimés sur le sujet, ont estimé qu’il fallait absolument que la métamorphose Ariston devait être accomplie en prévision d’Esch-sur-Alzette «capitale européenne de la culture 2022». Cela, évidemment, pour que le bâtiment puisse faire partie intégrante du programme événementiel qui se tiendra à cette occasion, à savoir du 22 février au 22 décembre 2022, date de clôture officielle de cette année culturelle. Et cette pression, due aux délais à respecter, est déjà palpable dans le chef de certains politiques eschois.

À l’image des propos du conseiller communal déi Lénk Marc Baum, qui, dans une intervention, a mis le doigt précisément sur ce point d’ordre calendaire. «Ce projet est immensément appréciable quand on voit les plans… mais il y a un grand « hic », à savoir que les travaux devront être achevés, au plus tard, à la fin avril 2022, ce qui pourrait se révéler politiquement problématique…»

Projet salué par tous les bords politiques

Outre cette question de délai, qui s’est largement invitée dans les débats, les membres du conseil communal se sont réjouis, au-delà des clivages politiques partisans, de la qualité du projet. «Il s’agit d’une plus-value pour la ville d’Esch, mais aussi pour tout le sud du pays; avec ce projet, nous aurons un projet durable qui s’inscrit dans la politique culturelle de la ville», a par exemple estimé Daliah Scholl (DP). De son côté, Dan Codello (indépendant) a jugé que la ville avait «perdu un an», mais il a tout de même salué «un projet sympa et innovant qui revêt une grande importance dans le cadre de la politique d’intégration d’Esch».

Voici à quoi ressemblera l'intérieur de l'Ariston. (©WW+)

Voici à quoi ressemblera l’intérieur de l’Ariston. (©WW+)

Bruno Cavaleiro (CSV) a, quant à lui, salué le fait que l’Ariston puisse servir, à l’avenir, de local pour associations et clubs, de même que de salle de théâtre pour jeunes. «La ville croît et, parallèlement, les lieux pour pouvoir organiser des évènements se réduisent. Cela étant, après toutes les discussions au sujet de la réhabilitation de l’Ariston – et il y en aura encore – je suis d’avis que l’essentiel est le résultat final. Le timing est important, mais le futur Ariston ne servira pas qu’à Esch 2022, car il sera bénéfique au-delà de cette échéance, pour le futur de notre ville.»

À noter également que l’échevin Martin Kox a encore indiqué qu’un «concept de circulation sera la prochaine étape», dans le processus de finalisation du projet en question. Et pour ce qui relève des subsides accordés à la ville, par le ministère de la Culture, «ceux-ci ne couvriront pas les travaux faits sur l’intégralité du bâtiment, mais sur des parties bien précises, dont les travaux qui seront effectués sur la façade».

Pim Knaff rend les coups

Pour sa part, l’échevin à la Culture, Pim Knaff, ne s’est pas fait prier pour rappeler tous «les reproches», qu’il a dû essuyer concernant ce projet. Une passe d’armes croustillante a d’ailleurs eu lieu dans ce cadre, entre celui qui est également néodéputé et l’ancienne bourgmestre d’Esch Vera Spautz. «Tout aurait pu être réglé avec le propriétaire du bâtiment dès 2017 et l’on aurait perdu moins de temps», a reproché, à son tour, l’avocat de profession à l’ancienne bourgmestre, qui n’a pas apprécié le «ton» employé… mais les deux politiques se sont rapidement rabibochés. Cela étant, Pim Knaff ne s’est pas fait prier pour rappeler notamment que la réforme des finances communales avait eu «des répercussions sur le budget».

Avant, pour lui, de présenter sa vision du futur Ariston : «Il s’agira d’un lieu qui servira de théâtre pour les jeunes, mais aussi pour les troupes indépendantes. De plus, des conférences pourront y être tenues par des associations et clubs. Enfin, on pourra aussi y projeter des films; cela étant, il ne s’agira pas d’un cinéma à proprement parler, comme à Belval, et notre volonté n’est absolument pas de concurrencer le Kinosch (salle de cinéma de la Kulturfabrik), bien au contraire car il y aura peut-être une collaboration qui sera mise en place. En clair, il y a nombre de possibilités avec le futur Ariston.»

Pour mémoire, le rideau était tombé sur l’écran du cinéma Ariston en 2016, après dix ans d’une gestion compliquée. Depuis, le bâtiment, appartenant à l’œuvre paroissiale du Sacré-Cœur, attendait qu’on prenne en main sa destinée.

Claude Damiani