Pro-Sud, le syndicat des onze communes du Sud, vient de publier ses «Indices Sud», un copieux document qui regroupe une foule de données permettant de mieux appréhender la région.
Dossier réalisé par Erwan Nonet
Les «Indices Sud» sont réalisés, en moyenne, tous les trois ans. Le dernier en date datant de 2014, et compte tenu du développement rapide de la région (arrivée de l’université…), il était l’heure d’en publier un nouveau. La somme est articulée autour de quatre thèmes principaux : la population, les entreprises, l’emploi résident et le chômage. Si ces pages contiennent l’essentiel des données, des digressions permettent également de faire le point sur le patrimoine naturel, la mobilité ou l’égalité des chances en fin de volume.
«Les Indices Sud permettent de poser un regard précis sur la situation actuelle et de mieux préparer le futur», souligne Dan Biancalana, bourgmestre de Dudelange et président de Pro-Sud. Grâce à ce gros travail, de nombreuses données provenant d’administrations et d’instituts divers sont réunies dans un seul ouvrage. «Je vois ce document comme l’opportunité de lancer des échanges et de mettre en place des synergies», ajoute-t-il.
Des indicateurs positifs
Tous ces chiffres et toutes ces cartes permettent de poser un œil neuf sur une région qui évolue sans doute plus vite qu’on le croit. «On le voit, ce développement est d’ailleurs positif», se félicite Dan Biancalana. Vrai que les indicateurs conduisent majoritairement vers l’optimisme.
Les communes, en tout cas, y trouveront un intérêt quasiment immédiat, puisque les «Indices Sud» ont été adaptés pour que les données concernant chaque commune puissent être immédiatement intégrées dans les études préparatoires des plans d’aménagement généraux (PAG). Il s’agissait d’une demande expresse des élus.
Emploi : il y a du mieux
L’an dernier, l’Adem s’occupait de 6 647 demandeurs d’emplois dans le Sud, ce qui représente 36,5 % des chômeurs du pays. Une proportion qui baisse significativement depuis 2010 (38,4 %). Les demandeurs d’emploi représentent aujourd’hui 9,5 % de la population active (7,5 % dans le pays). On note une grande disparité entre les différentes communes.
Esch-sur-Alzette est celle qui compte le taux de chômage le plus élevé (13,2 %). Elle est suivie de Differdange (11,4 %), Rumelange (11,2 %) et Pétange (11 %). A contrario, Käerjeng (5,9 %) et Mondercange (4,7 %) sont les villes les plus épargnées. La proportion de demandeurs d’emplois est beaucoup élevée chez les étrangers (4 738 chômeurs) que chez les Luxembourgeois (1 909).
Les personnes dont les niveaux de qualification sont peu élevés sont également spectaculairement surreprésentées : elles composent 63 % du nombre total de demandeurs d’emplois, soit 10 points de plus que la moyenne nationale.
Enfin, les personnes âgées de plus de 45 ans sont également plus nombreuses à rechercher un emploi. À Käerjeng, Schifflange et Dudelange, elles sont plus de 42 %.
La population augmente… mais vieillit
À l’image du pays, le dynamisme démographique du Sud est impressionnant. Au 2 janvier, les onze communes de Pro-Sud comptaient 166 932 habitants, soit 24 % de plus qu’il y a 16 ans. Ce rythme est toutefois légèrement inférieur à celui du Grand-Duché (28 %). «Il va toutefois s’accélérer, car plusieurs gros programmes immobiliers sont en cours», fait remarquer Isabelle Renoir, de Pro-Sud. Arboria à Differdange (1 600 habitants), Néischmelz à Dudelange (2 400 habitants) ou le futur développement des friches d’Esch-Schifflange sur 62 hectares en sont les exemples les plus représentatifs.
Cette population, toutefois, est vieillissante. Si l’âge médian était de 37 ans en 2001, il est passé à 39 ans aujourd’hui. Logiquement, la part des moins de 40 ans a baissé (de 44 à 41 %). Au sein de Pro-Sud, Mondercange et Käerjeng sont les villes les plus âgées (plus de 42 ans d’âge médian), alors que Differdange, Esch, Rumelange et Schifflange sont les plus jeunes (moins de 39 ans d’âge médian).
Sans surprise, la part des étrangers est en forte augmentation : elle est passée de 34 % à 45 % de la population entre 2011 et 2016. En 15 ans, l’accroissement du nombre d’étrangers (26 800 habitants supplémentaires) a même été 10 fois plus rapide que celui des Luxembourgeois (2 600) ! Deux communes sont même désormais majoritairement peuplées d’étrangers. Il s’agit d’Esch (56,6 % d’étrangers) et de Differdange (55,5 %). «Ces chiffres montrent que nous avons l’obligation de garantir et de développer la cohésion sociale. Les commissions d’intégration sont obligatoires, mais nous devons également soutenir les initiatives et les associations qui œuvrent dans ce sens», insiste Dan Biancalana.
Logement : les terrains sont à bâtir sont chers
Si l’on ne dispose pas d’un budget illimité, mieux vaut viser un logement existant qu’envisager de construire dans le Sud ! En effet, le prix au m² d’un appartement existant est de 4 000 euros (6 400 à Luxembourg). Pour un appartement en construction, comptez dépenser davantage 4 900 euros par m², soit 1 000 euros de moins que la moyenne nationale. Les maisons anciennes, elles, reviennent en moyenne à 493 000 euros dans le canton d’Esch (100 000 euros de moins que la moyenne nationale).
Mais signe que la demande est là et que les promoteurs sont à l’affût, ce sont les prix des terrains à bâtir qui enflent. Il faut désormais sortir 72 500 euros l’are, à peine moins que dans la capitale (80 000 euros). Le prix médian sur tout le territoire du Grand-Duché s’établit à 54 000 euros.
L’arrivée de l’université à Belval a logiquement permis de développer l’offre de logements réservés aux étudiants. Sur les 1 009 lits qui leur sont réservés, 743 se trouvent dans le Sud (74 %). Une proportion qui ne cessera pas d’augmenter.
Une économie qui se diversifie
Berceau de la sidérurgie, la région a su changer de siècle et son dynamisme économique est patent. En 2015, 6 016 entreprises possédaient leur siège social dans l’une des communes membres de Pro-Sud, soit 18,8 % des 32 000 sociétés du pays. Cet indicateur est en augmentation, puisque, en 2003, ce taux était de 16,9 %.
Il est intéressant de noter que les quatre principaux employeurs qui ont implanté leur siège social dans la région sont le centre hospitalier Émile-Mayrisch (1 930 employés), la Royal Bank of Canada (1 290), Husky (980) et le Luxembourg Institute of Science and Technology (550). On retrouve donc les secteurs de la santé, de la finance, de l’industrie et de la recherche. La mutation économique n’est vraiment pas un vain mot ici !
À noter que les employés d’ArcelorMittal ne sont pas repris ici, puisque le siège social du sidérurgiste se trouve à Luxembourg.
Le Sud est le deuxième bassin de population du pays. Les communes comptant le plus d’habitants sont Esch-sur-Alzette (34 400 habitants), Differdange (25 375), Dudelange (20 500), Pétange (18 200) et Sanem (16 113).
La densité de la région est élevée : 834 habitants au km² (contre 671 en 2001). La ville où l’on dénombre le plus d’habitants au mètre carré est Esch (2 395 habitants au km²), Käerjeng se trouvant à l’autre extrémité de l’échelle (305 hab./km²).
En politique, les femmes sont plutôt bien représentées
Les sièges des conseils municipaux des onze communes sont occupés à 26 % par des femmes, ce qui fait du Sud une terre plus vertueuse que le reste du pays en termes d’égalité des chances, puisque la moyenne nationale est de 23 %. D’ailleurs, entre 1999 et 2016, la représentation des femmes dans les conseils communaux a augmenté plus vite ici qu’ailleurs au Luxembourg.
Aujourd’hui, deux femmes sont bourgmestres (Vera Spautz à Esch et Christine Schweich à Mondercange), 8 sont échevines et 34 autres sont conseillères municipales.
En 2016, la Société nationale de circulation automobile (SNCA) avait comptabilisé 89 156 voitures dans le sud du pays. L’écrasante majorité roulait au diesel (63 %). Quant aux véhicules propres, il reste du chemin à parcourir… Les voitures électriques (0,08 %) et hybrides (0,5 %) ne sont guère que des exceptions !