Pendant six semaines, Rachel Muller a survolé la Namibie, le Botswana et la Zambie avec son ULM. Sa fille en a fait un livre, Au-dessus des déserts – Oser l’aventure.
«Des paysages magnifiques et merveilleux, des rencontres incroyables…» Deux ans après son périple en ULM au-dessus de la Namibie, du Botswana et de la Zambie, Rachel Muller a les yeux qui pétillent et un large sourire quand elle évoque cette aventure.
Infirmière du travail au Grand-Duché depuis une vingtaine d’années, la Française, aujourd’hui âgée de 50 ans, a découvert l’ULM grâce à son mari il y a une dizaine d’années maintenant. «La vue d’en haut est complètement différente que quand on est au sol, explique-t-elle. Ici, j’adore voler au-dessus des champs de colza, de la neige en hiver, des feuilles rouges en automne…» Mais Rachel Muller, membre d’Aeroplume Luxembourg, veut voir d’autres paysages. «J’avais une envie, un besoin même, d’aller voler en Afrique. Cela venait du ventre. Ce n’était pas rationnel. Je voulais juste le faire.» Elle économise et prépare son aventure pendant deux ans. La logistique et le parcours, elle ne laisse rien au hasard. Certains proches ne comprennent pas, d’autres l’aident et la soutiennent dans sa préparation. En avril 2019, son ULM, «Mon petit bleu» comme elle l’appelle, est démonté avant d’être transporté en cargo en Namibie. Elle le rejoindra quelques jours plus tard. Et le 17 mai 2019, son aventure au-dessus de la Namibie, du Botswana et de la Zambie (aller-retour) commence.
Le voyage va durer six semaines. «J’ai vu d’en haut des sols que je n’avais jamais vus, des dunes rouges à perte de vue. J’ai terminé par les chutes Victoria en Zambie, c’était la cerise sur le gâteau, raconte-t-elle. Sur le plan du pilotage, j’ai aussi vécu des choses exceptionnelles, par exemple un atterrissage sur la piste de Bitterwasser (Namibie) qui est une étendue de sable avec six orientations possibles. Et j’ai fait des rencontres fantastiques, partout les gens m’ont aidée. Je peux vous parler par exemple de Catilla, une Botswanaise, avec qui j’ai passé deux soirées – une à l’aller et l’autre au retour – exceptionnelles. Notre complicité a été immédiate et mon admiration pour son courage aussi. Chaque jour a été, sur tous les plans, extraordinaire.»
«Une sensibilité et une profondeur»
Mais tout à une fin. Enfin pas vraiment. Fin juin 2019, l’aventure est terminée. Le «petit bleu» est déjà sur le chemin du retour, mais Rachel Muller reste en Namibie. «J’étais un peu désœuvrée, dit-elle. Et un jour, j’étais sur une plage. J’appelle ma fille Roxane et je lui demande si elle accepterait d’écrire un livre sur tout ça. Elle a dit oui tout de suite.» Une nouvelle aventure commence pour la mère et la fille. Rachel Muller termine son séjour en Namibie «en mettant au propre les notes» qu’elle avait prises quotidiennement.
«La rédaction du livre était assez complexe, avance Roxane Dupuy, la fille de Rachel Muller et l’auteure du roman. Lors de son incroyable voyage, ma mère m’envoyait des photos et nouvelles dès qu’elle avait du réseau. C’est assez difficile pour la famille de la savoir seule à l’autre bout du monde et devoir attendre toujours de ses nouvelles. À son retour, nous avons échangé régulièrement par e-mail ou conversations téléphoniques sur le journal de bord qu’elle avait pris soin de retranscrire quotidiennement. Ces notes ont été la base du récit. Pour moi, le plus compliqué était de m’y retrouver dans tout ce langage de pilote. “Mam’s” est toujours très technique et pointue quand il s’agit d’ULM. Cela peut devenir très vite confus pour un lecteur qui n’est pas du milieu. Il a fallu donc déjà dans un premier temps rendre le récit accessible. Pour enrichir la narration, on a regardé énormément de photos de son voyage ensemble. En immersion complète, dans les paysages de Namibie ou les vertigineuses chutes de Victoria. Tout cela a permis de donner une certaine sensibilité et profondeur à cette aventure.»
Le roman Au-dessus des déserts – Oser l’aventure est sorti en novembre 2020 (éditions de l’Officine; prix : 11,50 euros) et est disponible dans les librairies Ernster ou la Librairie des lycées notamment. Il raconte l’aventure de Claire (le prénom d’emprunt de Rachel – tous les prénoms ont été changés dans le roman) au jour le jour. «L’écriture du livre et sa sortie ont été une autre aventure, confie Rachel Muller. Pendant l’écriture du roman, j’ai vécu la relation avec ma fille d’une manière très intense. L’écriture a aussi été une façon de vivre encore ces paysages survolés et de me retrouver encore avec toutes les personnes merveilleuses que j’ai rencontrées. Et je voulais partager tout ça.»
Guillaume Chassaing