La ministre de la Santé a fourni les derniers chiffres concernant le suicide dans le pays.

Le suicide est encore assurément tabou dans la société et les idées reçues à son encontre nombreuses. L’une des plus tenaces étant qu’en parler favoriserait les passages à l’acte, bien que la plupart des associations militent pour la prévention. Mais au Luxembourg, de quoi parle-t-on exactement ? Combien de personnes passent à l’acte ? Que font les institutions pour prévenir le suicide ? Ce sont les questions auxquelles a répondu le ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, interpellée par le député Marc Goergen.

Les dernières statistiques officielles européennes portent sur 2021, mais même si deux ans se sont écoulés par rapport à celles établies par le Luxembourg, elles sont néanmoins éclairantes. Alors qu’en l’Europe, le taux de décès par suicide pour 100 000 habitants s’élevait à 10,2, au Grand-Duché, en «2023, 48 décès dus à des blessures auto-infligées ont été enregistrés, soit un taux de 6,3 pour 100 000 habitants», explique la ministre.

Identifier les personnes les plus à risques pourrait être bénéfique, en termes de prévention. Selon Martine Duprez, les hommes se suicident davantage que les femmes (36 hommes contre 12 femmes en 2023). Les jeunes et les personnes âgées sont les plus vulnérables, mais être porteur d’un handicap, de maladies chroniques, mais aussi être pauvre ou isolé socialement sont des facteurs de vulnérabilité. Et donc, a contrario, la confiance en soi, les compétences sociales, les bonnes relations, et des perspectives de vie stable ont tendance à protéger du suicide.

La ministre revient ensuite sur quelques-unes des actions menées dans le cadre des actions du Plan national de prévention du suicide : 6 909 personnes ont été formées à la détection des signes de détresse psychologique et 134 événements ont été organisés lors de la Semaine de la santé Mentale en octobre 2024.

Elle rappelle enfin l’augmentation des places en psychiatrie juvénile de 10 lits (45 en 2024 contre 35 en 2018), sans oublier le remboursement des psychothérapies, qui a bénéficié à 14 589 personnes en 2024. L’impact réel sur le taux de suicide de toutes ces mesures devra être évalué sur le long terme.