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Esch : au CHEM, des mesures pour «limiter drastiquement» les antibiotiques


Au CHEM d'Esch-sur-Alzette, des mesures prises en 2016 ont permis de réduire les prescriptions d'antibiotiques de 10 %. (Photo : Tania Feller)

Un stand d’information portant sur l’usage des antibiotiques attendait le public mercredi dans le hall du centre hospitalier Émile-Mayrisch, à Esch-sur-Alzette. C’était la 7e journée d’action en ce sens.

Les antibiotiques, c’est pas automatique», ce slogan pourtant bien connu, certains patients ne veulent pas l’entendre, réclamant à leur médecin une prescription d’antibiotiques parfois «dans des situations qui ne le nécessitent pas», explique Viviane Knepper, une pharmacienne. Mercredi, c’est au cours d’une matinée d’information sur ce sujet organisée dans le hall du centre hospitalier Émile-Mayrisch qu’elle a informé le public.

Pour lutter contre les bactéries, pas contre les virus
L’important est également de sensibiliser le corps médical à la question. Car «au Luxembourg, près de 90 % des antibiotiques sont prescrits en dehors des hôpitaux, ce qui est énorme», souligne la pharmacienne.

Elle explique en outre qu’au CHEM «des mesures ont été prises pour limiter drastiquement les prescriptions d’antibiotiques». Les médecins y sont ainsi obligés «d’indiquer toutes les raisons des prescriptions, les pathologies, etc.» Viviane Knepper assure que le centre hospitalier a réduit de 10 % ces prescriptions depuis 2016, date de la mise en place de cette limitation.

Pour autant, la spécialiste est formelle : il n’est pas question de diaboliser l’utilisation de ces médicaments, somme toute, «très utiles pour certaines pathologies». Les antibiotiques sont prescrits dans le cadre d’une pathologie causée par une bactérie et non par un virus, comme une «cystite ou même une pneumonie», dit-elle, mais «absolument pas pour la grippe», poursuit-elle.

Ce médicament ne doit pas être utilisé à la légère. L’infirmière hygiéniste Nadine Boquel insiste d’ailleurs sur l’importance de suivre avec précaution les consignes du médecin. «Il faut respecter le dosage et la durée de prescription, n’oublier aucune prise, ne pas partager les antibiotiques avec d’autres personnes», dit-elle.

«Accepter d’être malade»
Elle précise qu’elle observe un réel engagement de la part de «plus en plus de patients qui rapportent leurs antibiotiques non utilisés dans les pharmacies, notamment pour ne pas polluer les eaux». Mercredi, l’heure était donc à l’information plutôt qu’à la culpabilisation.

Pour autant, selon Viviane Knepper, «il est important que les gens acceptent d’être malades quelque temps avant que le corps réagisse. Par exemple, une toux ou un coup de froid peuvent perdurer deux à trois semaines parfois sans qu’il soit nécessaire de prendre des antibiotiques!» Leur usage abusif est en plus dommageable pour l’organisme. «Les bactéries présentes dans l’intestin sont atteintes jusqu’à six mois après la prise d’antibiotiques. Le corps est donc fragilisé», relève la pharmacienne.

Des alternatives telles que l’utilisation des phages, ces virus mangeurs de bactéries, sont-elles envisagées au Luxembourg? «Cette technique, surtout utilisée en Ukraine, a l’air de montrer des résultats positifs… Mais je ne sais pas vraiment si elle serait envisageable ici», répond-elle. Et de toute façon, «la question n’est pas de bannir totalement les antibiotiques, mais surtout de bien comprendre dans quels cas il est utile de les utiliser», conclut Viviane Knepper.

Sarah Melis

Pour ne pas devoir recourir aux antibiotiques

Le CHEM préconise plusieurs gestes pour éviter la transmission de germes pathogènes

  • utiliser des mouchoirs en papier à usage unique pour se moucher ou éternuer. Les jeter systématiquement à la poubelle.
  • se laver les mains à l’eau et au savon après une visite aux toilettes, après s’être mouché, avoir toussé, éternué, avant de préparer un repas et avant et après avoir été en contact avec une personne malade.
  • se couvrir la bouche en cas de toux (avec un mouchoir en papier ou avec le creux du bras et non avec la main).
  • limiter les contacts rapprochés avec d’autres personnes.

Il n’est pas recommandé d’utiliser avec excès le gel antibactérien, «car le corps a besoin d’être en contact avec les bactéries, explique la pharmacienne Viviane Knepper. C’est conseillé pour les personnes qui viennent d’être opérées, celles qui sont en contact avec un nouveau-né prématuré, mais ce n’est pas impératif pour tout le monde. Le lavage classique des mains suffit amplement», dit-elle.