Face à la crise sanitaire, l’École des parents se réinvente avec des interventions auprès des familles dans les aires de jeux et des groupes de discussion en ligne.
Avec un concept entièrement basé sur la rencontre et le travail en groupe, il est peu dire que les mesures anti-Covid en vigueur depuis plus d’un an ont donné du fil à retordre à l’École des parents. Pour poursuivre malgré tout sa mission de prévention et de soutien auprès des familles, la structure, qui compte six antennes à travers le pays, a dû imaginer de nouveaux modes d’intervention.
Car dès le début de la crise, au moment de la fermeture des écoles, il est impensable pour les neuf éducatrices de laisser les parents livrés à eux-mêmes face au défi titanesque du homeschooling : «On a tout de suite compris que ça allait être très dur», se souvient Jeannine Schumann, chargée de direction.
Très vite, elles organisent tout un réseau de distribution d’e-mails destinés aux parents, avec l’appui des crèches et maisons relais partenaires, et démarrent des discussions et conférences en ligne en soirée. Différents thèmes y sont abordés, en lien avec les conséquences du confinement sur l’éducation. Les retours ne tardent pas à affluer : «Beaucoup de familles se sentaient complètement dépassées. Celles avec plusieurs enfants scolarisés ne savaient plus où donner de la tête entre les différents plannings. Celles avec des adolescents rapportaient des difficultés à les tirer du lit ou à les faire décrocher des écrans. Les parents étaient démunis.»
Des mères pour la plupart. Car ce sont bien elles qui ont pris sur leurs épaules ce bouleversement sans précédent au sein du foyer. «Le Luxembourg n’est pas un exemple en matière de partage des tâches domestiques», note Jeannine Schumann. «Et avec le confinement, ça a empiré. Les femmes ont dû géré l’école à la maison des enfants, les courses, le ménage, tous les repas à préparer et parfois leur activité professionnelle.» Un cocktail avec tous les ingrédients pour déclencher un burn out parental.
Ce sujet a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses questions et témoignages auprès des éducatrices ces derniers mois. «Des femmes se trouvaient en détresse : elles ne comprenaient pas ce qui leur arrivait. Elles étaient épuisées et disaient ne plus ressentir aucun sentiment, même pour leurs enfants.»
«Un vrai travail de streetworker»
Pour éviter ces situations – au-delà d’une meilleure répartition des tâches entre conjoints, l’École donne quelques clés : «Trouver un moment pour soi est essentiel. Choisir une activité qu’on aime et qu’on va faire seule : une pause café avec une amie, une promenade en forêt, des épisodes de notre série préférée, etc. Et surtout, l’inscrire dans son planning. Cette parenthèse prévue sera d’un grand secours en période de stress, car on saura que ce moment arrive et qu’on va pouvoir respirer.» Ne pas attendre pour réagir et chercher de l’aide est également décisif, tout comme savoir dire non.
Après des mois d’e-mails et de cours «en visio», l’envie d’aller de nouveau à la rencontre des parents s’est fait plus pressante et l’idée de sortir l’École des parents de ses murs a finalement germé. «Depuis avril, nous sommes présentes dans certaines aires de jeux où l’on mène un vrai travail de streetworker. On approche les parents pour leur offrir du matériel ressource et pour lancer la conversation sur des sujets liés à l’éducation.»
Un complément aux sessions en ligne qui vont se poursuivre, vu leur succès, et même s’étoffer : «On est ravies de constater que ces cours plaisent beaucoup aux familles et nous permettent d’atteindre une population différente de nos bénéficiaires habituels», conclut Jeannine Schumann.
Les éducatrices sont actuellement présentes dans certaines aires de jeux de Luxembourg, Esch/Alzette, Diekirch, Junglinster, Clervaux, Echternach, Grevenmacher, ou Remich. Plus d’infos sur le site kannerschlass.lu, rubrique Eltereschoul Dobaussen. Et pour les dates et thèmes des prochaines conférences en ligne, rendez-vous à la rubrique Eltereschoul Agenda.
Christelle Brucker