Esch 2022, on aurait presque tendance à l’oublier, est un projet régional et transfrontalier. Piqûre de rappel au pôle culturel de Micheville jeudi matin.
Les croissants servis hier matin au petit-déjeuner de presse d’Esch 2022 étaient français ! L’équipe organisatrice de l’évènement et les médias luxembourgeois ont franchi la frontière pour découvrir le futur pôle culturel de Micheville qui sera amené à jouer un rôle important dans la capitale européenne de la culture. En effet, les communes luxembourgeoises impliquées dans le projet ont choisi d’y faire participer la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette (CCPHVA). Un territoire qui partage le même passé sidérurgique que le Bassin minier. Les frontières y ont toujours été poreuses et une histoire commune s’est forgée dans l’acier.
Esch 2022 souhaite raviver cette évidence et rapprocher les esprits de part et d’autre de la frontière. Ce qui peut passer pour un saut de puce d’un pays à l’autre peut passer pour un grand écart dans certains esprits. Le futur pôle culturel de Micheville, à cheval entre Villerupt et Audun-le-Tiche, est là pour les réconcilier. Encore en construction actuellement, il fera, entre autres, office d’outil de promotion des territoires au travers de la culture. De part et d’autre de la fameuse frontière, il est d’ores et déjà vécu comme un atout précieux pour construire des passerelles et créer des synergies. Il faut bien le reconnaître, les voisins français passent plus souvent la frontière pour participer à des évènements sociaux ou culturels que les résidents luxembourgeois.
«Un catalyseur de développement»
Les membres de la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette misent sur le pôle culturel de Micheville pour inverser la tendance. Facilement accessible depuis Belval, il est encore actuellement en travaux et en quête d’un nom. L’Arche, le Clap, Arcadian 18.13 et P’I/O sont dans les tuyaux. Le gagnant sera révélé le 4 septembre. Tous font référence au bâtiment, à l’histoire du territoire ou à une des vocations du lieu. Les travaux, quant à eux, s’achèveront en automne de l’année prochaine. Le public pourra alors découvrir le hall de 300 m2, une salle de cinéma de 150 places, une salle de spectacle de 700 places assises – voire 1 000 grâce à des aménagements – un média lab, ainsi que des locaux pour les activités numériques et audiovisuelles. La communauté de communes place tous ses espoirs dans cette «vitrine culturelle de toute la région».
Elle place également beaucoup d’espoir dans sa participation à la capitale européenne de la culture. «Nous avons vite compris qu’Esch 2022 prendrait une large envergure et agirait comme un catalyseur de développement pour la CCPHVA», a déclaré le très en verve Patrick Risser, jeudi matin. Le président de la CCPHVA n’a pas hésité à user de la tribune qui lui était donnée pour affirmer qu’«Esch 2022 sera l’occasion pour les acteurs locaux de faire connaître ce qu’ils sont et ce qu’ils font, mais aussi l’occasion d’animer nos communes. Ce nouveau challenge peut être dynamisant pour les associations et ouvrir sur des choses que nous n’avons pas l’habitude de faire».
Bref, le pôle culturel et la participation à Esch 2022 vont permettre à la communauté de communes de mieux se faire connaître et de faire un pas vers la modernité «sans pour autant renier son histoire, sans oublier ceux qui l’ont fait vivre pendant des décennies». Patrick Risser insiste : «Nous restons fortement imprégnés par l’histoire de ces femmes et de ces hommes venus de partout en Europe qui ont participé au développement de la région. (…) C’est l’occasion, à travers un projet partagé de dire, d’écrire, de chanter, de danser cette fierté et de la transcender pour en faire une force et œuvrer en faveur d’un développement harmonieux.»
Des preuves d’engagement
Le pôle culturel devra également évoluer vers un pôle d’échanges et de rencontres au sein de la localité en constante évolution et au-delà des frontières. Des échanges à l’image de ceux entretenus au quotidien entre les organisateurs d’Esch 2022 et les porteurs de projets comme la CCPHVA. Pour marquer cette bonne entente, l’équipe de la capitale européenne de la culture participera à la cérémonie d’annonce du nom officiel du centre culturel de Micheville le 4 septembre. Elle sera également présente sur le stand de la CCPHVA lors de la 8e édition du Grand Est Numérique. Ce salon, organisé les 10 et 11 septembre à Metz, portera entre autres sur le thème Arts & Culture Tech. Grâce aux lunettes de réalité virtuelle, les visiteurs du stand pourront survoler les communes de la CCPHVA et apprendre à mieux connaître le territoire en le découvrant depuis les airs.
La CCPHVA accueillera également bientôt un «Stammdësch» d’Esch 2022. Ces réunions sont organisées chaque mois dans une commune différente de la région et garantissent des échanges réguliers. L’équipe d’Esch 2022 y rencontre les responsables des services culturels des communes participantes.
L’entente est au beau fixe de part et d’autre de la frontière. Chacun est conscient des intérêts d’une telle collaboration. Patrick Risser rêve du même impact pour son territoire que celui qu’avait eu la capitale européenne de la culture sur la région lilloise, elle aussi fortement marquée par son passé sidérurgique. La réponse dans un peu moins de deux ans.
Sophie Kieffer