Fin 2014, l’État avait commandé une étude à Ernst & Young pour mieux promouvoir la notoriété des vins du pays. Les conclusions sont attendues le mois prochain.
C’est lors du verre de l’amitié offert à l’occasion de la nouvelle année, jeudi, que le directeur de l’Institut viti-vinicole Roby Ley, a dévoilé qu’enfin, l’audit d’EY allait bientôt être livré.
Si vous voulez fâcher un vigneron mosellan, il y a un sujet sur lequel vous êtes à peu près sûr de gagner à tous les coups : le marketing. Pendant de longues années, la promotion des vins luxembourgeois était à la charge de la Commission des vins et crémants, elle-même placée sous la coupe du Fonds de solidarité viticole. Or, dans la mesure où cette entité regroupe l’ensemble de la profession (coopérative, négociants et vignerons indépendants), il fallait faire preuve de talents de diplomate achevé pour mettre tout le monde d’accord. Bien souvent, les intérêts des uns n’étaient pas compatibles avec ceux des autres. Qui plus est, la mandature du président est brève. Un an ne suffit souvent pas pour concrétiser des projets.
« Nous nous rendions compte que cela coûtait chaque année plus cher et que les résultats n’étaient pas bons, puisque les ventes de vins luxembourgeois continuaient de baisser : cela ne servait à rien », explique Roby Ley, le directeur de l’Institut viti-vinicole, très concerné, puisque l’État finançait largement le Fonds de solidarité. Bref, l’affaire ne convainquait plus ceux qui y participaient. Une page devait se tourner.
Une étude qu’il a fallu attendre
Pour autant, aucun acteur de la Moselle viticole n’imaginait se retrouver sans un outil de communication commun. Il était donc question de mettre en œuvre une nouvelle stratégie. Oui, mais laquelle? Ernst & Young a été chargé de réaliser un audit pour la déterminer. « L’étude est aujourd’hui pratiquement terminée, avance Roby Ley. Les résultats seront livrés le mois prochain. » À vrai dire, il était temps, étant donné que les travaux ont débuté à l’issue des vendanges 2014.
« C’est vrai qu’il a fallu du temps », reconnaît le directeur de l’Institut viti-vinicole, qui donne deux raisons principales à cet état de fait. La première est la densité de l’étude qui va « très en détail ». La seconde est plus prosaïque : « Il a été très difficile d’organiser les réunions qui rassemblaient tous les vignerons. Ce n’est pas possible lors des vendanges, avant les fêtes de fin d’année… »
«Si tout le monde reste dans sa cave…»
Mais maintenant que tout est quasiment ficelé, Roby Ley assure que les efforts valaient la peine d’être faits et que les conclusions de l’étude sont « convaincantes et intéressantes ». S’il ne veut pas en dévoiler les orientations, il indique simplement que les travaux ont porté sur la situation du marché tout en offrant des solutions pour valoriser le travail des vignerons. « L’étude démontre quel marketing il faudrait appliquer, quels instruments il serait utile d’utiliser et quels marchés nous aurions intérêt à rechercher », souligne-t-il.
S’il explique que l’étude est intéressante, il prévient qu’elle ne servira à rien si elle n’est pas mise en œuvre. « J’espère qu’elle provoquera de gros changements, mais ce sera finalement aux vignerons de jouer le jeu, glisse-t-il. Si tout le monde reste dans sa cave sans chercher à améliorer la situation, les efforts consentis n’auront eu aucun intérêt. »
Roby Ley ajoute une nouvelle réserve : « Il est impératif que la qualité des vins soit irréprochable parce qu’au final, ce sont les consommateurs qui jugent et honorent les vins. » Si, globalement, on ne peut que noter un niveau général très intéressant, il assure néanmoins : « Il y a encore des progrès à faire. »
Erwan Nonet