Comment convaincre les entreprises que la troisième révolution industrielle est en route? Dudelange et Bettembourg s’y emploient en les fédérant autour d’un projet pilote.
Les accords de Paris conclus dans le cadre de la COP21 imposent une prise de conscience globale. À côté des particuliers, les entreprises ont évidemment un grand rôle à jouer pour réussir l’indispensable transition énergétique.
L’économie, cela passe aussi par la politique. Voilà pourquoi les communes de Dudelange et Bettembourg se sont alliées pour convaincre les entreprises présentes sur leur territoire de participer à un programme de développement des économies d’énergie et de développement durable. «Nous serons les premières communes du pays à lancer une telle initiative, a affirmé le bourgmestre dudelangeois, Dan Biancalana. Ce projet pilote est un pas nécessaire et décisif, car les enjeux valent la peine que l’on se retrousse les manches.»
L’initiative est prise par les deux communes dans le cadre du Pacte climat et du plan d’action du projet établi en collaboration avec myenergy et IMS (Inspiring More Sustainability, inspirer davantage de durabilité en français), association qui travaille avec une quinzaine de communes au Luxembourg.
Dès lundi, la trentaine d’entreprises représentées lors de la séance d’information a participé à un atelier qui a permis d’identifier leurs points forts et leurs faiblesses. Dès l’année prochaine, de nouveaux rendez-vous seront pris pour préparer les nouvelles orientations qui leur permettront d’entrer dans la troisième révolution industrielle. Enfin, la concrétisation des pistes validées sera entreprise entre 2018 et 2020.
Les réseaux d’entreprises, ça marche
Gilbert Théato, le directeur de myenergy, a précisé que les entreprises qui décideraient de suivre l’élan devront signer un mémorandum attestant leur bonne volonté. «Adhérer au projet ne coûte rien et il existe de nombreuses aides de l’État pour soutenir les investissements en matière d’économie d’énergie et de développement durable», a-t-il ajouté.
Si une telle démarche collective est nouvelle au Grand-Duché, d’autres expériences similaires ont été prises ailleurs. «Le réseau suisse Energie- Agentur fédère plus de 2 500 grandes entreprises et 1 000 PME. Entre 2013 et 2015, il a permis d’augmenter l’efficacité énergétique de 6 %» détaille-t-il. L’Allemagne compte, elle, 120 réseaux qui permettent des économies d’énergie de 2 % chaque année. L’Autriche ou la Belgique suivent le pas.
«En 2014, l’industrie a consommé 29 % de l’énergie au Luxembourg, contre 29 % pour les résidents et 42 % pour le tertiaire», a précisé Gilbert Théato.
Et la marge existe pour faire beaucoup mieux. «Des exemples de terrain permettent de constater que l’on peut dépenser 80 % d’énergie de moins sur l’éclairage, 60 % sur la ventilation, 40 % sur la production et les réseaux d’air comprimé ou 15 % sur la production et les réseaux de vapeur», a-t-il indiqué.
La secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, a rappelé que son ministère portait «une politique d’économie d’énergie offensive grâce à différents instruments qui permettent, au cas par cas, d’établir les stratégies les mieux adaptées pour chaque entreprise».
Erwan Nonet