Avec les crises sanitaire et climatique, le tourisme durable est devenu un enjeu majeur. Des labels mettent en valeur les établissements qui s’engagent dans cette direction.
Type de produits servis au petit-déjeuner, isolation du bâtiment, tri des déchets, type de papiers ou de produits d’entretien utilisés, sensibilisation du personnel et des clients au respect de l’environnement, utilisation ou non de pesticides… Nombreux sont les critères à remplir par les établissements touristiques pour montrer patte blanche en matière de gestion écologique, devenue un enjeu qui ne cesse de gagner en importance avec les crises sanitaire et climatique que nous traversons.
Pour guider les hôteliers désireux d’améliorer leurs performances en la matière et signaler ces établissements aux potentiels clients, deux labels reconnus récompensent les hôtels, campings, auberges de jeunesse et gîtes du pays qui se sont engagés dans des pratiques plus respectueuses de l’environnement : un label national, l’Ecolabel Luxembourg, et un label européen, l’Ecolabel européen, commun à tous les pays de l’UE.
Une association est là pour aider gratuitement les professionnels du secteur dans leur démarche de labellisation, qui induit souvent des changements d’envergure : l’Oekozenter Pafendall, un centre entièrement dédié au développement durable, qui propose des projets novateurs dans des domaines tels que l’agriculture ou la construction durable par exemple.
Visite des lieux suivie d’un rapport
Depuis plus de vingt ans, l’ASBL est mandatée par la direction du Tourisme pour coordonner l’Ecolabel Luxembourg, mis en place en 1999, et accompagner les établissements intéressés.
«Depuis peu, nous accompagnons aussi les établissements qui souhaitent obtenir l’Ecolabel européen», précise Isabelle Schummers, conseillère en environnement auprès d’Oekozenter Pafendall. «Nous visitons les lieux et leur remettons un rapport présentant les points à améliorer ou à mettre en place. Notre objectif, c’est que les établissements soient prêts pour l’audit et de les accompagner au mieux pour faciliter la démarche.»
Afin de simplifier au maximum le processus de labellisation, une nouvelle plateforme a récemment vu le jour : ecolabel.lu, qui présente de manière claire les deux labels (critères d’obtention, procédure, coût) mais permet aussi d’entamer les démarches à partir de la création d’un espace professionnel sur lequel peuvent être déposées des pièces jointes.
Des standards élevés
Les critères à remplir pour obtenir l’un ou l’autre des labels sont rigoureux et les standards sont élevés. Et les deux labels poursuivent un même objectif – une gestion plus durable des hébergements touristiques – et portent sur des thématiques similaires.
Il existe des différences dans l’approche ou le niveau d’exigence, comme le résume Isabelle Schummers : «L’Ecolabel européen certifie énormément de choses : papier, matelas, produits d’entretien, etc. Il a l’avantage d’exiger des critères identiques pour tous les pays européens. Il va aller loin dans le secteur de l’énergie par exemple. Tandis que l’Ecolabel national comporte plus de critères concernant les produits bios et régionaux ou les produits d’entretien, avec des critères obligatoires qui ne le sont pas dans le label européen. L’Ecolabel Luxembourg est plus exigeant au niveau des déchets également, car l’Ecolabel européen doit avoir des standards communs à toute l’Europe.»
«Au total, il y a 22 critères obligatoires et 45 critères facultatifs dans l’Ecolabel européen et 52 critères obligatoires et 96 critères facultatifs dans l’Ecolabel Luxembourg», poursuit la conseillère en environnement.
«La reconnaissance internationale devient de plus en plus importante»
C’est un comité de coordination composé de représentants des différents secteurs de l’hébergement (afin de «garantir l’indépendance et la neutralité du label»), qui décide des grandes orientations du label national, tandis qu’un auditeur externe indépendant se charge de vérifier la bonne application des différents critères. Pour une demande de label européen, c’est l’administration de l’Environnement qui traite le dossier et visite le site.
Un seul établissement au Grand-Duché possède à ce jour l’Ecolabel européen (voir encadré). Pourtant, «la reconnaissance internationale devient de plus en plus importante, notamment dans le monde des affaires. Disposer du label européen peut ainsi être un atout supplémentaire important, comme le montrent les exemples dans d’autres pays», avaient averti les ministres Carole Dieschbourg (Environnement) et Lex Delles (Tourisme) en début de mois, lors de la présentation des nouveautés de l’Ecolabel.
Dans les deux cas, le label est renouvelable tous les 3 ans, après audit. Tous deux sont aussi basés sur un label autrichien, le premier du genre à avoir été mis en place. «Mais pour le label national, nous avons plusieurs sources d’influence afin de devancer ce que la loi imposera», explique Isabelle Schummers.
Rester à la pointe
Examen des grands labels internationaux et nationaux reconnus et de qualité (comme celui de la SuperDrecksKëscht), consultation d’experts en construction durable, énergie ou politique climatique (de l’Oekozenter ou d’ailleurs) et d’ASBL spécialisées, analyse des retours des fédérations d’hébergement et des divers audits, étude des nouveautés émergeant dans le domaine de l’environnement et des initiatives en la matière lancées au Luxembourg… Le champ d’investigation est vaste pour rester à la pointe!
L’Ecolabel est ainsi régulièrement passé en revue. Mais il a récemment subi un grand ménage de printemps, la crise du Covid aidant, doublée d’une volonté de s’accorder un peu plus encore avec le label européen.
«Le label propose désormais des critères en accord avec les dernières innovations en matière d’environnement, une structure modernisée et une meilleure juxtaposition avec la classification hôtelière. Le système d’évaluation révisé est quant à lui plus flexible et adapté aux différents types d’hébergement», signale Isabelle Schummers.
Mais cette labellisation amène-t-elle plus de clients? Pas nécessairement, mais c’est un atout indéniable, estime Isabelle Schummers : «Les sondages prouvent que les clients trouvent ce critère important. Toutefois, dans la pratique, ils ne vont pas forcément se diriger vers un établissement labellisé, car d’autres critères priment : la logistique (où se situe l’hôtel) ou le coût par exemple. Il n’y a pas encore assez d’établissements labellisés. Par contre, la labellisation augmente la satisfaction du client et devient peu à peu un standard.»
Pour la conseillère en environnement, une «ecolabellisation» est donc une démarche essentielle pour les hôteliers qui souhaitent conserver leurs clients : «Lorsqu’un client se rend dans un 5 étoiles, il s’attend à ne pas voir du plastique partout et avoir des produits régionaux sur la carte. Et, comme dans beaucoup d’autres secteurs, le développement durable est devenu encore plus présent depuis la crise.»
Tatiana Salvan
Les Ecolabels en chiffres
L’Ecolabel national coûte 74 euros. Un prix unique, qui n’est à payer qu’une seule fois.
Le prix de l’Ecolabel européen, lui, dépend de la taille de l’établissement. Il coûte ainsi 250 euros pour les entreprises de 1 à 10 employés (à temps plein); 500 euros pour celles comptant de 11 à 250 employés et 1 000 euros pour celles de plus de 250 employés. Si l’inscription à l’Ecolabel européen n’est à payer qu’une seule fois, les hôteliers devront en revanche payer la moitié de cette somme initiale à chaque nouvel audit (tous les 3 ans).
Sur les 79 campings et 224 hôtels, auberges et pensions que comptent le Luxembourg, 42 établissements possèdent l’Ecolabel national (14 hôtels, 12 campings, 1 gîte et 15 hébergements de groupe, dont des auberges de jeunesse). Un seul établissement est doté du label européen (et possède également le label luxembourgeois) : le camping Toodlermillen à Tadler.