La Métropole du fer est officiellement capitale européenne de la culture pour 2022. Et avec elle tout le Sud ainsi que Villerupt-Audun. Une opportunité unique de briller pour l’ancien pays du fer. La candidature a été validée vendredi par un jury de onze experts de l’Union européenne.
La victoire était « évidente », selon les observateurs extérieurs. Certes Esch était la seule qui avait répondu à l’appel du gouvernement pour devenir capitale européenne de la culture en 2022. Mais ceux qui ont suivi le dossier le savaient : ce n’était pas gagné. «Le jury européen aurait pu choisir un autre pays que le Luxembourg», nous rappelle-t-on. D’où l’explosion de joie, vendredi, lorsque la commissaire européenne a officiellement attribué l’une des capitales à Esch!
On rappelle que c’est tout le sud du pays qui est concerné, de Pétange à Dudelange, ainsi que le territoire français de Villerupt-Audun : l’ancien pays du fer, qui a tant souffert et qui va se servir d’Esch 2022 pour définitivement rebondir. «Les changements sont déjà là , précise Mars Di Bartolomeo, le président de la Chambre des députés, originaire de Dudelange. Les reconversions des friches industrielles vont bon train. Mais il nous manquait quelque chose pour exprimer notre chaleur de gens du Sud, pour ne pas perdre une identité : être capitale européenne va nous combler.» C’est au fond le sentiment de beaucoup d’habitants du pays du fer. Il ne s’agit pas de pleurer sur les hauts fourneaux. Mais les enfants de Vulcain, qui ont goûté au mythe de la création par le feu, ont l’impression de vivre avec la télé en noir et blanc depuis la crise. Il faut se fixer des défis toujours plus grands pour se sentir vivre, voilà le cœur d’Esch 2022.
Trois points qui ont convaincu
Ulrich Fuchs, membre du jury, par ailleurs directeur de Marseille 2013 capitale européenne de la culture, énumère trois points qui ont convaincu :
• L’ouverture européenne : «Nous avons senti une véritable histoire commune entre les Français et les Luxembourgeois à la frontière. Le jury est très attentif à la façon dont la culture peut faire communiquer les peuples européens.»
• L’envie de se transformer : «Nous avons vu un territoire qui s’est construit autour d’une mono-industrie, et qui se trouve un nouvel élan aujourd’hui. Sur ce point, nous pensons qu’Esch 2022 pourrait devenir une référence de mouvement culturel qui accompagne un changement de fond. La capacité à rebondir : c’est une valeur importante aujourd’hui, dans un monde où les changements industriels ou autres se feront de plus en plus vite.»
• La quête d’identité : «Nous avons vu un territoire avec une personnalité forte, avec une grande mixité. Je me souviens que c’était déjà le cas à Marseille, où l’on sentait la ville comme un carrefour de la Méditerranée. La question clef est la suivante : comment changer un territoire, ses bâtiments et son emploi, sans trahir une identité?» C’est un beau sujet de rédaction.
Le livre de projets d’Esch 2022, rendu en septembre, fait la part belle à la mixité. Le thème phare choisi est «Remix», comprendre le «remixage», proposé en une déclinaison de quatre volets : «Remix Europe», «Remix nature», «Remix yourself», «Remix art». Autant de possibilité de projets pour faire rayonner Esch et le Sud.
«Esch 2022 se poursuit d’étape en étape, confie Janina Strötgen, copilote du dossier. Dès la semaine prochaine, nous bossons sur les projets.» 2022 sera le point d’orgue d’un mouvement de fond. À peine la cérémonie finie, un nouveau site web était d’ailleurs en ligne. Preuve que l’on ne perd pas son temps.
Hubert Gamelon