La Chambre des députés s’apprête à voter une somme colossale pour des infrastructures à construire à Belval, en vue de la capitale européenne de la culture de 2022. 35,3 millions d’euros vont être injectés sur le site piétonnier des hauts-fourneaux.
Voilà une nouvelle qui risque de faire grincer des dents à Esch-centre… les habitants s’étaient habitués à l’idée que «Esch» serait centrale dans la manifestation, comme l’indique son nom. En réalité le site principal sera basé à Belval, ainsi que le déroulement des grosses manifestations, comme le confirme la Commission des travaux publics de la Chambre ce jeudi.
35,3 millions d’euros vont être prochainement votés, pour « des aménagements supplémentaires sur la Terrasse des hauts-fourneaux, afin de faire de ce site emblématique du passé industriel le site principal de l’année culturelle », explique la Chambre.
L’administration de l’année culturelle (une trentaine de personnes) sera hébergée dans une structure préfabriquée. Des panneaux photovoltaïques seront intégrés sur le toit et la façade. Le «quartier général» d’Esch 2022 sera installé dans un pavillon sous forme de vague jaune (que l’on peut voir aujourd’hui au niveau du rond-point Raemerich).
L’aménagement sera réalisé par le Fonds Belval, ce qui nécessite une loi de financement à part. « Généralement, les projets d’infrastructures qui dépassent le seuil des 40 millions d’euros ont besoin de l’aval de la Chambre », précise un communiqué.
Une nouvelle passerelle aussi
Les aménagements sont conçus pour être « utilisables après 2022 » et se déclinent autour de l’espace piéton des hauts-fourneaux, « accessible facilement par le train et la future piste cyclable » qui devrait relier Esch et Belval, par une passerelle au niveau du site d’Arcelor-Mittal.
Une autre passerelle, qui sera comprise dans ce nouveau budget, devrait relier la «Möllerei» (flèche rouge sur le schéma) au haut-fourneau A.
La «Möllerei» (un ancien hall de mélange des matières de fabrication de l’acier) sera aménagé pour accueillir la manifestation phare de l’année culturelle, le projet «Digital spaces», au sein d’une grande salle. Le caractère du bâtiment industriel sera maintenu, les fenêtres seront changées et la maçonnerie sera réparée. La passerelle permettra de prolonger le circuit, notamment pour les personnes à mobilité réduite.
Le Quotidien
[Commentaire] « Belval 2022 » ?
Esch-sur-Alzette, ville cohérente et dense (il n’y a quasiment plus de place pour construire), est sérieusement concurrencée par l’un de ses quartiers depuis une dizaine d’années : Belval. L’ancien lieu de travail (dernière coulée en 1997) est devenu un lieu d’habitations, d’étude, de culture, d’espace vert, à coup d’investissements publics qui dépassent le milliard d’euros (ArcelorMittal et état confondus). Depuis le virage des années 2000, les élus eschois ne cessent de répéter que « Belval c’est Esch ». Ok. Mais s’il y a besoin de le répéter, c’est que ça ne coule pas de source, non ? Et pour l’observateur qui débarque, ça n’a même rien d’évident. Vous les voyez d’ailleurs, les étudiants prendre des verres dans Esch-centre ?
L’annonce de nouveaux investissements colossaux à Belval pour «Esch 2022» pourrait accentuer cette fracture. Et les Eschois vont encore râler sur cet îlot mondialisé de happy few, qui a poussé à côté de chez eux, mais qui n’est pas « comme eux ». Drôle de reconversion, pour les anciens métallos.
On peut opposer de nombreux arguments, pour tempérer le propos. Tout d’abord, la commune d’Esch est loin d’être à l’abandon, il faut arrêter avec ce mythe. Elle bénéficie d’un budget très confortable, et même records pour 2020 : 160 millions d’euros d’investissements annoncés, dont 27 millions pour la construction d’une nouvelle école ! L’état y investit aussi, en subventionnant par exemple la rénovation du musée de la Résistance place du Brill.
Ensuite, Esch 2022 est une candidature qui rassemble de Pétange à Dudelange, en passant par Villerupt-Audun. Les manifestations auront lieu sur tout le territoire. En cela, Belval apparaît comme un centre emblématique, un trait d’union : la conversion d’un territoire qui ne veut pas oublier ses racines mais qui va de l’avant.
Troisième argument : si l’on veut faire venir les touristes, Belval « en jette » pour dire clairement les choses. Les haut-fourneaux rutilants, les bâtiments de l’université, les incubateurs scientifiques et économiques etc.
Dernier argument : Belval, ce n’est pas si loin de Esch. Le ministre Bausch a même annoncé une nouvelle piste cyclable en site propre, qui devrait avoir de l’allure (passerelle) et qui sera achevée… en 2022.
Oui mais… si à notre tour, nous avons besoin de lister les arguments qui font que Belval c’est Esch, et que tout ira bien en 2022, c’est que ça ne coule pas de source, non ?
Hubert Gamelon
Quel article débile!